Robert Dorazi : "A
pres la nouvelle policier/anticipation 'Et si', voici le tout debut d'un livre jeunesse 'Toupourlamagy' que j'ai ecrit mais qui n'est pas publie si ce n'est sur le site de
l'imprimeur online lulu.com.
Toupourlamagy est l'un des quelques villages ou les veritables sorciersviennent se procurer leurs instruments magiques (leurs maginstruments)quand ils y sont autorises. Toupourlamagy, comme les
autres villages,possede son maginettoyeur et son nom est Mortimer. En ce jour de Fete dela Poussiere Fabuleuse, Mortimer decide d'aller se promener de l'autrecote de la Haie. Il en reviendra avec
quelques coups de soleil et unbebe dans un panier!"
Mortimer tourna la tête vers le bruit qu’aurait fait un ongle sur une lime. Seulement il n’y avait pas de lime à ongle de ce côté-ci de la Haie ! En revanche des
sables-gloutons s’y cachaient et pouvaient avaler un homme, ou même deux, en une seule bouchée. Heureusement pour lui, Mortimer avait appris à les repérer comme une lutine rousse repère un
coupeur de cheveux !
Bien sûr il préférait oublier ce jour où son amie Zelda avait dû le sortir d’un de ces monstres de sable avant qu’il ne soit complètement englouti. Mortimer y avait laissé ses chaussures, ses
chaussettes et la moitié de son pantalon.
― Ils ont l’air dangereux comme ça, mais ils veulent seulement jouer, lui avait-elle expliqué entre deux crises de fou-rire.
Le rire de Zelda lui manquait.
Il regarda les tentacules de sable s’élever au-dessus du sol puis retomber. Il haussa les épaules et passa son chemin. Aujourd’hui il n’était pas venu pour s’amuser.
Mortimer Caboche allait avoir vingt ans. Il avait laissé pousser sa moustache, mais il l’avait bien vite rasée parce qu’elle le vieillissait trop. Alors il avait
laissé pousser ses cheveux. Mais il fallait s’en occuper avec soin, les laver, les peigner, les brosser. C’était trop de travail !
Il n’avait donc pas de moustache, ses cheveux noirs étaient coupés ras et il trouvait ça absolument parfait.
Pas aussi parfait que ce jour d’été ! D’ailleurs la semaine entière s’était mal passée.
Lundi, alors qu’il revenait de chez Caroline, il s’aperçut qu’il avait égaré la clé de sa maison. Il dut entrer par la fenêtre qu’il avait laissée
ouverte.
Le jour suivant, alors qu’il essayait de chasser une abeille qui était entrée par la fenêtre qu’il n’avait toujours pas refermée la veille, Mortimer mit le feu à sa
plus belle chemise qu’il était en train de repasser et qu’il aimait porter pour visiter Caroline. Par chance cette chemise ne lui appartenait pas. Mais Narcisse, qui la lui avait prêtée dans un
moment d’égarement, voulait le provoquer en duel depuis.
Et mercredi, l’impensable se produisit. Mortimer manqua une magidécontamination ! Tout ça à cause de la clé qu’il croyait perdue. Elle tomba de l’ourlet de son
pantalon où elle était cachée et rebondit sur le sol de la taverne ‘La ‘Potion Fumante’ juste au moment où il allait piéger le crystalithe de magie. Par chance, c’était un crystalithe de sorcier
débutant, un crystalithe minuscule qui pesait moins d’un quart d’unité. L’explosion qui suivit ne fut pas suffisante pour provoquer ce fameux ouragan magique que tout le monde rêvait secrètement
de voir un jour. Mais tout de même, ce fut humiliant pour un maginettoyeur de la classe de Mortimer !
C’est Edgar Fogelwick qui avait appelé Mortimer à La Potion Fumante. Un groupe de sorciers avait fêté la première baguette magique de l’un d’entre eux. Une
baguette-partie en somme.
Mortimer avait toujours beaucoup de travail après ce genre de réunion, quand les sorciers sont encore plus tête-en-l’air que d’habitude et oublient qu’il leur est
absolument interdit de lancer des sortilèges à Toupourlamagy. Bien sûr, dans ces cas là, c’est Mortimer le maginettoyeur qu’on appelle. Il avait toujours beaucoup de travail à La Potion Fumante.
Il avait d’ailleurs toujours beaucoup de travail tout court. À croire que les sorciers se moquent bien des interdits de Toupourlamagy !
Pourtant, aussi désastreux qu’avaient été ces événements, le pire s’était produit le lendemain. Mortimer avait appris qu’il n’avait pas été sélectionné pour la Fête
de la Poussière Fabuleuse qui devait avoir lieu samedi !
Comment Jasmine avait-elle pu lui faire ça ? Il lui faudrait attendre quinze ans maintenant pour avoir une autre chance. Et dans quinze ans il aurait… il aurait
environs… Enfin, dans quinze ans il serait vieux. Peut-être même n’entrerait-il jamais dans le Château de Sort pour y récolter la Poussière !
Lorsque samedi fut arrivé, Mortimer n’eut pas le cœur d’assister à la cérémonie. Et comme souvent lorsqu’il était contrarié, il marcha jusqu’à la rue des Trolls,
tourna à droite après le Couloir du Hasard et longea l’allée des Enchanteresses. De là, on pouvait apercevoir la Haie.
Il y avait cinq ans déjà que Mortimer avait découvert le mot de passe qui permet de traverser cette Haie. C’est à dire qui permet de vraiment traverser ! Personne ne
connaissait celui qui avait traversé la Haie le premier. C’était peut-être une ‘première’ d’ailleurs. En tous cas cela resterait un mystère. Et personne ne savait comment ce premier ou cette
première avait découvert le mot de passe. Mais depuis ce jour, plusieurs habitants de Toupourlamagy avaient visité l’autre côté de la Haie. Quelques-uns parmi ceux là n’étaient jamais revenus. À
Toupourlamagy on évitait de parler de ceux qui n’étaient pas revenus.
Rien de bon n’était jamais sorti de l’autre côté de la Haie, disait-on, sinon pourquoi existerait-elle ? Rien de bon n’en était jamais sorti et il n’y avait vraiment
aucune raison pour que cela change aujourd’hui !
Aujourd’hui justement, Mortimer avançait en regardant autour de lui et surtout en scrutant le ciel bleu. C’est sûrement de là que viendrait le feu-follet s’il
venait. Le chemin étroit et sinueux était bordé de Mohrderirs, ces buissons pourpres, hérissés d’épines hilarantes que Mortimer évita. Il enjamba un filet d’eau noirâtre qui sortait de sous un
rocher à gauche, traversait le chemin puis replongeait et disparaissait sous un autre rocher à droite.
Alors qu’il marchait le nez en l’air, une main tendue devant ses yeux pour ne pas être aveuglé par le soleil, Mortimer faillit trébucher.
― Ne reste pas dans mes jambes, Hugo ! cria t-il à l’étrange animal qui l’accompagnait. Et surtout, ouvre bien l’œil, n’importe lequel ! Si un feu-follet vient à se
poser dans les environs, je ne veux pas le rater. Il y a trop longtemps que j’attends d’en voir un de près !
L’animal que Mortimer avait appelé Hugo, ressemblait au croisement entre un chien et un alligator. Son corps et sa longue queue, était presque entièrement recouvert
d’écailles. Mais son museau ressemblait à celui d’un chien avec des oreilles pendantes et une figure impassible.
La première rencontre entre Hugo et Mortimer avait été un choc. Un choc surtout pour Mortimer, il faut bien dire. Tout ce qu’il connaissait de cet animal, c’était
quelques croquis en noir et blanc qu’il avait vus dans un manuel écrit par Tricobert Dalembourg, un grand savant dont le portrait était accroché au mur du salon chez Agatha Lamark, la maman de
Caroline.
Dans ce manuel, intitulé ‘Vous ne me croirez pas mais ils ont existé’, Dalembourg avait répertorié les animaux qui avaient vécu à Toupourlamagy.
Dalembourg était peut-être un grand savant mais il avait du mal à tracer un cercle avec un compas. Ses croquis étaient très approximatifs et il fallait beaucoup
d’imagination pour reconnaître les animaux qu’il avait dessinés dans son encyclopédie.
À la page quarante quatre de ‘Vous ne me croirez pas mais ils ont existé’, Tricobert avait dessiné un des aïeuls d’Hugo avec trois pattes, une oreille et trois yeux.
C’est surtout grâce aux trois yeux que Mortimer avait reconnu l’animal ! Hugo était un Baveur et les Baveurs avaient disparu plusieurs siècles auparavant.
Pourtant Hugo parut bien vivant au jeune Mortimer quand il traversa la Haie la première fois et que l’animal se mit aussitôt à le poursuivre d’un air affamé. En
s’enfuyant, Mortimer lâcha son sac d’école et renversa tous les carnets de correspondance des élèves de la promotion Envoûtement qu’il contenait.
Quand il revint à Toupourlamagy et expliqua qu’il avait perdu les carnets de correspondance, il reçut un nombre d’heures de retenue record. Ce nombre fut doublé
quand Mortimer expliqua que les carnets avaient été dévorés par un animal mort depuis des centaines d’années !
Pourtant c’est bien ce qui c’était passé. Les carnets avaient tous fini dans l’estomac du Baveur qui les avait engloutis l’un après l’autre comme s’il n’avait jamais
rien mangé d’autre. De ces carnets il ne restait rien d’autre que le nom de l’imprimerie qui les vendait : L’imprimerie Hugo.