-
Attraper les idées lorsquelles se présentent
Pour avoir une idée, il est totalement improductif de s’asseoir en attendant qu’elle daigne apparaître. Ca ne marche jamais, et c’est très énervant. Les idées sont rebelles, on ne les commande pas.
Aussi arrivent-elles toujours au moment le moins opportun. Il faut le savoir et se préparer à cette fatalité. Deux exemples très répandus : vous êtes sur le point de vous endormir, vos pensées s’entremêlent dans une douce confusion propice à l’émergence de la création : une idée survient, inattendue et volatile. Si vous avez pris soin de déposer un calepin sur votre table de chevet, cette idée est à vous. Dans la cas contraire, vous pouvez lui dire adieu : plus jamais elle ne vous fera l’honneur de sa visite. Il en va de même dans les transports en commun ou tout autre endroit totalement inadapté à la prise de note. Pourquoi les idées ressemblent-elles dans leur comportement à des enfants capricieux ? Nous n’en n’avons pas la moindre idée, et ce n’est d’ailleurs pas le sujet de ce petit opuscule. Mais nous savons une chose : le moment venu, mieux vaut avoir dans sa poche intérieure le fameux petit calepin accompagné de son petit stylo. Les idées qui émergent ainsi peuvent être de plusieurs sortes : idées d’histoire, de rebondissement, de dialogue, de personnage. Inutile de faire le tri, il faut tout noter, cela peut servir un jour sans qu’on le sache encore. Tout au plus est-il conseillé d’installer une signalétique simple afin que l’on puisse se retrouver dans cet amalgame sans queue ni tête (Un « P » pour personnage, un « D » pour dialogue, etc.)
Ce faisant, au fil du temps, vous avez rassemblé une grande quantité d’idées qui une fois triées, classifiées et ordonnancées, fournissent un semblant de piste pour une éventuelle histoire.
C’est-à-dire la rencontre mouvementée entre un / des personnages et des événements. Une histoire, c’est avant tout ce que l’on fuit dans la vie réelle, des ennuis, des complications, des problèmes, des trahisons, des mésententes, des dangers de toutes sortes. Et pour que toutes ces tracasseries donnent le meilleur d’elles-mêmes, il faut les confronter à un personnage qui les mette pleinement en valeurs. Prenons un exemple. Un boxeur qui s’apprête à monter sur le ring pour combattre un adversaire particulièrement redoutable, quoi de plus normal et par la même de plus désespérément banal ? Remplaçons à présent le boxeur par un expert comptable. La situation prend aussitôt un autre intérêt.
Vous nous direz que cette situation est absurde et de ce fait irrésoluble Nous nous empresserons de vous répondre : non. Dans la fiction, rien, absolument rien n’est irrésoluble. C’est une loi infaillible. Pour la simple raison que, au contraire de la vie réelle, c’est vous qui décidez de tout. Bien sûr, les solutions trouvées pour résoudre l’irrésoluble sont plus ou moins élégantes. C’est, entre autre, dans cette épreuve que l’on reconnaîtra le bon écrivain: savoir faire et élégance avant tout.
Tags : idee, c’est, personnage, dire, autre
-
Commentaires
4jean-yvesJeudi 17 Novembre 2011 à 16:11Bonjour,
pour ceux et celles qui ont plein de choses à dire mais aucune idée d'histoire, il y a un moyen bien simple: reprendre une histoire déjà existante. Le plagiat n'existe que sur la forme, pas sur le fond. Comme ça, leur génie pourra s'accomplir en renouvelant les thèmes de l'histoire...
5Héro MaravalJeudi 17 Novembre 2011 à 16:11
En temps que jeune écrivaillonne de presque 25 ans encore persuadée qu'écrire est sa vocation et qui pourtant n'arrive plus depuis un roman prétentieux et une Antigone en alexandrin (faut me pardonner j'avais 17 ans) à écrire quelque chose d'abouti, je voudrais vous poser une question qui me turlupine.
D'après vous que faire lorsqu'on a un style incroyable (je suis pleine d'humilité), un besoin inextinguible d'écrire, et pas la moindre idée d'histoire à raconter. Certes les idées ne manquent pas, tout est racontable ou presque, mais je n'arrive pas à trouver la moindre parcelle fictionnelle qui soit à mes yeux digne d'être racontée. Alors quoi, n'écrire que de la poésie ou des essais, c'est-à-dire se condamner à n'être jamais lue (déjà qu'avec le genre romanesque aujourd'hui c'est pas gagné, mieux vaudrait passer direct à la réalisation cinématographique) ? Ou prendre l'intrigue comme prétexte pour écrire, et s'exposer à des remarques telles que celle que j'ai reçue d'une maison d'édition pour mon roman d'adolescente stupide : "il est difficile de s'intéresser à cette histoire" ?
Je ressens un besoin immense d'écrire des pages sur les moucherons dans la lumière des phares ou la vase des flaques, mais construire un récit avec des phrases de transition, de cohésion du type "il ouvrit la porte" est une torture pour moi. Suis-je destinée à ne plus jamais écrire, et cela vaut-il mieux ? Que me conseilleriez-vous ?
En toute mégalomanie je suis persuadée bien sûr d'être l'écrivain du siècle (il me reste encore une dizaine d'année pour perdre cette belle illusion sans laquelle rien n'est possible), et je ne compte donc pas trouver la réponse ultime et unique chez vous. je voudrais juste vous demander ce que vous en pensez. Désolée de vous emmerder, mais comme ça je vous fourni à la fois la lettre d'admiratrice et celle de jeune écrivain éploré dont vous rêvez ! ;)6benoitJeudi 17 Novembre 2011 à 16:117benoitJeudi 17 Novembre 2011 à 16:118VéroniqueJeudi 17 Novembre 2011 à 16:119AloysiusJeudi 17 Novembre 2011 à 16:11Eh bien : merci, Amélia !10AméliaJeudi 17 Novembre 2011 à 16:11Trés intéréssant ce que tu exprime,tout est une question de temps,de patience de bout de vie d'idée qui nous passe par la tête,j'aime beaucoup cette article !!!11jo jaguarJeudi 17 Novembre 2011 à 16:11
Ajouter un commentaire
J'ai le calepin: mon fidèle Moleskine noir qui ne me quitte pas! J'y note absolument tout...Je lui consacrerai un article...J'aime ton blog, je le mettrai dans mes liens, mdr...