-
Courrier des lecteurs - Caroline Muzoc
Monsieur Chabossot, cher Aloysius,
J’ai une ambition dans la vie : devenir une grande vedette, comme par exemple Tatiana de l’Ile de la tentation. Seulement j’ai passé le casting pour la prochaine saison et ces idiots ils n’ont pas voulu de moi à cause de mes lunettes à double foyer et mes moustaches. Ils sont trop nuls, c’est pourtant ce qui fait tout mon charme, enfin c’est ce que dit Monsieur Brissot, le gérant de la station-service à côté de chez moi, qui s’y connaît bien en esthétique vu qu’il a déjà organisé deux concours de ticheurt mouillé à la salle des fêtes du village (je devais y participer mais au dernier moment Monsieur Brissot m’a dit que je pouvais pas parce qu’il y avait plus d’eau, c’est rageant !).
Bon alors je me suis dit que si de ce côté-là ça marchait pas, il fallait que je trouve autre chose de moins dur pour devenir célèbre. J’ai beaucoup réfléchi pendant que je coiffais Madame Gimbert au salon et j’ai finalement trouvé : je vais devenir écrivain de livre. Parce que j’ai remarqué que presque tout le temps les écrivains sont largement moins beaux que moi, et souvent carrément moches, alors il n’y a pas de raison pour qu’ils réussissent et puis pas moi. Par exemple, vous, quand on regarde votre photo sur le blog, sans vouloir vous vexer faut bien dire que vous faites pas vraiment envie, et d’ailleurs si vous voulez un conseil, vous présentez pas à un concours de ticheurt mouillé, vous avez aucune chance.
Bon maintenant que mon choix est fixé, que je sais que je vais devenir écrivain, le plus dur est fait, sauf quand même qu’il faut que j’écrive un truc, oui, parce que sinon on risque de dire que je suis pas un vrai écrivain et tout mon plan va tomber par terre. Alors voilà Monsieur Chabossot, si vous pouviez me donner un coup de main ça serait drôlement gentil de votre part. Je vous donne quelques tuyaux pour que vous vous mettiez très vite au travail. Alors je voudrais un livre assez gros quand même, genre 300 pages, écrit petit parce que ça fait staïle et surtout sans image parce que ça fait tartignolle, sauf sur la couverture où il y aura une photo de moi en maillot de bain que M. Brissot à prise à la piscine municipale l’été dernier, qu’est trop bien. Voilà. Bon, pour l’histoire, j’ai pas trop d’idée et je préfère vous faire confiance. Mais quand même j’aimerai bien que dans les héros il y ait Jean Dujardin (parce qu’il est trop beau) et aussi Léonard Caprio (parce qu’il est trop beau). Pour le reste vous faites comme vous voulez, vous avez patte blanche. Ah si ! Quand Même, j’aimerai bien que ça se passe entre Monaco et Clermont-Ferrand, et qu’il y ait deux ou trois scènes de sexe avec Léonard et Jean (mais pas ensemble, hein !)
Bon, j’attends votre réponse.
Et vu que je suis pas une ingrate, je vous ferai inviter sur le plateau de Fogiel (dès que je le connaîtrai)
Salutations distinguées,
Caroline Muzoc
_________________________________________________________________________Chère Caroline,
Contrairement à ce que vous pouvez penser, j’ai participé à de nombreux concours de ticheurts mouillés dont je suis plus d’une fois sorti victorieux, comme en atteste la série de trophées Marlboro qui trônent fièrement dans mon armoire à souvenir sise en face de mon bureau. Fort de cette expérience, je puis si vous le souhaitez vous prodiguer de judicieux conseils dans un domaine qui, je l’avoue modestement, n’a plus de secret pour moi (en voici un pris au hasard, juste pour le plaisir : n’oubliez pas de vous munir d’une bouteille d’eau avant de concourir).
En revanche il va m’être difficile, en dépit de la belle éloquence dont vous avez su parer votre demande, de vous aider dans votre quête, car je dois absolument classer ma collection de timbres et surveiller une tarte aux pommes que je viens de mettre au four. Mais pourquoi ne pas essayer par vous-même ? Les éléments que vous me fournissez sont amplement suffisants pour rédiger un solide roman, qui plus est de 300 pages écrites petit.
Puisque vous m’êtes sympathique (alors que, vous le noterez, je n’ai même pas encore vu votre photo en maillot de bain) voici une petite trame sur laquelle vous allez pouvoir broder à l’envie :
Jean et Léonardo, deux sympathiques SDF cocaïnomanes de Clermont-Ferrand décident, afin d’échapper à l’IGF, de rejoindre Monaco en stop. A la sortie de la ville, ils sont pris par un agriculteur en retraite et en 4L qui les dépose à Saint-Flour en passant par la R11 (c’est sans doute la partie la moins intéressante de l’histoire).
Nous les retrouvons ensuite marchent la tête basse et le moral en cale sèche le long d’une route poussiéreuse, le pouce mollement tendu en direction de la circulation impassible. Soudain, une Lamborghini rouge s’arrête à leur hauteur dans un crissement de pneu assourdissant. Il s’avère que la luxueuse voiture est conduite (à tour de rôle) par deux sœurs siamoises nymphomanes qui entreprennent sans plus attendre de réviser l’intégrale du Kama Sutra avec nos deux acolytes (tout en gardant un œil sur la route).
Chemin faisant, cahin caha, ils finissent par arriver à Monaco. Nos deux compères décident séance tenante de s’infiltrer dans l’armée de la principauté et d’en corrompre les plus hauts dirigeants en leur offrant des barres chocolatées. Fort du soutien de leurs nouveaux amis, ils font un putsch, renversent Albert de Monaco et prennent sa place sur le trône. Grâce à la caisse noire du Palais, ils importent un prestigieux chirurgien de Buenos Aires qui va opérer les siamoises afin de leur rendre une vie normale. L’opération est une réussite, mais les ex-siamoises n’ont plus qu’une jambe chacune pour se déplacer, et l’une d’elle tombe dans le grand escalier du palais en se brisant le coup. Fou de douleur, Jean tente de suicider en fondant le Parti Communiste Monégasque (PCM). Le chirurgien argentin, avec toute la puissance de conviction de son BAC+5 le ramène in extremis à la raison. Par la même occasion il lui apprend qu’il va prochainement changer de sexe, et Jean promet de tomber fou amoureux de lui dès qu’il s’appellera Carlotta.
L’histoire s’achève sur le mariage en grande pompe de Jean et Carlotta et de Léonardo et le morceau de siamoise qui reste.En espérant vous avoir été utile,
Votre AC
PS : N’oubliez pas de m’envoyer votre photo.
Il semblerait que cette photo soit un faux grossier,
sinon comment expliquer l'absence de lunettes à double foyer ?
Tags : qu’il, j’ai, deux, jean, moi
-
Commentaires
1Loïs de MurphyMercredi 12 Mars 2008 à 23:38Répondrej'aime ecrire et pour cela j'ai consacré toute la moitie de ma vie a ecrire mon talent immerge dans l'anonymat .je pense mieux que emile zola
Cher Aloysius,
Je suis Sixtine, si si, elle-même, âgée d'au moins cinq-cent-trente ans... Je suis une auteure, une écrivaine, une écrvaillonne en devenir, voire, comme le dirait ma coach en bien-être, déjà éditée (mon subconscient doit enregistrer la chose comme réelle m'a-t-elle dit). J'ai dû prendre une coach, car à vivre dans la poussière à entendre des ohhh et ahhh ineptes sur la beauté de mon plafond, j'avais bien besoin d'être remotivée . Donc, j'écris et après avoir dévoré votre ouvrage, m'en être délectée les babines et avoir bien ri, j'en ai retiré une chose, ce qui n'est déjà pas si mal, quand on sait que c'est là votre seul ouvrage à avoir été publié ^^
J'ai un compagnon qui est, presque, autiste (ce qui est déjà capital), auteur, pour sa part, de poésies très sombres et kafkaïennes. Il a tout lu, ou presque, en tout cas, beaucoup d'hommes morts, de Verlaine à Baudelaire, de Balzac à Hugo, de Dostoïevski à Appollinaire, j'en passe certainement. Ah oui, j'oubliais Prévert. Il vient d'ailleurs de recevoir le second accord pour une publication de ses poèmes au prix de... 2400 euros (l'autre maison réclamait 2700 euros). Alors, grâce à ce compagnon, presque, autiste, je peux vaquer à mon occupation d'écrivaine. De plus, je suis au chômage et l'homme travaille, il faut bien qu'il gagne notre croûte pendant que je repasse ses chemises, non ?
J'ai deux chats, donc, ça dort, ça ronronne, ça miaule, mais pas besoin des les sortir, ni de leur dire "je t'aime" à longueur de temps.
Mes filles sont grandes et vivent leur vie... Avec tout ça, si je ne suis pas publiée dans les douze mois, alors c'est que votre ouvrage est une vaste supercherie, ce dont je suis persuadée.
Mais, moi aussi, je veux de l'aide pour écrire mon histoire, moi aussi j'exige d'être lue, vue et reconnue et moi aussi, je veux m'acheter une maison avec piscine dans l'arrière-pays niçois, avoir une adresse à Montécarlo et des amis comme Fred, Max ou Ben (lisez : Frédéric B., Maxime C. et Bernard W.)
C'est vrai non, pourquoi est-ce que les co....ries de Marc et de Guillaume sont publiées à grand fracas, des devantures entières à la Fnac leur sont consacrées, pourquoi ces jérémiades nunuches à pleurer font courir les femmes (pas moi)... enfin, tout ceci me stresse au plus haut point et m'empêche de mettre mes idées à plat sur le clavier de mon netbook.
Et me voici, je viens quémander une aide que j'espère providentielle, mais comme j'aime les thrillers et la surprise, je vous laisse le choix du sujet, du héros, de l'anti-héros, du lieu, de la fin... toute l'histoire en somme, mais qui sera publiée à mon seul et unique profit, bien évidemment. Je pourrai éventuellement mettre votre nom quelque part dans les remerciements, mais comme tout le monde sait que les écrivains sont des être égoïstes, narcissiques et qui aiment s'écouter parler, c'est même pas certain que ce pseudo bizarre qui est le vôtre apparaisse un jour sur l'une de mes oeuvre majeures et pourquoi pas, magistrales.
Encore merci pour ces doux moments de délires, rires et sourires et peut-être, à bientôt.
Je vous salue et vous souhaite "tout le bonheur du monde."
Sixtine
8MorganeJeudi 17 Novembre 2011 à 16:099JohanJeudi 17 Novembre 2011 à 16:0910ThomasJeudi 17 Novembre 2011 à 16:0911victoriaJeudi 17 Novembre 2011 à 16:0912Pffftt...Jeudi 17 Novembre 2011 à 16:0913crystalJeudi 17 Novembre 2011 à 16:0914ThomasJeudi 17 Novembre 2011 à 16:0915Le Concombre MasquéJeudi 17 Novembre 2011 à 16:0916LineJeudi 17 Novembre 2011 à 16:0917LineJeudi 17 Novembre 2011 à 16:0918VoidJeudi 17 Novembre 2011 à 16:09
Ajouter un commentaire