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Entre ses cuisses
Jenifer aimait l’avoir entre ses cuisses.
Lourd ? Vieux ? Ventru ? Que lui importait ce qu’on
pouvait dire de lui, elle seule savait ce qu’il lui
apportait, entre ses cuisses.
Bien sûr, tout le monde la regardait lorsqu’elle
sortait avec lui, et même si elle devait admettre que
ce n’était pas toujours facile, ces petits
désagréments ne pesaient pas bien lourd à côté de tout
ce qu’il lui avait appris, à côté des horizons
insoupçonnés qu’il lui avait laissé entrevoir, à côté
de tout ce qu’il lui donnait, entre ses cuisses.
Envers et contre tous, Jenifer avait fait son choix.
Ses parents ne l’avaient pas apprécié. Pas du tout.
Jenifer était issue d’un milieu populaire, dont le
niveau culturel culminait avec la finale de la
Star-Ac, alors vous pensez bien qu’ils auraient
préféré voir leur fille fréquenter un animateur télé
ou même quelqu’un de leur milieu plutôt que de passer
tout son temps libre avec ce gros là et ses grands
airs. Le pire, c’était son grand frère, Jordan, qui ne
pouvait pas le supporter. « Si tu continues Jenifer,
je vais le casser en deux ! » marmonnait-il entre ses
dents. Alors Jenifer s’enfermait dans sa chambre, elle
écartait les jambes, et elle laissait vagabonder sa
main droite, aérienne, en s’imaginant qu’il était là,
chaud et vibrant, entre ses cuisses.
Un jour qu’elle était seule avec lui, certaine qu’on
ne les dérangerait pas, qu’on ne l’entendrait pas, ses
mains donnèrent corps à ses pensées, ses pensées qui
étaient toujours orientées vers lui… ses doigts
fébriles d’avoir attendu si longtemps ouvrirent
lentement la fermeture éclair… il se dressait devant
elle, noir ébène, nu rutilant, dépouillé de tout, même
de l’ennui des jours sans elle… elle le prit entre ses
mains jointes, doucement, très doucement, comme s’il
pouvait se briser sous sa ferveur… elle le débarrassa
de tout ce qui le protégeait encore, tout ce cuir et
ce tissu qui cachait sa beauté aux regards grossiers
et mauvais... enfin complètement nu à la lumière de
ses yeux purs, elle posa sa main gauche sur son
manche, si large que sa main parvenait tout juste à en
faire le tour, et tremblante d’émotion comme au
premier jour, elle attira son corps entier, tout
entier entre ses cuisses. De sa main droite,
l’aérienne, elle laissa tendrement glisser l’archet
sur les cordes du violoncelle dont le timbre enflait
entre ses cuisses ouvertes. Elle le sentait vibrer
comme un vieil amant au plaisir contenu… toujours plus
fort… aigu… déchirant… grave… extatique lorsqu’elle
lâcha prise : le violoncelle tomba et elle sentit le
déplacement de son âme, entre ses cuisses.
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