• Deviens un génie précoce de la littérature avec Marien Defalvard

    Ainsi toi aussi, malgré ton arrivée récente sur la planète terre, tu rêves tout comme les grands d’être publié, de devenir riche et célèbre et de t’enfiler des rails de coke à même le capot d’une Porsche Cayenne garée sur une place de livraison ? Pour accéder à cette saine et légitime aspiration, tu as concocté dans ta chambrette tapissée de posters de Justin Bieber le début d’une ébauche de roman mettant en scène une jeune et candide lycéenne amoureuse d’un séduisant vampire affublé d’yeux rougis comme s’il passait toutes ses après-midi à la piscine. Eh bien, permets-moi de te dire que tu es bien mal barré, et si tu ne veux pas que tes rêves de célébrité et de débauche se transforment en fumage de pétard derrière la gare SNCF du Plessis-Trèvise entouré de 3 punks à chien, tu ferais mieux d’écouter mes conseils, et de prendre bien vite exemple sur... Marien Defalvard.

    Car voilà un petit jeune homme qui a tout compris. Tout d’abord, le nom : Marien Defalvard, c’est sûr que ça sonne mieux que Kevin Michon ou Kimberley Dufieu ! Sais-tu que toute époque confondue, on trouve moins de 2 Marien sur 10 000 naissances par an ? Dès lors, difficile de le confonde. Alors que des Kevin, à la grande époque, c’est 350 sur 10 000 naissances ! J’ai vérifié sur http://www.prenoms.com/. Aussi pour sortir du lot, trouve-toi très vite un prénom bien tordu, que tu assortiras d’un nom de famille qui sent bon la province séculaire et le nobliau désargenté. Exemple : Aloysius Descourette, Vanceslas  Delatoiture, Ermeline Demirandaux, tu n’as que l’embarras du choix.

    Ensuite, fais-moi plaisir : oublie vite tes salades de vampire redoublant de terminale L et les histoires de touche-pipi à l’intercours. Désolé de te le dire, mais il va falloir que tu te grattes un peu plus le crâne pour épater un minimum la galerie. Je ne parle pas de l’histoire : on est en France, pas aux States. Je te parle du style, de la tournure des phrases, des mots employés, de la syntaxe. Alors tu vas vite oublier le modèle sujet-verbe-complément-le-tout-au-présent pour nous mitonner de l’inédit bien tordu. Et n’aie pas peur de tarabiscoter. Regarde, Marien il a pas peur lui :

    "Je pensais cela : quand, après le premier mouvement de l'existence ('Le ballet, mesdames et messieurs ! Applaudissez le ballet !... Et maintenant, entracte'), quand après le temps des élixirs et des sèves, la douce vue des jours et celle, bleuâtre, de l'espérance, quand vitement, lentement les jours s'engrisent, se vanissent, se contingentent, alors, si nous étions sérieux, il faudrait que chacun en terminât." (Du temps qu'on existait - page 104)

    Pour les mots compliqués, facile : tu empruntes à la bibliothèque le Dictionnaire des mots rares et précieux, et tu en tartine tes phrases. Tu te débrouilles comme tu veux, il m’en faut au moins cinq par page. Pour le sens, on s’en fiche, tu penses bien que personne n’ira vérifier

    Ensuite, il va falloir très vite te transformer en une machine à paroles qui débite au kilomètre de la phrase estampillée “Grand oral de Sciences-Po” destinée à vanter auprès des foules ignares les incommensurables qualités de ton bouquin. Oublie donc dès que possible les “J’veux dire”, les “quoi”, les “euuuuuuh” et autres expressions du genre “grave” ou “chanmé” qui truffent habituellement ta conversation anémique de jeune crétin nourri au Secret Story.  Et puis, si tu arrives à faire deux choses en même temps, tu accompagneras ton discours de quelques tics adolescents, style “soulèvements compulsifs de sourcils” ou “balayage de mèche rebelles” qui tendront à prouver définitivement que tu appartiens bien, malgré l’incroyable aisance de tes propos, à la catégorie des vrais djeuns qui se badigeonne de clearasil le matin dans la salle de bain parentale.

    Pour mesurer l’ampleur de la tâche qui t’attend, jette donc un oeil à cette éloquente vidéo de Marien :

     

    Dernière chose : en toute circonstance tu feras preuve d’une indéfectible confiance en toi et en ton génie. Pour ce faire, tu écriras sur wikipédia un article sur toi-même ou tu exposeras en termes mesurés et impartiaux l’extraordinaire étendue de ton talent littéraire, peut importe par ailleurs que ton livre soit publié ou pas. Si d’aventure quelque contributeur aigri et jaloux exprime une vague réserve sur le bien fondé de ta présence sur l’encyclopédie en ligne, n’hésite pas à en rajouter une double couche et à sortir l’artillerie lourde en te comparant aux grands anciens. Ca ne peut pas faire de mal, et vu que les grands anciens sont morts et enterrés, ils ne t’en tiendront pas rigueur.

    Pour exemple, voici un extrait des véhémentes contestations de Marien face à l’outrecuidance de la plèbe wikipédesque qui a osé modérer son article :

    Comptez le nombre de papiers sidérés par l'écart entre cet âge et les beautés de l'écriture : ils sont nombreux. Garcin parlait du « grand oeuvre d'un romancier chevronné » ; Proust, Aragon, Rimbaud, Nerval, Gide ont, entre autres, été cités. Il faut tout revoir.

    Voilà, jeune littérateur des temps modernes à la chevelure outrageusement sébumée,

    tu tiens entre tes petites mains potelées tous les outils pour arriver à tes fins.

    A toi de jouer !

     

    Comment devenir un génie précoce de la littérature : le cas Defalvard

    Toi aussi fais comme Marien : prends sans plus attendre le "Stairway to heaven"


    Les extraits du livre proviennent de Jérome Dupuis qui n’a pas vraiment goûté au génie du jeune Marien, l’inconscient

    http://www.lexpress.fr/culture/livre/du-temps-qu-on-existait-en-quatre-extraits_1037039.html

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  • Commentaires

    1
    LN Deuxtrois
    Lundi 21 Novembre 2011 à 17:38

    Merci pour l'éclat de rire.

    Pour le reste, je ne sais point, je ne l'achèterai point parce que je n'ai point Tenvie.

    2
    Aloysius-Chabossot Profil de Aloysius-Chabossot
    Mardi 22 Novembre 2011 à 11:43

    Mais de rien chère LN !

    Ah ! C'est sûr qu'il faut avoir envie, hein !

    3
    L'ingénu
    Mardi 22 Novembre 2011 à 14:14

    mais c'est nullissime, purée ; mais t'as cru quoi ? qu'il se forçait ? Marien et surdoué, il a fait Hypokhâgne à 14 ans

    4
    Aloysius-Chabossot Profil de Aloysius-Chabossot
    Mardi 22 Novembre 2011 à 15:01

    "Purée"... Vous y allez fort dans l'invective !

    5
    Gelée de groseilles
    Mardi 22 Novembre 2011 à 19:09

    Cet article est désopilant. 

    Moi j'ai acheté le livre, lu jusqu'à la moitié, et j'ai regretté. "Much ado about nothing"

    6
    Alone in my world
    Mardi 22 Novembre 2011 à 20:37

    Sil existait un prix de la Resucée littéraire, Marien Devalfard l'aurait gagné haut la main. S'il existait un prix de la Création littéraire, il aurait été bon dernier. Il a eu le prix de Flore destiné aux jeunes auteurs c'est un bon compromis je trouve. 

    7
    Jeudi 24 Novembre 2011 à 19:15

    C'est, curieusement, un livre de peu d'esprit. Mais je dois admettre qu'en le lisant, j'en étais reposé. Point de subversion, beaucoup d'allitération gaillarde... je m'y suis endormi avec hébétude.

    8
    gegedesuresnes
    Dimanche 27 Novembre 2011 à 00:08

    C'est un génie, indiscutablement, dans le sens où il est autre avec classe, immergé dans un ailleurs que révèle une langue où aucune des approximations langagières actuelles ne se retrouve. Mais il n'est pas pour l'instant un génie littéraire. L'écriture alambiquée n'indique pas la haute stature, mais les pieds dressés sur leur pointe, de toute la hauteur de leur prétention (j'pompe ça à Romain Gary).

    Et puis cette arrogance incroyable, en dehors de ces livres, qui corrobore le fait que cette prose est avant tout pédantesque avant d'être virtuose. Ici l'homme amoindrit l'écrivain, et c'est bien fait; il faut se cacher derrière son oeuvre. Grand esprit ; petite âme...

    9
    cera
    Lundi 28 Novembre 2011 à 20:03

    Vos dires imbéciles sont désopilants. Votre médiocrité à tous doit vous rendre bien jaloux d'un tel jeune homme, talentueux, classe, intelligent. Quelle tristesse de  lire vos commentaires. Marien est bel et bien son vrai prénom et son nom est bel et bien son vrai nom. Que de conneries vous pouvez écrire. Heureusement qu'il y a des jeunes comme Marien Defalvard qui nous aide à  penser que la jeunesse n'est vraiment pas si nulle, ce qui n'est pas le cas en  lisant vos commentaires. Grand esprit et grand âme. Merci Marien pour la beauté de votre écriture et pour vos prestations.

    10
    lalith
    Lundi 28 Novembre 2011 à 22:54

    Fichtre !

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    11
    Aloysius-Chabossot Profil de Aloysius-Chabossot
    Lundi 28 Novembre 2011 à 22:56

    Gare au coup de sang, Maréchal !

    12
    Gelée de groseilles
    Mardi 29 Novembre 2011 à 01:40

    Defalvard n'est pas classe. Un type qui écume le web pour enguirlander tout ce qui ne l'encense pas n'est pas classe. Quelqu'un qui se vante, à l'occasion d'une pitoyable mondanité, de faire de la littérature fasciste, n'est pas classe. 

    Quant à l'intelligence,  ça ne se résume pas à de la performance technique et lexicale. Ca consiste aussi à s'intéresser un peu au monde autour de soi et à essayer de le comprendre. Or, il ressort et du bouquin et des propos de Defalvard que son seul centre d'intérêt, c'est lui. 

    Donc sans vouloir vous froisser, Cera, je ne vois pas trop ce que l'on peut jalouser chez cette jeune créature.

    13
    gegedesuresnes
    Mardi 29 Novembre 2011 à 13:43

    On peut difficilement nier qu'il soit brillant malgré tout. Il est possible d'être à la fois représentant de la droite la plus mesquine, plein d'aigreur, de vanité et d'un amour pitoyable pour la compétition, et un écrivain prometteur. Il y a quand même d'excellents passages dans ce bouquin, quand du moins ce jeune homme cesse -et c'est rare- de faire de l'épate lexicale et stylistique. Donc si je persiste, ce type a une certaine classe intellectuelle, même s'il est parfaitement détestable. Et de ce fait il mérite bien la caricature et la moquerie.

    PS: il est grave chanmé ce post, ça me donne des idées parce que franchement à côté de moi Victor Hugo c'est un peu une baltringue... 

    14
    lalith
    Mercredi 30 Novembre 2011 à 20:23

    De fait, j'adore les "baltringues" !

    A vrai dire, quand mister D. mettra autant de coeur sur le sens que sur la forme, je suis sur qu'on pourra en tirer quelque chose... Si son narrateur avait connu l'acte charnel, peut-être aurions nous eu un livre passionnant... Il y a autant de frustration chez "le romancier" que chez son lecteur...

    Et j'aime beaucoup ce qui s'est produit sur sa page Wikipédia...

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