• And the winner is…

    « On ne prête qu’aux riches », et dans le domaine éditorial, il semblerait que l’adage se vérifie plus que jamais. En effet, le Figaro vient de publier le palmarès des 10 romanciers français qui ont le plus vendu en 2009, et figurez-vous… que c’est très sensiblement le même que l’année passée. Car, à part Marie Ndiaye qui fait son apparition pour cause de Goncourt surmédiatisé, en lieu et place de Le Clézio (qui devait sa place au panthéon à un prix Nobel surmédiatisé), on retrouve nos bons vieux destructeurs de forêt habituels, au premier rang desquels parade – je vous le donne en mille : le sémillant Marc Lévy !

    Alors bien sûr, tous les esprits bien-pensants vont pouvoir s’en donner à cœur joie et entonner leur refrain favori sur la décadence de l’esprit français et la déliquescence de notre littérature. D’ailleurs, les lecteurs du Figaro ne s’en privent pas !

    Sur Marc Lévy : « Oh mon Dieu! C'est bien triste!!!! Appeler cet homme un auteur!!!??? »

    Sur le palmarès : « On est effondré en lisant ce palmarès qui est celui de la littérature de gare dans le meilleur des cas. Cela montre que les lecteurs français sont moutonniers et n'ont aucune curiosité en dehors de ces "best-sellers" encensés par les médias! »

    Oui, tout cela est bien triste… Heureusement, un « étudiant dans les métiers du livre » remet un peu les choses à leur place : « Je vous rappelle que les gens cherchent davantage un divertissement que de la culture lorsqu'ils lisent. Et la lecture est une activité plus louable que d'autres... A bon entendeur... » Il a bien raison ce garçon ! Après tout, les « gens » pourraient aussi ne pas lire, et passer leur temps devant TF1, M6 et Direct 8 ! Et puis, simple remarque de bon sens : ce n’est pas parce que Pancol, Musso et consorts vendent leurs productions par semi-remorques entiers qu’on n’a pas le droit de lire Claude Simon, par exemple. Et aussi : cracher sur les palmarès, sur les gros vendeurs et finalement sur ceux qui les lisent, c’est s’acheter une « distinction » (dans le sens bourdieusien du terme.. oui je sais : la grande classe !) à très bon compte, se dire qu’on se situe bien au-dessus de cette plèbe, stupide et conformiste, éblouie par les grossières techniques du marketing comme un lapin par les phares d’une voiture.

    Pour ma part, je pense avoir trouvé la solution : je ne lis que des auteurs morts, si possible depuis longtemps. Pas de palmarès, pas de campagne de pub, pas d’interview à la télé ou à la radio : ils reposent en paix, et pour le lecteur, c’est drôlement reposant. Ainsi, au milieu du silence médiatique, il ne reste plus que la musique des mots.

    La seule qui vaille.


     guillaume-musso-12625.jpg

     Guillaume Musso, le Poulidor des Lettres françaises

    Partager via Gmail Yahoo!

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    1
    Samedi 16 Janvier 2010 à 08:25
    BEAUDOUIN
    Bonjour, je suis un modeste poète et trouve votre profil relativement affuté...
    Vous avez le sens du juste et une critique réffléchie...

    Je vous donne l'adresse de mon blog, pas pour vous obliger à quoi que se soit, non je vous invite juste pour que vous me disiez si je suis nul ou pas ...
    2
    Samedi 16 Janvier 2010 à 23:08
    Mario Mario
    Bonjour,

    J'ai bien aimé votre recul face aux réactions prévisibles à ce classement.

    Je suis persuadé de la même chose. Pour cette "distinction achetée", j'ai lu une phrase de Mme Stael, dans De l'allemagne qui disait (en gros, faudra que je la retrouve exactement) que dans tous les pays où il y a du goût, il y aura toujours une séparation entre les connaisseurs et la masse, parce que le "goût" est le signe de ralliement des gens qui se réclament du haut de la pyramide.

    Quand j'ai lu ça, je me suis dit qu'elle avait déjà une vision sociologique de l'art au début du XIXème !
    3
    Dimanche 17 Janvier 2010 à 11:00
    bonjour j'ai parcouru avec plaisir votre blog, chaque dimanche j'edite un chapitre de mon roman
    bonne journee a bientot
    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    4
    Dimanche 17 Janvier 2010 à 13:14
    valy christine ocean

    J'ai eu aussi longtemps la même idée en tête. Lire que les auteurs disparus. Et puis, voila, je suis tombée sur Murakami ( il n'est pas mort mais pas dans le palmarès non plus) très bon écrivain, et sur Martin Winckler, français vivant à Montréal, donc, invisible sur les médias français, hors compétition médiatique.
    Pour être sincère, je n'ai rien alors là rien lu de ce mr Levy, ni Musso, ni Angot. J'ai feuilleté les livres en librairie et...je les ai rangé à leur place, sur l'étagère.

    J’ai acheté un Jourde par curiosité, mais je n’arrive pas à me plonger dedans.

    Je crois que le lecteur français est moutonnier, oui. Il aime le confort, donc, il lit ce qu'on lui propose sans chercher plus loin. Je répondrais à cet étudiant :  si le palmarès sera composé par les livres de Camus, Zola, Murakami, Tolstoï, Dostoïevski, Jaenada, Fanté, etc, ils liront ces auteurs là et l'on dira pareil, tant mieux du moment qu'ils lisent.   

    <link rel="File-List" href="file:///C:DOCUME~1VALENT~1LOCALS~1Tempmsohtml11clip_filelist.xml">
    5
    méla33
    Jeudi 17 Novembre 2011 à 16:08
    méla33
    Non justement il n'est pas mort...Cette tentative humoristique ayant lamentablement échoué, je m'abstiendrai d'expliquer la "blague", ce serait encore plus pathétique. Je sors.
    6
    méla33
    Jeudi 17 Novembre 2011 à 16:08
    méla33
    Et mince! Dois-je comprendre que lire Barbara Cartland ne m'aidera pas à briller en société?! Si j'avais su que la mort d'un auteur n'était pas gage de talent, j'aurais choisi Paul Loup Sullitzer!
    7
    méla33
    Jeudi 17 Novembre 2011 à 16:08
    méla33
    Ne lire que des auteurs morts... ok mais imaginons... Gavalda, Musso, Pancol et Levy  meurent (ensemble de préférence, dans le crash du jet qui les emmenait au salon du livre de Mourlin les Oies) et ben résultat: on est dans la merde!
    8
    robert
    Jeudi 17 Novembre 2011 à 16:08
    robert
    Poulidor de la litterature peut-etre, mais un Poulidor qui n'a pas de mal pour payer ses factures de fin de mois....
    9
    Marie
    Jeudi 17 Novembre 2011 à 16:08
    Marie
    Salut Aloysius,

    La majorité aurait donc raison ?

    Cela me fait penser à ce que dit Daniel Pennac dans "Comme un roman". En gros (j'ai prêté ce livre à quelqu'un qui ne me l'a jamais rendu, voleur, si tu m'entends, rend le livre !) il dit qu'on a le droit de lire de la littérature de gare, que c'est pas grave du moment qu'on lit. A l'époque j'avais bien aimé l'idée.

    PS : pourtant à lire les commentaires habituels des lecteurs du Figaro.fr, ils n'ont pas l'air de se situer des masses plus haut que la plèbe en question...
    10
    Maudit Bic
    Jeudi 17 Novembre 2011 à 16:08
    Maudit Bic
    Mais Aloychou, si  la plèbe pue pollue et repugne ?
    11
    malika
    Jeudi 17 Novembre 2011 à 16:08
    malika
    On m'a offert un livre de Marc Levy à noel, franchement ce genre de livre peut être écrit par n'importe qui disposant d'un peu de temps. Scenario tout simple, un brin "Feu de l'amour", moi qui lit les livres d'une traite, avec celui là j'ai du faire des pauses et me forcer à le finir ( j'ai même lu la toute dernière page pour essayer de me donner envi de savoir comment ils en sont arriver là) je connaissais la fin lorsque j'ai fini le Chap.3... c'est pour dire....

    Et vous avez raison, lire un auteur mort est le meilleur moyens de lire de la vrai littérature.
    Généralement les livres d'auteurs mort depuis longtemps sont bon car ils ont survécu jusque là. Par exemple les livres de Marc Lévy ne survivrons pas un demi-siècle après sa  mort.
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :