• Grâce à la sagacité de Marc Galan, nous connaissons enfin toute la vérité sur l’affaire du roman écrit sur un portable, du moins concernant les chiffres de vente mirobolants annoncés sur le site Rue 89. Visiblement le journaliste, emporté par un enthousiasme bien pardonnable, a confondu le classement dudit roman et le nombre d’exemplaires écoulés. Ce qui nous ramène à une réalité nettement moins glorieuse : le livre, vendu à une vingtaine d’exemplaires (on arrondit), arrive en dix-neuf millième position (à peu près) parmi les quelques dizaines de milliers d’ouvrages proposés.

    Plutôt que de ricaner bêtement (je viens juste d’arrêter), réfléchissons un peu : puisque la moyenne des ventes sur le site est de 2, une vingtaine de bouquins, c’est déjà tout à fait honorable. Et puis il y a une chose qu’on ne peut pas lui enlever, à Roberto : à moins d’une révélation de dernière minute, son roman, il l’a quand même bien écrit sur un téléphone portable !
    Alors moi je dis : Roberto, chapeau ! 
    Ne lisant pas l’italien, ni dans le texte ni ailleurs, je ne lirais donc pas votre roman. Doutant que durant les 50 prochaines années un traducteur digne de ce nom daigne se pencher sur votre œuvre, je ne lirais pas votre roman, jamais. 
    Mais est-ce si grave ? Le seul fait de penser que vous existiez, fier et courageux petit Roberto, suffit à m’emplir de bonheur. Je vous imagine, assis sur votre banquette de train, tout occupé à taper vos phrases à l'aide de vos doigts gourds, et ça pendant 17 semaines, tous les jours (sauf les week-end).
    Décidemment, vous êtes un exemple et un espoir pour tous les auteurs en devenir. Ainsi, l’imagination qui leur fait parfois cruellement défaut pour construire une histoire trouvera sans doute mieux à s’employer dans la recherche d’un lieu incongru pour la rédiger. Le reste ne sera que formalité.
    Et dans un futur que j’espère proche, nous pourrons enfin nous écrier : « Qu’importe l’ivresse, pourvu qu’on ait le flacon » !

     

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    Prochainement, les oeuvres complètes de Roberto
     disponibles dans la Pléiade

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  • A la vue des statistiques de fréquentation qui s'écroulent régulièrement en période de week-end, nous en concluons que les personnes qui fréquentent ce blog sont, outre de futurs auteurs talentueux, de petits polissons qui surfent sans vergogne pendant les heures de travail. Soyez toutefois rassurés : loin de moi l’idée d’aller les dénoncer à leur responsable hiérarchique que je ne connais pas et dont la société ne me dit rien qui vaille particulièrement. Plus simplement, cela me fait penser à cette nouvelle lue aujourd’hui sur rue89 : un Italien a mis à profit le temps de trajet pour se rendre à son travail afin d’écrire un roman de science-fiction. A l’arrivée la chose, écrite sur un mobile durant 17 semaines, ne compte pas moins de 317 pages. Jusque-là, pas de quoi s’émouvoir, si ce n’est de l’incroyable abnégation qu’il a fallu pour taper ces milliers de signes sur un clavier mesurant à peine quelques centimètres carrés. Cela devient plus étonnant lorsque l’on sait que le roman en question, publié sur lulu.com, s’est écoulé à plus de 19 000 exemplaires… Chiffre faramineux puisque les ventes moyennes pour un ouvrage tournent autour de…2. S’agit-il d’une habile campagne de pub orchestrée par le site ? Difficile de le savoir en l’état actuel des choses. Car enfin, qu’est-ce qui a bien pu pousser tous ces gens à acquérir ce livre ? Le fait qu’il ait été écrit dans les transports en commun ? Comme gage de qualité, on peut trouver mieux… Et comment s’est organisé le buzz autour de cette histoire ? On se perd en conjectures… Cependant, si cette information s’avère exacte et totalement dénuée d’arrière-pensées manipulatrices, il faut bien avouer que cela pourrait faire des émules auprès des auteurs en devenir. En effet, pourquoi ne pas écrire votre roman en nettoyant la vaisselle, ou en conduisant votre voiture ? Ou tout bêtement durant votre travail, suivant en cela la technique appliquée avec le succès que l’on sait par Boris Vian pour L’écume des jours ? Cela ouvre des perspectives, n’est-il pas ? D’autant que, selon toute évidence, le lecteur semble se ficher pas mal du contenu. Nous attendons donc avec une grande impatience le livre qui sera vendu orné d’un joli bandeau rouge avec écrit dessus en lettre blanche : « Ecrit dans les WC ».


    La nouvelle villa Médicis

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  • Eh oui : tout arrive, il suffit d'y croire. Par quel mystère cet auteur estampillé "Bénévent" (éditeur un peu trouble, pour rester gentil) se retrouve à parler de son recueil de nouvelles à la télé, on ne sait. Bon, d'accord, il s'agit de LCM (?), bon d'accord, c'est l'après-midi, mais quand même : chapeau !
    On sent que Didier Dusserre, au demeurant fort sympathique, ne doit pas posséder une grande expérience de la caméra, mais cela contribue à rendre l'exercice d'autant plus méritoire.
    Si vous aussi vous avez été interviewé (peu importe où : foire aux vins, salon agricole, micro-trottoir), n'hésitez pas à nous transmettre le fichier, nou nous ferons un plaisir d'en faire la publicité.

     

    Note : Ce post inaugure une nouvelle catégorie sur le blog : les vidéos littéraires. Pour accéder à l'ensemble de ces vidéos, il vous suffira de cliquer dans la colonne de droite sur... "vidéos littéraires", oui, bravo.

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  • Je suppose que si vous lisez ce blog, c’est que (outre votre volonté farouche de devenir un grand romancier grâce à quelques conseils avisés) votre vie sociale est réduite à sa plus simple expression et que la presse quotidienne ne s’émeut guère de votre petite existence (sauf le jour où vous cambriolerez une banque). Il est donc fort à parier que vous ne faites pas partie de la caste aussi médiatisée que lucrative des « fils de » ou « fille de ».  Et que par conséquent ce post ne vous concerne d'aucune manière.

    Pour autant, vous êtes autorisé à en lire la suite (ne me remerciez pas). En général, quand on est « fils/fille de » et que l’on a quelque velléité d’écriture, on ne met pas bien longtemps à se faire publier. C’est le cas, entre autres, de la bien-nommée Mazarine Pingeot, progéniture longtemps cachée de François Mitterand, qui commet régulièrement des petits romans inoffensifs mettant en joie son éditeur , non pas leur qualité mais par leurs chiffres de vente tout à fait raisonnables. Serait-il possible de vendre encore plus ? Bien sûr, en couplant un nom connu avec un fait divers récent, en l’occurrence l’affaire Courjault, du nom de cette brave femme qui a cru bon de mettre ses bébés au frais dans le congélateur. On notera la réactivité tout à fait hors norme de Mazarine pour s’emparer de cette histoire et en tirer une fiction. En quelques mois, le manuscrit était bouclé : c’est ce qu’on appelle avoir de l’inspiration. Cela dit, c’est son droit le plus strict, d’autant que, d’après les quelques personnes « autorisées » qui ont lu la chose, de nombreux éléments s’écartent de la trame originale. Mais pour que la manœuvre soit finalement vraiment rentable, il est nécessaire de créer la polémique, voire dans le meilleur des cas un petit scandale. Ca, c’est le rôle de l’éditeur et de son service communication, qui vont s’ingénier à semer le doute sur la filiation réelle ou supposée entre la réalité et la fiction. Par exemple, dans l’argumentaire envoyé récemment aux journalistes, on trouve en conclusion cette phrase : « Fiction ou fait divers ? Pari risqué, pari réussi ». Ensuite, il n’y plus qu’à attendre que le petit landernau littéraire se mette en branle, puis que la nouvelle se propage auprès du grand public, et qu’in fine les personnes concernées par ce fait divers réagissent par voie de presse, finissant ainsi par lui octroyer un caractère exceptionnel qu'il était loin de mériter.   C’est aujourd’hui chose faite, avec le lancement d’une pétition initiée par la famille Courjault, qui entend s’opposer à la publication du roman, prévue le 20 août. Et l’on parle déjà de procès, qui si tout va bien devrait se dérouler bien après la sortie du livre… En littérature, plus un roman est attaqué et plus il se vend, et ce faisant, les Courjault - innocents engrenages de la machine à faire du bruit pour rien - ne réalisent sans doute pas qu’ils sont les meilleurs propagandistes de Julliard, auquel ils font –cerise sur le gâteau –économiser une coquette somme d’argent en campagne publicitaire. Mais gageons que ce petit pactole habilement épargné servira à subventionner la découverte de nouveaux auteurs…

     
    Mazarine a-t-elle envoyé son premier roman
     par laposte ou l'a-t-elle déposé à l'accueil 
    pour économiser les frais de timbre ?

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