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Comment rallonger son quart d'heure de gloire de quelques minutes
Par
Aloysius-Chabossot dans
Choses diverses le
8 Octobre 2007 à 20:55
Eduardo Pisani… ce nom évoque sans doute quelque chose aux plus perspicaces d’entre vous. Oui, mais quoi exactement ? Un designer ? Un couturier ? Une marque de pâte
? Inutile de vous gratter la tête jusqu’au sang, je vous donne la réponse : Edouardo Pisani, c’est ce brave garçon qui a connu son quart d’heure de gloire pour avoir chanté une de ses
compositions, « Je t’aime le lundi », dans une émission de petites annonces de la chaîne câblée CTV en 1995.
La séquence, plutôt pathétique, est aussitôt reprise par le Grand Zapping de Canal +, suivie immédiatement par les autres chaînes, toujours aussi promptes à se
démarquer de la concurrence. Un producteur esthète repère aussitôt le potentiel artistique qui jaillit littéralement de tous les pores de notre ami transalpin, et lui fait enregistrer un disque
qui le propulse sur le champ au panthéon de la chanson française, à droite de Jacques Brel et à gauche de Carlos.
Hélas, la roue tourne, comme on dit, et pour Edouardo, on peut même ajouter qu’elle tourne à la vitesse d’une formule 1 lancée à plein régime sur le circuit de
Daytona Beach. Résultat : le brave garçon retourne bien vite à la case « Anonymat », sans passer par la case « prison », certes, mais c’est tout de même bien injuste.
Parfait.
Vous êtes sans doute en train de vous demander ce que vient faire cette lamentable histoire dans un blog qui s’est jusqu’à présent toujours distingué par son esprit
de sérieux, sans jamais sombrer dans la gaudriole chère à un Pierre Assouline, pour ne citer qu’un exemple.
Et puis surtout : quel rapport avec la littérature ?
Nous y venons justement (mais lentement, car nous avons nos rhumatismes qui nous rappellent à l’ordre. Vieillir n’est pas drôle, mais vous le saurez bien assez
tôt).
Donc, la grande nouvelle :
Edourdo Pisani sort le 16 novembre 2007 un roman, sobrement intitulé "Signe particulier Edouardo".
Pris d’une soudaine euphorie, vous vous mettez à tourner en rond autour de votre table de salon tout en cherchant votre portefeuille ? C’est normal, le titre a été
choisi avec un soin méticuleux par une horde d’experts en marketing pour déclencher dans l’instant qui suit sa lecture un acte d’achat aussi intrépide qu’irraisonné chez tout consommateur
normalement constitué. Cela dit, il va falloir être patient, chers petits amis, le 16 novembre c’est pas tout de suite.
Pour tromper votre attente, voici quelques biscuits que vous pourrez grignoter à loisir jusqu’à la date fatidique.
Tout d’abord, vous pouvez rendre une petite visite au site de l’éditeur (non, ce n’est pas de l’auto-édition) à cette adresse : http://www.editionsbdl.com/PISANI.html. Là vous découvrirez une présentation du livre, ainsi qu’une biographie succincte de notre homme, sans doute
rédigée par la même horde citée un peu plus haut. Un petit extrait, pour vous mettre l’eau à la bouche :
« Il est célèbre en France pour sa chanson Je t’aime le lundi qui fait désormais partie de la mémoire de la chanson française… »
Qu’est-ce que je vous disais ?
« Il jouit, depuis cette époque, d’une grande popularité et d’une forte cote de sympathie auprès du public. »
Si vous n’étiez pas au courant, c’est que vous êtes le dernier des has-been, excusez-moi.
La présentation du livre possède également quelques moments d’authentique bonheur, dont voici un petit aperçu :
« Bien entendu on pense à Houellebecq en lisant ses lignes d’un italien exilé à Paris depuis 20 ans »
Comme vous pouvez le constater, on apprend des choses insoupçonnées sur les origines italiennes de Michaelo Houllebecqui.
Mais ce n’est pas tout ! Car Eduardo possède un vrai site à lui, entièrement dédié à la promotion de son livre. Et là, je dis chapeau Monsieur Pisani. Une telle
sobriété, une telle humilité, cela force le respect. Mais foin de mots, le mieux est encore de vous y rendre, et de constater par vous-même :
http://www.eduardopisani.com/
Juste une petite citation, tout de même : « Pisani a appris à rédiger dans la langue de Molière grâce à la lecture des poèmes de Michel Houellebecq. »
Quand on connaît les poèmes de notre ami Michel, on ne peut pas rester insensible à une telle assertion : s’il existait encore quelques esprits circonspects
concernant l’intérêt d’un tel ouvrage, je pense que leurs dernières défenses viennent de tomber, définitivement.
Pour ma part, je ne regrette qu’une chose : que le Pisani ne soit pas sorti à temps pour figurer sur la liste du Goncourt.
(Remerciements à Charles Marcel qui m'a communiqué cette magnifique info)
Une jaquette que ne renieraient
pas les éditions de Minuit
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