• Frédéric Chawa, pourfendeur du raccrochage au nez

    Je fais partie de ceux qui pensent (nous sommes 47) qu’il existe une chanson adaptée à chaque occasion de la vie,  que cette  occasion soit triste ou gaie. Et lorsque nous écoutons cette chanson, au hasard d’une programmation radiophonique ou dans un supermarché de banlieue, elle contribue comme par magie à regonfler d’espoir notre petit cœur d’enfant (ou à le gonfler encore plus, c’est selon). Pour ne vous citer qu’un exemple, il m’est arrivé une fois, il y a bien longtemps, de perdre sur une plage du sud de la France une bonne amie prénommée Aline (en fait, je m’étais endormi sous le parasol et lorsque je me suis réveillé, elle n’était plus là. J’ai appris, mais bien plus tard, qu’elle était partie prendre des leçons de natation avec un de ces gommeux bodybuildés et imberbes qui se font pompeusement appeler « maître-nageur ». Le plus étonnant dans cette histoire est qu’elle se piquait d’être vice championne de la Creuse en 400 mètres nage libre. J’ai parfois du mal à suivre la logique féminine).
    Inquiet, je pars bien évidemment à sa recherche, et bientôt ma quête me mène devant la pizzéria-friterie de la plage, plaisamment nommée « Chez Luigi », au moment précis où le juke-box qui équipait cet endroit se met à jouer « Aline », du grand chanteur néo-romantique Christophe. Là, pétrifié par l’émotion, je reste, les bras ballants, les pieds tremblotant dans le sable, à écouter les paroles, tandis qu’un caniche abricot, ayant probablement confondu mon mollet avec un réverbère, entreprend de se soulager sur mes tongs achetées de la veille…
    Bon, je réalise que ce n’est pas un bon exemple, vu que juste après j’ai voulu me suicider en tentant de m’introduire dans le four à pizza de chez Luigi.
    Je pense cependant que vous avez compris le principe.
    Mais il arrive parfois que pour une occasion donnée, on soit impuissant à la trouver, cette fameuse chanson. Pourtant on sait qu’elle existe (enfin, les 46 qui pensent comme moi savent qu’elle existe). Elle est là, tapie quelque part au fond d’un garage, sous la forme désuète d’une galette de vinyle noir, ou encore pire, étalée sur une musicassette  poussiéreuse se languissant dans la boite à gants d’une Simca Gordini… Elle est peut-être là, à deux pas (mon voisin à une Simca Gordini). Mais comment le savoir ?
    Et puis un jour, alors que l’on espérait plus, elle apparaît, au détour du hasard, et sa puissance évocatrice que l’outrage du temps a miraculeusement épargnée (en général c’est un vieux machin) submerge votre âme et s’empare de votre corps( surtout si la musique est entraînante).
    C’est précisément ce qui m’est arrivé il y a peu.
    Voilà, un jour, j’étais au téléphone depuis une petite heure avec Victoria Canard, occupé à l’entretenir de ma passion pour les renoncules (comme vous les savez, la renoncule est un genre de plante herbacée, annuelle ou vivace, de la famille des Renonculacées qui regroupe près de 1 500 espèces à travers le monde, c’est absolument fascinant) lorsque soudainement elle me raccroche au nez… Interloqué, à la limite de l’hébétude, je fixe mon combiné le regard empli d’une légitime incompréhension. Il est vrai que Victoria Canard possède son petit caractère, mais tout de même ! Pourquoi tant de haine ? Je raccroche le téléphone et me mets à tourner en rond autour de ma table de salon. « Bon sang » me dis-je à moi-même, mais pas trop fort pour ne pas me réveiller, « Bon sang, il doit exister une chanson sur le raccrochage au nez qui serait sans doute à même de m’indiquer la voie à suivre dans cette terrible épreuve… Oui, mais où ? »
    Cette quête infernale, mes amis, a duré un an. Douze longs mois durant lesquels j’ai vécu un véritable calvaire : je ne mangeais pas, je ne dormais pas, je  ne regardais plus la télé, à part « Question pour un champion ». Et puis un beau jour, alors que je m’étais résolu à devenir une loque humaine (j’étais à deux doigts de m’inscrire à l’UMP), la délivrance arriva enfin, le sauveur s’appelait Frédéric Chawa. Ne me demandez pas qui est Frédéric Chawa. Eventuellement demandez-lui directement. Mais sait-il lui même qui il est ? Mais trêve de balivernes philosophantes, passons à l’essentiel.
    Sur une musique dont l’apparente rusticité contribue  à magnifier le propos en lui offrant un écrin de bois brut (avec de-ci de-là quelques échardes), Frédéric Chawa venge définitivement en deux petites minutes toutes les personnes ayant été victime un jour ou l’autre d’un raccrochage au nez. Et c’est le cœur serré et les yeux révulsés par l’émotion que nous entonnons avec lui la question qui taraude chacun d’entre nous : « Mais qu’est-ce que c’est ces façons-là ? »

     

    Pour écouter "Ne raccroche pas", cliquez sur ce téléphone.

     

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 6 Avril 2008 à 13:09
    Delphine Alpin-Ricau
    perfecto ! je suis absolument d'accord avec vous cher maître ! Des chansons pour chaque situation de nos pauvres vies, et on se sent moins seuls : "Ah!Ce type là, il l'a vécu aussi !" ; des écrits, des billets, des écrivains géniaux également qui parlent du quotidien et savent aussi nous faire sentir moins seuls dans nos petits déboires, existenciels ou banals. Et humour toujours ! A très bientôt !
    2
    Dimanche 6 Avril 2008 à 14:25
    Pffftt...
    Mouais...le Maître incontesté dans le domaine. K'écrire de plus grandiose après cela ? Bon je vé aller voter plus haut tiens en attendant l'inspiration et la sonnerie du téléphone roze...
    3
    Lundi 7 Avril 2008 à 21:57
    clementine
    Cher Monsieur Chabassot, Votre texte me parle. il parle à mes souvenirs.. de raccrochage au nez.. j'aime beaucoup raccrocher au nez d'un interlocuteur mal poli ou d'une interlocutrice qui me pousse à bout ou alors très mal polie. Je lui redonne la monnaie de la pièce comme on dit.. mais je ne réfléchis pas.. c'est du spontané.. Avez-vous essayé de raccrocher au nez de quelqu'un. L'on ressent un immense plaisir, comme un soulagement, c'est comme si on lui disait enfin ce que l'on ose pas lui dire depuis des temps.. et vlan.. toi, qui m'ennuies, toi qui n'es pas poli, et vlan.. le téléphone parle à ma place.. j'appelle cela les doubles messages du téléphone.. Il en dit le téléphone des choses. ne pensez-vous pas ? Ecoutez votre téléphone et je suis certaine que la chanson qu'il vous chantera sera stupéfiante, mais vous enchantera.. Je ne vous raccorche pas au nez, mais je vous salue pour ce soir et au plaisir de lire un nouveau texte de vous qui m'enchantera. Bonne soirée cher monsieur Chabassot.. Clémentine
    4
    Lundi 7 Avril 2008 à 23:03
    C à dire euh...bon alors oui c venu, enfin pas l'inspiration, mais la sonnerie du téléphone roze, ouais plutôt. Et en fait, bon ben j'avé répèt, je devé aller faire kelkes "entre-chat" pour épater la galerie, et du coup g pas raccroché o nez (ah ben nan ça jamé!) mais disons ke bon, g pas répondu comme j'oré aimé...enfin vous voyez koi, c aussi un peu ça k'il nous dit Frédéric kan il braille en Fa dièze "coucou c moi!" ou un truc dans le genre...c clair ? ouais bof...accordé...mais bon la fatigue, ça pèse sur les mots à force ! Donc pas clair, aïe, aïe, aïe pas clair du tout même !!!
    5
    Dimanche 13 Avril 2008 à 18:19
    Pffftt...
    euh...c moi son amoureuse à AC...donc ben...pas la peine de vous fatiguer hein les filles...je suis désolée vraiment...je comprends votre déception...Bon, OK! OK! OK! c pas encore gagné ke je sois l'élue de son si joli coeur...mé suis dako pour faire partie des prétendantes...un début déjà...juste o k où koi !
    6
    Jeudi 15 Mai 2008 à 13:17
    J'ose vous faire part de mon indignation. J'ai bien gentiment cliqué sur le téléphone rose et rien ne s'est produit. Je vous laisse bien imaginer mon immense déception, qui me fait remettre en cause mon passage sur ce blog.
    7
    Mardi 20 Mai 2008 à 20:32
    J'voudré pas avoir l'R de supplier ou koi, mais g plus rien à écouter là...comment ça se passe maintenant k vous z'êtes en retraite, on doit écrire dans le silence? On doit devenir sérieux ? se concentrer ??? s'appliquer ??? TRAVAILLER ??? ben crottes de mouche alors !
    8
    Nat'
    Jeudi 17 Novembre 2011 à 16:09
    Nat'
    Bonsoir Aloysius, Vous me voyez navrée d'apprendre que le fonctionnement de l'industrie du livre est si détestable. En effet, reléguer votre oeuvre au rang des "vieux machins" au bout d'à peine 4 mois de mise en vente est parfaitement scandaleux ! Cela ne fait pas que me navrer mais me révolte terriblement ! (Imaginez moi, les yeux exorbités et les dents serrées, vous comprendrez mieux mon sentiment !) Pour l'heure, je vais commander votre oeuvre sur le net en espérant vivement qu'elle ne tardera pas à me parvenir. Quant à Vous, chère Victoria, je comprends votre émotion. Bien-sur, j'aurais pu venir au salon du livre... Cependant, n'étant pas très vive (voyez le temps qu'il me faut pour acquérir le livre de notre idole !), je n'ai pas eu le loisir d'organiser mon emploi du temps afin de me permettre de me rendre au dit salon... Toutefois, je ne le regrette pas. Je me désespère déjà de ne pas avoir été choisi par notre cher Aloysius pour être SA millième, alors imaginez mon état si j'avais eu le plaisir de le rencontrer !!! Non, je ne peux me résoudre à cette idée. Le constat est donc simple. Il me faut rester dans l'ombre afin de ne pas me perdre dans les méandres d'une longue mélancolie... Mon coeur, mes nerfs ne sauraient endurer cela ! De ce fait, cela vous laisse le champs totalement libre (si nous faisons abstraction de Mme Chabossot et s'il était possible de me considérer comme une éventuelle rivale... !) ! (Ne suis-je pas charmante franchement ?) Je vous souhaite donc de parvenir à séduire MonSeigneur le plus rapidement et le plus complètement possible... (attention tout de même, prévoyez une pelle et une balayette pour votre coeur, au cas ou ce cher homme vous le briserait... car je le rappelle, tout aussi magnifique soit-il, il n'en reste pas moins un homme avec tout ce que cela implique de vil et de fourbe... j'ai dis fourbe ? Non, vous avez du mal comprendre !) Sur ce, bon courage chère Victoria. Quant à vous, Aloysius, je m'incline devant votre grandeur ! Bien à vous, Nat'
    9
    victoria
    Jeudi 17 Novembre 2011 à 16:09
    victoria
    Chère Nat Mais comment avez vous pu rater votre idole au salon du livre ? non seulement vous auriez pu avoir un échange riche en émotion et en rire avec ce cher Aloysius et peut-être même la bise...et surtout une magnifique dédicace sur ce merveilleux chef-d'oeuvre dont vous êtes en quête. Moi je dois dire que je n'ai pas résisté au plaisir d'aller le voir et d'avoir une superbe dédicace sur mon livre "rien qu'à moi" ! Je dois bien avouer que je suis tombée littéralement sous le charme de ce monsieur... Ecoutez cher Nat si jamais j'arrive à conquérir le coeur de ce cher Aloysius canard et que je devienne sa chérie pour la vie. Si j'arrive à l'avoir dans mes pattes le jour et la nuit, alors dans ce cas je vous enverrais un exemplaire de ce magnifique livre dédicacé par le maître ! Le seul bémol : je crois que ce monsieur a déjà quelqu'un. Alors souhaitez moi bonne chance ! Je ne manquerais pas de vous tenir au courant par le biais de ce blog donc continuez à le visiter régulièrement. Quant à vous très cher A.C. permettez moi de vous écrire sur votre boite mail pour tenter de vous séduire car je suis la femme de votre vie. Si si je vous assure. Mon coeur bat pour vous depuis ce délicieux salon...Je crois même depuis bien plus longtemps...
    10
    Nat'
    Jeudi 17 Novembre 2011 à 16:09
    Nat'
    Bonjour Cher Aloysius, J'espère que vous allez bien. Tout d'abord, je tiens à vous prévenir que ce commentaire ne vise pas l'article sur lequel il est posté. En effet, je tenais à souligner un point gravissime et n'étant dotée que de peu de patience, je n'ai pas cherché un article mieux approprié pour vous faire part de ce qui me trouble... (Notez ma franchise et comme il est louable de reconnaitre ses petits défauts aussi minuscules soient-ils !) Je vous expose dont l'objet de ma visite aujourd'hui : Je me suis rendue à la Fnac courant de semaine passée afin de m'approvisionner en nouveauté (je parle de livres bien-sûr). Me voilà donc en train de fouiner un peu partout dans mes rayons préférés quand me vient à l'esprit votre nom. Je cherche donc le fameux livre que je n'ai pas eu le plaisir de gagner lors de votre concours (oui, je n'oublie pas cher Monsieur!)... En vain... Je m'adresse donc à une vendeuse (je l'ai reconnu grace au magnifique gilet que sa direction l'oblige à arborer tel un aparat de fête) qui fait la mou et se rue vers son ordinateur pour y trouver l'information que je lui demande... Après quelques secondes, voire minutes interminables, elle m'annonce que ce livre ne peut être réapprovisionner que sur commande car il n'est pas vendu sur stock. Imaginez mon désapointement... Cette femme, ridiculement acoutrée, était en train de me dire d'un air désinvolte que l'oeuvre de mon idole n'était pas digne d'être en rayon... et que seule la demande d'un ou d'une bougresse comme moi pouvait décider son entreprise à approvisionner ladite oeuvre pour la quantité exacte commandée. Mon coeur s'est fendu en deux ! L'oeil menaçant, je me suis détournée d'elle de crainte de ne finir par la mordre (la chaleur, les lumières agressives compilées à l'indifférence de la dame commençait à me monter au crâne... ) Tant pis, ais-je rétorqué. Et je suis partie (non sans faire l'achat de trois ou quatre livres pour moi et ma petite famille). Alors, cher M. Chabossot, que se passe t'il ? Comment votre maison d'édition n'oblige t'elle pas les distributeurs via un juteux contrat, à placer votre livre chez les revendeurs, en tête de gondole sous un immense panneau annonçant votre chef-d'oeuvre ? Ceci est tout à fait scandaleux ! Il n'est pas envisageable et encore moins acceptable de devoir commander votre livre pour pouvoir s'en délecter ! Il devrait être en libre service dans tous les lieux ayant pour activité (même secondaire) la vente de livre ! Dans l'attente de votre réponse, qui viendra sans tarder, j'en suis certaine, je vous souhaite un bon samedi. Bien à vous, Nat'
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