• Installé à mon bureau depuis 8h30, je n’ai toujours pas le début de l’ombre d’une vague trame qui me permettrait enfin d’écrire la première phrase du grand roman que je porte en moi. Car c’est une certitude, il est en moi, mais je ne sais pas où précisément. Taquin, il m’accompagne dans tous mes déplacements, mais se refuse à montrer le bout de son nez. Par exemple, ce matin dans la cuisine, il était là quand j’ai préparé mon cacao. Et quand je suis retourné m’asseoir, il était toujours là, naviguant probablement entre mes pieds et le sommet de mon crâne. Si seulement Dame Inspiration pouvait me rendre visite, ce serait tout de suite plus facile pour le débusquer. Mais elle doit sans doute à l’heure qu’il est se tartiner d’huile d’olive pure sur une quelconque plage de la Costa Brava Tout cela est décidemment très énervant D’ailleurs, je m’énerve: je lève les bras et je crie :

    « Où es-tu, Dame Inspiration ? »

    .Pour toute réponse, on toque à la porte du bas. J’ose à peine y croire… Serait-ce Elle ? Je me penche à la fenêtre de mon bureau et j’aperçois en contrebas l’espèce de salade grisâtre qui tient lieu de chevelure à Madame Caillaux.

    L’effet est saisissant.

    Avec son index recroquevillé, elle toque une nouvelle fois :

    « Monsieur Chabossot ? Vous êtes là ? ».

    Je me retranche précipitamment de ma position comme un Bernard-l’Hermite effrayé par un mérou et, le dos collé au mur, hors de vue de qui que ce soit dans cet univers et ses alentours proches, je retiens ma respiration.

    « Monsieur Chabossot ? J’ai croisé votre frère qui m'a affirmé que vous étiez chez vous… Je suis à deux doigts d’être inquiète, sachez-le ».

    Je décide de descendre lorsqu’elle remplace son index recroquevillé par la crosse de son parapluie.

    En désespoir de cause, je la reçois dans la cuisine tout en me tamponnant l’œil gauche avec un gant de toilette humide (le dernier coup de parapluie a hélas raté sa cible initiale). Sous prétexte qu’elle a été durant les années 50 trésorière de la section locale de la Croix Rouge, elle insiste pour s’occuper de mon œil endolori, mais je refuse avec la dernière énergie, et lui accorde 5 minutes, pas plus, pour m’exposer son problème.

    - Voilà, Monsieur Chabossot, c’est rapport à mon roman. Vous vous souvenez sans doute que mes héros doivent se rendre sur la planète Colthègor, située non loin de Neptune

    - Cela fait partie des choses que l’on n’oublie pas, Madame Caillaux.

    - Vous vous souvenez également que la fusée qu’ils empruntent fonctionne au butane. Aussi, je me demandais, combien de temps sera nécessaire pour atteindre Colthègor, sachant d’une part qu’il y a 4 millions et 650 milles kilomètres entre la terre et Neptune, et d’autre part que le butane n’est pas nécessairement le carburant le plus performant pour ce genre d’entreprise ?

    Tout en la guidant habilement vers la porte de sortie, je lui conseille de changer soit de planète, soit de moyen de transport car dans l’état actuel des choses, ses héros seront tous réduits en cendres avant même d’avoir posé le pied sur Colthégor, ce qui serait – j’ajoute - fort préjudiciable, non seulement pour eux, mais aussi pour l’histoire de la littérature à venir.

    Sur ces quelques mots affables,je tente de refermer la porte derrière Madame Caillaux  mais la bougresse qui n’est pas née de la dernière pluie , a plus d’un tour dans son sac, et en tant que vieux singe, ce n’est pas à elle qu’on va apprendre à faire des grimaces : elle coince son pied dans l'entrebâillement et continue de pérorer.

    « Que pensez-vous du méthanol ? Ou de l’hydrogène liquide, plutôt ? En tout cas, pas de gas-oil, au prix où il est ! »

    Mon regard, plus précisément la moitié de mon regard, se perd dans l'horizon lointain constitué essentiellement de pavillons de banlieue en meulière ou briquettes rouges. C'est là que j'aperçois la masse imposante de Théophraste qui ondule sur le trottoir, les bras chargés d'un volumineux carton. Il finit par arriver devant le perron, tout essoufflé, rougeaux et brillant de sueur, un sourire de satisfaction béate accroché à ses grosses lèvres caoutchouteuses.

    "Je te présente Romuald "dit-il en soulevant le couvercle du carton avec des airs de conspirateur d'opérette. Le susmentionné Romuald, une sorte de rat géant à tête de castor dégénéré, tout à fait répugnant dans son ensemble, s'extirpe de sa prison comme un diable de sa boîte et entreprend aussitôt de labourer le jardin en effectuant des huit dans tous les sens.

    - Il est mignon, n'est-ce pas ? me dit Théophraste en me regardant avec cette expression stupide qu'arborent les pères dans les maternités. Madame Caillaux qui depuis l'exhibition du curieux animal est restée muette, décide enfin de s'exprimer. Elle hurle tout d'abord puis prend ses petites jambes malingres à son cou décharné, direction le portail. Ignorant superbement l'effroi de la veille femme, Théophraste n'a d'yeux que pour son nouvel ami : "Romuald ! Romuald ! Viens ici mon pépère!" Le monstre, tout a son travail de destruction, semble tout à fait sourd aux injonctions de son maître.

    "C'est normal, précise mon frère d'un ton docte, il n'est pas encore habitué à son prénom".

    Je préfère m'abstenir de tout commentaire, retourne dans mon bureau et m'assois devant ma feuille toujours aussi immaculée. Encore une journée de fichue, j'en ai peur.

     

    Là devrait se trouver une réflexion profonde sur l’existence, mais rien à faire, je ne trouve pas.

     

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  • Lundi 28 juillet

     

    Après une nuit agitée (les moustiques sont revenus avec la chaleur et j’ai encore oublié d’acheter une bombe. J’ai donc dû exterminer à la main les trois spécimens extrêmement pugnaces et belliqueux qui batifolaient sournoisement dans l’espace aérien de ma chambre, et ce jusqu’à une heure indue), je me léve à 8h15, puis après un bon bol de cacao, je m’installe à mon bureau dans le but d’y écrire un nouveau roman (la rentrée littéraire est pour bien tôt, et il est grand temps que je me mette au travail).

    Sur les coups de 10 heures, alors que j’entame mon troisième crayon à papier (avec les dents) mon frère Théophraste passe sa grosse tête molle d’indigent intellectuel par l’entrebâillement de la porte. Une grande ligne profonde lui barre le front, ses yeux éprouvent la plus grande peine à se fixer sur un point précis : il est manifestement soucieux.

    -         Aloysius, je suis allé sur les statistiques du blog tout à l’heure. Les chiffres sont alarmants. Les internautes quittent le navire et pour te dire les choses crûment, on n’est pas loin du naufrage. Et les recettes publicitaires vont suivre le même chemin, fatalement. Il faut se ressaisir, Aloysius, mettre des photos d’Amélie Nothomb ou de Marguerite Yourcenar nues, trouver un truc pour remonter la pente sinon on fonce droit dans le mur !

    Je l’interromps d’un signe de la main et l’informe dans la foulée que le blog ne contient plus aucune publicité depuis des mois, en conséquence de quoi il est devenu bien illusoire d’en attendre un quelconque revenu. La tête toujours coincée dans l’entrebâillement de la porte, il digère lentement la nouvelle. Le silence s’installe à nouveau, je peux enfin reprendre le machouillage de mon crayon, mais la trêve s’avère de courte durée.

    -         Aloysius…

    -         Quoi encore ?

    -         Si on achetait un petit animal de compagnie ? Je m’ennuie ici, et ça m’occuperait bien de remplir sa gamelle et de caresser son doux pelage, ou son plumage, je ne sais pas encore. Et puis je lui enseignerai des tours et si j’ai le courage je lui apprendrai à parler et les télévisions japonaises feraient la queue devant le pavillon pour le filmer et je…

    -         Fais ce que tu veux, mais fiche moi la paix, j’ai un roman à écrire.

    La porte se referme aussitôt, mais il est trop tard, l’apparition inopinée de mon frère a eu raison de ma concentration. De rage je jette mon crayon à moitié mâché dans la corbeille à papier et décide pour me calmer un peu d’aller acheter une livre de carottes chez M. Evrard, l’épicier.

    En chemin, je tombe sur Mme Caillaux, qui a entreprit il y a quelques années d’écrire un roman de science fiction. Cette opulente épopée, prévue en plusieurs volumes a pour objectif de raconter les aventures d’une poignée de pionniers embarquées dans une fusée carburant au butane en partance pour Cothégor, une planète de couleur lie de vin issue de l’imagination détraquée de Mme Caillaux et située juste à droite de Neptune. Pour l’instant, sa bande d’aventuriers remplit les formalités d’aéroport. Il faut dire qu’elle n’en n’est qu’à la page 4. Peu importe. Ce qui m’importe en revanche, c’est que Mme  Caillaux ne cesse de me demander des conseils sur la marche à suivre pour mener à bien sa mission, qui n’est pas de rejoindre Colthégor mais de pondre ses ineptes billevesées manuscrites. Détail aggravant : les effrayantes œillades de diplodocus énamouré qu’elle me lance en me parlant de son projet. Pris au dépourvu, je mime une extinction de voix et rentre chez moi à toutes jambes, sans avoir acheté mes carottes.

     

    Là devrait se trouver une réflexion profonde sur l’existence, mais je n’ai rien trouvé qui n’est déjà été dit, et de manière bien plus gracieuse.

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  • Dans la série « Ecrire de la littérature de qualité en s’inspirant des grands textes fondateurs de la variété française», nous allons aujourd’hui tout particulièrement nous pencher sur le délicat problème de la concision. En effet, quel écrivain en devenir n’a pas rêvé de produire un jour, en lieu et place de sa logorrhée habituelle, des phrases simples, carrées, dépourvues de fioritures et qui vont directement au but ? Qui n’a pas un instant caressé le doux rêve de devenir le Ernest Hemingway breton, le Raymond Carver picard ou le James Cain ariégeois (en fonction de son lieu d’habitation) ?
    Oui, mais comment procéder ?
    Ca n'a pas l'air facile, on dirait.
    Heureusement, Jean -François Maurice est là.

    En guise de démonstration, et dans un premier temps, nous vous présentons ci-dessous une histoire toute simple, telle qu'elle serait probablement racontée par un auteur en devenir plus ou moins débutant.


    Quand je coupe le moteur , le thermo de la Laguna affiche ses 55° au compteur. Ca doit faire à l'aise du 28 degrés à l'ombre, ça. Une heure ! Une heure qu'on a tourné comme des mouches dans cette putain de principauté monégasque rien que pour trouver une place. Un caprice d'Agnès, encore. "Allez, on va à Monaco, parait que c'est trop beau, le rocher, les immeubles, la plage !"
    En descendant vers la mer, nos tongs fondent à moitié sur le bitume tellement le soleil cogne sans distinction. C'est trop ! Sur la plage, on voit même pas le sable tellement il y a de serviettes avec des corps luisants de toutes les formes couchés dessus, des parasols bigarrés qui font au loin comme des boutons sur une peau pas saine. Je regarde Agnès avec mon air de coker. "Allez c'est pas grave, on est seuls au monde puisqu'on s'aime, tous les deux !". Je m'accroche à cette idée de toutes mes forces en marchant comme un funambule entre les serviettes, au milieu des râleries de ceux qui étaient là avant... Plus de place ! C'est complet ! Comme le métro aux bonnes heures, quoi.
    On finit par trouver un lopin de sable ridicule où on s'échoue, pauvres naufragés à bout de force. Je m'étale sur ma serviette chichement déployée et ma tête va se coller aux pieds d'un gros allemand écrevisse juste derrière moi. Je jette un oeil à Agnès, elle ferme un peu les yeux, le soleil est si haut. Elle est drôlement appétissante avec son petit maillot de bain acheté en solde chez Etam. J'oublie toutes les paires d'yeux qui doivent nous mater à ce moment précis et je caresse ses jambes...  On dirait que mes mains brûlent sa peau, ça fait bizarre... Je dis : "Agnès, Agnès..." mais elle me coupe en posant son index sur ma bouche puis elle me sort "Ne dis rien, embrasse-moi quand tu voudras, je suis bien, l'amour est à côté de toi". Je sais pas trop ce qu'elle veut dire par là, mais elle a raison sur un point : on est bien. Si seulement le teuton juste derrière pouvait arrêter de prendre mon crâne pour un paillasson, ça serait parfait. Tranquille, je m'allume un clope et souffle la fumée vers l'azur. Ca râle tout autour : empoisonneur, pollueur, y'a des enfants ici ! Ils commencent à me gonfler tous autant qu'ils sont ! J'écrase mon mégot dans le sable bouillant et sans transition j'embrasse Agnès à pleine bouche. "C'est dingue, je lui dis, tes lèvres ont le goût d'un fruit sauvage, parole !"
    - Et toi t'embrasses comme un cendrier froid !
    J'apprécie pas trop la comparaison, vengeance ! Et je lui grimpe dessus, en tout bien tout honneur, juste histoire de taquiner un peu.
    - Oh oh ! On dirait que l'amour est au-dessus de moi !
    Je comprends enfin cette histoire d'amour à côté puis maintenant au dessus ! Tout ça m'excite drôlement, faut bien avouer ! J'accentue le frotti-frotta, je fourre mon nez dans ses cheveux blonds qui font comme une vague qui m'emporte déjà. Le mercure continue de grimper et on commence à vraiment bien s'amuser quand une main s'abat sur mon épaule. Je me retourne : deux types en costume de flics monégasques, ray-ban sur le nez me pointent leur index sur le crâne : "Vous vous croyez où ?". L'autre attend même pas la réponse, de sa poche arrière de pantalon il sort une souche de pv de , un crayon qu'il humecte d'un coup de langue salace : "Nom, prénom, profession...".
    L'amour est au-dessus de moi...

    ***

    Voici à présent et en musique la même histoire, racontée par Jean François Maurice, maître de l'esquive narrative, virtuose de l'ellipse s'il en est .On admirera avec quelle aisance il élude les détails triviaux et les digressions sans intérêt pour ne garder que la quintessence romanesque de cet épisode monégasque :



    Un minimum de mots pour un maximum d'émotions :
    JF Maurice, le Coca Zero du style
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  • Il existe actuellement une émission de télé réalité qui mérite toute l'attention des apprentis écrivains. Il s'agit de "L'amour est dans le pré", produite et diffusée par l'amie de la culture et des Arts, M6 (ne pas confondre avec M6, le roi du Maroc Mohammed 6 que ses copains appellent ainsi pour le taquiner).
    Voici un extrait du concept pondu par la chaîne : "Ils vivent dans les plus belles régions de France, ils ont entre 25 et 48 ans, ils sont viticulteurs, céréaliers, éleveurs de chèvres ou de vaches, Pour L’Amour est dans le pré, dix agriculteurs ont accepté de se dévoiler pour trouver l’âme-sœur."
    Bon, je reprends la main pour aller plus vite : chaque agriculteur va choisir (sur photo/CV) deux prétendantes qui viendront passer quelques jours à la ferme. Sur place une lutte à morts va vite s'engager entre les concurrentes afin de gagner les faveurs de notre ami fermier : c'est à celle qui sera la plus sympa, la plus drôle, la plus aguicheuse, et surtout la plus apte à traire les vaches sans en foutre partout. Jusque-là, rien de bien excitant pour l'auteur en devenir à la recherche de sujet. Mais attendez donc un peu, jeunes impatients ! Car aux milieux de ces histoires somme toute banales et répétitives se cache une véritable mine d'inspiration. Imaginez trois personnes : Cécile, cultivatrice de piments et éleveuse de chèvre, carrure de catcheuse, amabilité réduite au minimum syndical, une dure au mal qui ne vit que pour son travail. En face, les deux prétendants Yves et Georges.

    Le premier se proclame apiculteur, mais on se dit qu'avec l'énergie qu'il déploie en toutes circonstances, sa production doit avoisiner le demi-pot de miel par an. Yves est un poète, un vrai, qui refuse de se servir d'un micro-ondes et préfère manger des glands et des racines plutôt que de fouler le sol d'un supermarché. Yves n'a évidemment aucun succès auprès de Cécile, tant leur conception du monde semble diamétralement opposée. (Cécile ne mange que des plats surgelés). Circonstance aggravante : notre ami s'avère incapable d'arracher un bâton fiché en terre alors que dans le même temps la campagnarde, flanquée de ce fayot de Georges, en déplantent des dizaines comme qui rigole. Parlons de Georges justement. On ne sait pas trop d'où il sort, mais une chose est sûre : archi-motivé pour venir vivre à la ferme, il est prêt à toutes les flagorneries pour entrer dans les bonnes grâces du maître des lieux : systématiquement d'accord avec ce que dit Cécile, il ne rate pas une occasion de dénigrer - discrètement mais sans appel - les positions extrémistes-écolo de son concurrent. Pour se faire bien voir, il pousse le vice jusqu'à exhiber dès qu'il en a l'occasion un gros livre sur les chèvres qui sont, ne cesse-t-il de répéter, "sa grande passion". Manœuvres qui laissent hélas de marbre notre paysanne acariâtre, tant elle semble en permanence accablée par la présence inopportune de ces deux dégourdis.
    D'un point de vue strictement "humain", on ne pourrait que compatir à son désarroi si l'on acceptait d'oublier toutefois que personne ne l'a obligée à participer à ce jeu de dupe. Mais passons. Car toute cette histoire revêt un tout autre intérêt dès lors qu'on veut bien la considérer sous l'angle des "techniques fictionnelles". Nous sommes effectivement en présence de 3 personnages qui de part leurs antagonismes même fonctionnent parfaitement. Le schéma de départ est connu : un Auguste, Yves, qui ne cesse de commettre des bêtises, soit par la parole, soit par les actes ; un clown blanc, Cécile, qui en manifestant sa désapprobation contribue à mettre en valeur les bévues d'Yves. Et un troisième personnage, intermédiaire, qui par sa position de "Monsieur Oui Oui" amplifie le potentiel comique de chaque situation. A ce titre, la discussion sur le thème de l'amour (qui se déroule autour d'une assiette de pâtes à la béchamel, préparée par Yves, avec des grumeaux gros comme des balles de ping-pong) est éloquente : Cécile demande à Yves sa définition de l'amour. "C'est les sentiments, et le sexe" répond notre ami avec un large sourire de grand timide qu'on a toutes les peines du monde à interpréter comme égrillard. Cécile, comme on s'y attendait, n'est absolument pas d'accord et déroule pour le prouver la démonstration suivante, tout à fait imparable : elle aime son chien d'amour, et pourtant elle ne fait pas de sexe avec lui, alors, hein, qu'est-ce que tu réponds à ça ? Yves se contente de sourire, et on voit bien dans le regard de la rude fermière qu'il vient définitivement de rejoindre la clique des hommes de Néandertal obsédés sexuel. Tandis que celui-ci continue d’arborer le même sourire impénétrable, elle demande le point de vue de Georges, qui s'empresse alors de répéter le discours de Cécile, en essayant toutefois de changer quelques mots pour éviter une paraphrase trop intempestive. Cécile qui ne tombe évidemment pas dans le piège grossier tendu par le machiavélique Gilles, décide dans un soupir que ça suffit pour aujourd'hui et monte se coucher.

    Bien sûr, la vision de ces trois-là fait rire, mais il n'y a pas que ça : ce sont trois solitudes qui s'affrontent sans jamais se rencontrer, et on devine que finalement, personne parmi ces personnages ne sortira gagnant d'un jeu pipé dès le départ - celui de M6, bien sûr, mais plus largement, celui que leur impose leur propre existence.

    Et pour notre plus grand bonheur égoïste, le frottement de ces trois destinées crée des étincelles de fiction qu’il suffit de recueillir et d'alimenter pour allumer un grand feu (notre stock étant actuellement en court de réapprovisionnement, nous avons été contraints d'utiliser cette métaphore moisie, seule disponible. En espérant que notre aimable lectorat ne nous en tiendra pas rigueur).

     

    Donc, si vous êtes en quête de personnages inspirants, ne manquez par leur dernière apparition à l'écran, lundi prochain à 20 h 50 si mes souvenirs sont bons.

     

     

     

     

     

     


        Yves et Georges : superbes

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