• Avis sur texte : nouvelle - Magali

    Il aimait l'amour facile, du qui-gratte-pas et sent le savon bon marché.
    Fi des odeurs fortement corporelles ou des fragrances hautement rares.
    Il aimait les femmes comme on aime les chips, à peine on en glisse une en bouche qu'on l'avale sans y faire attention, alors que la main est déjà dans le paquet pour en prendre une autre.
    Il disait "aimer" les femmes mais refusait de s'en faire aimer en retour, toutes objets de ses pulsions furtives, de désirs vite satisfaits.
    La passion lui était aussi étrangère que l'histoire des dynasties mandchoues et seule la "consommation" l'intéressait, rassurante dans sa futilité.
    Boulimique, il dévorait sans s'attarder sur les arômes ou la saveur d'un mets... euh... enfin d'une femme.
    Il redoutait l'attachement, la sensibilité, pourtant spécificités majeures de la gente féminine.
    Vite séduites, vite "consommées" et aussi vite reléguées au rang des souvenirs et malheur à celle qui demande, qui s'accroche, qui réclame.
    Femme-trophée, femme-butin rapportée d'une guerre improbable contre de vieux démons intérieurs ou d'une course contre le spectre de l'abandon. Puis-je encore séduire ? Est-ce que je plais encore ? Je plais à celle-ci mais pas à celle-là... mais pourquoi ? Puis-je la conquérir ? Et si je l'ai, va-t-elle m'abandonner ?
    Avec moi, il ne s'est même pas caché des ses stratagèmes de Don Juan de banlieues, fluet jeune homme au regard insaisissable, trop souvent en fuite.
    Elle aimait sa peau douce et lisse, ses larges gestes de grand enfant sur son corps moissonné de femme plantée dans l'âge mûr. Mouvements gauches malgré l'affichage de conquêtes démultipliées, il reste encore une énigme pour elle.
    Elle aimait sa légèreté, son poids plume en opposition avec la pesanteur de sa pensée et autres démonstrations sémantiques, philosophiques ou économiques.
    Elle aimait son regard sur elle, un œil neuf même pas enjôleur mais déjà jaugeur de sensualité pas déplaisante et surtout nouvelle.
    Elle l'aimait encore malgré sa noirceur d'âme, malgré sa violence contenue dans des mots d'acier trempé.
    Elle l'aimait toujours malgré sa dureté de diamant, son inconstance d'homme qui manque de confiance en lui-même et en sa capacité de séduction.
    Lui, le petit lutin au regard d'oiseau égyptien, a immolé cette femme déjà abîmée sur l'autel de sa réputation, au mépris de ses enfants et de tous les siens.
    Elle continuait de regretter la douceur de sa peau et le temps des mots miellés.
    Etait-ce vraiment de l'amour ? Non, disaient les proches, les amis, les spectateurs. Mais elle savait, elle, au fond de son cœur que c'en était. Violent, incohérent, irrationnel. Inconditionnel.
    Il lui restait pourtant assez de dignité et d'estime d'elle-même pour ne pas se jeter à ses pieds et le supplier ... de quoi, d'ailleurs.
    Le supplier de la reprendre ???
    Mais pour quoi donc ? Pour des moments d'échanges toujours plus tièdes que dans ses espoirs ?
    Pour une relation qui n'évoluerait qu'en fonction d'un seul de ses acteurs, lui en l'occurrence ?
    Pour un échec et une nouvelle rupture en fin de parcours... ?
     
    Elle lui avait offert ce qu'il attendait. Rien de moins. C'était un don singulier, total. Quelque chose qu'elle avait officiellement promis de ne garder que pour un seul homme, le reste de sa vie. Il n'était pas cet homme.
    Le mariage n'était pas un engagement vain pour elle et ce qu'elle transgressait pour le seul plaisir de son lutin était à la mesure de sa soif d'un regard neuf. Ca n'était pas un adultère à la petite semaine. C'était un acte d'amour et de liberté.
    Salir.
    Salir était un jeu pour lui. Souvent, il lui faisait des blagues de mauvais goût, se vantait d'avoir longtemps abusé de la bêtise de ses maîtresses, médiocrement choisies parmi des femmes déjà médiocres.
    Après la rupture au couteau de boucherie, elle avait rejoint le troupeau de vaches à moitié folles, abasourdie de l'audace de son amant, devenu subitement un être abject, car il venait de la dénoncer.
    Son âme d'amazone lui réclame encore les oreilles et la queue du taurillon.
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  • Commentaires

    1
    Mardi 28 Août 2007 à 20:41
    Johan
    Même si je suis plus sensible au charme des femmes qu’à celui de mes semblables, j’aimerais que vous donniez une âme à votre personnage. A la première lecture, je vois un vulgaire obsédé qui va bien vite me lasser. Expliquez-nous les raisons de son succès, sa technique de séduction, ses motivations, son sens de la vie. Peur de perdre sa liberté ? Vengeance ? Pourquoi refuse-t-il de s’accrocher ? Le personnage féminin est déjà un peu plus attachant, mais dites-nous pourquoi elle est tombée amoureuse de cet homme sans intérêt au lieu de le prendre pour ce qu’il était : un play-boy de service.
    2
    anne
    Jeudi 17 Novembre 2011 à 16:10
    anne
    Je n'ai aucune compétences littéraire. Je ne fais que me permettre de dire mon impression immédiate et à chaud. Je me suis reconnue dans ce texte et j'y ai reconnu un personnage tout aussi vivant. J'ai ai reconnue mes émotions, mes vibrations, mes douleurs, mes espoirs. Et parce que ce texte semble faire partie intégrante de moi-même je voudrais en lire d'avantage. Peut-être que le secret d'un bon texte c'est justement d'être le miroir de son lecteur. Je ne suis pas en mesure d'apporter des critiques techniques, je n'ai aucune compétence dans ce domaine, j'ai juste laissé parler ma sensibilité.
    3
    Magali
    Jeudi 17 Novembre 2011 à 16:10
    Merci de vos appréciations. Je sais bien que ce texte n'était pas parfait. Je l'ai envoyé un peu comme une folie... Il s'agit d'un texte écrit dans l'urgence parce plus ou moins (plus d'ailleurs, même très) autobiographique, ce qui peut expliquer certaines coquilles. Que certains passages soient convenus, soit... mais je ne l'ai pas écrit dans une optique littéraire au départ... Maintenant que j'ai dépassé l'événement, je pense qu'effectivement vos observations vont m'être très utiles. Merci encore
    4
    vatreng
    Jeudi 17 Novembre 2011 à 16:10
    vatreng
    Texte très inégal. Le début paraît convenu, tu n'entres pas vraiment dans la psychologie du garçon, ce sont des choses que n'importe qui aurait pu dire sur n'importe quel séducteur, mais le ton passionné de quelqu'un qui veut dénoncer y est. Du coup, il y a là un ton naïf (surtout le lapsus "des mets" - "des femmes"), en désaccord avec celui, plus mesuré, de la suite. Ou alors, est-ce la point de vue de la fille que tu développes? Dans ce cas, pourquoi dresser un portrait somme toute assez peu flatteur de celui qu'elle apprécie? Puis un passage qui contient une incohérence: Ne faudrait-il pas plutôt dire "Avec elle" ^que "Avec moi"? Qui est ce moi si ce n'est pas "Elle"? En revanche, pour ce qui suit : Bravo! Les phrases commençant par "Elle" évoquent avec grande justesse les sentiments de tendresse de la fille. Un rythme à la fois heurté et régulier, des images en apparenceconnues mais subtilement originales, c'est super! Dommage que la fin fasse chuter la qualité du texte. A partir de "Ellelui avait offert..." ça rejoint des valeurs bien-pensantes et empreintes de cliché: Le mariage, l'homme pour la vie... Je pense que tu as teminé ton texte trop tôt, tu aurais dû mieux développer les étapes de la rupture, sortir aussi du cadre légèrement moralisateur. Je pense que ça vaut le coup de retravailler ton texte, car tu as certes du talent, comme le prouve le beau passage du milieu. (Et j'ai pas l'éloge facile, crois-moi!)
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