• Je le vends mais surtout ne l’achetez pas !

    Je le vends mais surtout ne l’achetez pas !

    Voici une photo trouvée sur Facebook, précisément sur la page de Rémy Elkoubi (je le cite, car il s’agit d’un ami d’une amie, que par ailleurs j’aurai bien du mal à identifier si d’aventure je la croisais dans la rue, mais bon… vous connaissez le principe de FB…).

    L’image montre l’un de ces petits cartons que l’on voit fleurir de plus en plus sur les étals des librairies branchées et qui, en quelques lignes, exposent l’avis du maître des lieux ou de l’un de ses sbires. En général, vu l’étroitesse de la surface allouée, cela se limite à « Haletant de la première à la dernière ligne. Un fascinant chef-d’œuvre qu’il faut absolument avoir lu » (sous entendu : « si vous ne voulez pas passez pour le dernier des ignares dans le prochain dîner en ville »). Mais là, on a affaire à autre chose. Le libraire n’a pas aimé le recueil de nouvelle de Viviane Forrester, et il l’écrit, en grosses lettres bien rondes, et avec un certain sens de l’humour, il faut le reconnaître.

    Évidemment, cette pratique peut interpeller les esprits les plus cartésiens d’entre nous. Que dirait-on en effet d’un boucher qui annoncerait à ses clients : « Ne prenez pas de rumsteck, il est dur comme de la pierre, et pas plus tard que ce matin j’ai vu des asticots en sortir » ? Ou d’un vendeur de chez Darty qui déconseillerait solennellement une télé sous prétexte que ses couleurs bavent et que l’écran fond au bout de trois semaines ? De toute évidence, il s’agit d’un comportement suicidaire et anti commercial, que notre libraire bravache a ici adopté.

    Pour ma part, et au-delà du fait qu’il contribue à scier la branche sur laquelle il est assis, je trouve l’attitude de ce libraire parfaitement réjouissante, à l’heure où la promotion à outrance dicte sa loi sur tous les plateaux télé ("le Grand journal"... Aïe aïe aïe...) et dans bien des journaux (le nouvel obs, hou là là !). Le bonhomme n’a pas aimé « Dans la fureur glaciale », il l’écrit, il l’assume, et le plus beau, c’est que ça ne l’empêche pas de vendre le bouquin. Et quand on connaît la politique de diffusion de Gallimard, particulièrement autoritaire (en gros, les librairies n’ont pas vraiment le choix : elles doivent prendre au minimum quelques exemplaires de la production Gallimard qui vient de sortir, si elles veulent continuer à accéder à l’ensemble du catalogue), tout ça ne manque ni de piquant, ni de panache !

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  • Commentaires

    1
    Mrs Pitiful
    Mardi 13 Décembre 2011 à 14:39

    Pas d'accord. Ce/cette libraire n'est pas suicidaire. Je trouve d'ailleurs ce comportement très intelligent. Remettriez-vous les pieds dans une librairie où l'on vous a vanté les mérites d'un navet? Celui qui a déjà son avis et veut acheter le bouquin va tout de même le trouver. Celui qui fait confiance au libraire va être découragé. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.

    2
    Aloysius-Chabossot Profil de Aloysius-Chabossot
    Mardi 13 Décembre 2011 à 15:06

    On est bien d 'accord (si, si).

    3
    Gelée de groseilles
    Vendredi 16 Décembre 2011 à 00:34

    En tout cas c'est rafraîchissant.

    Aujourd'hui, un mauvais bouquin reçoit des éloges polis ("une belle tentative pour approcher la personnalité complexe et tourmentée du père").

    Un bouquin moyen reçoit donc des brassées de fleurs ("lisez cette étude jubilatoire de la figure paternelle. Du grand art").

    Et pour un bon bouquin, mais sans plus, dithyrambe obligé ("on attendait ça depuis Proust / Joyce / Céline / Sigmund Freud / Jésus [ là, vous rayez la mention inutile] . Un portrait du père halluciné et surréel. D'ores et déjà un classique incontournable".

    Bref, un peu lassé par tous ces superlatifs, on finit par s'en remettre aux bons vieux copains dont on connaît les goûts. Un "Tu verras, c'est pas mal" peut être plus prescripteur que cinquante papiers boursouflés.

     

    4
    kodama
    Mercredi 21 Décembre 2011 à 14:36

    Ca me fait penser à mon boulanger. Celui-ci m'a dernièrement déconseillé la tartelette aux fraises que je lui désignais, au bord de la crise d'hypoglycémie, d'un doigt tremblotant. Pour cela il a fait une moue dégoûtée, façon Tante Geneviève qui découvre une capote uségée dans la chambre de sa filleule de 15 ans, puis a secoué lentement la tête de droite à gauche (ou le contraire, franchement j'étais face à lui, je me mélange toujours les pinceaux: c'est votre gauche face à moi ou vous voulez dire ma droite face à vous, ah quand je suis de dos, nonnon quand vous êtes de face, oh pis fait chier). 

     

    Bref, j'ai pris la tartelette aux kiwis. Celle-là c'est bon  a-t'il dit. Et puis je suis revenue en plus. Et plusieurs fois.

    5
    Aloysius-Chabossot Profil de Aloysius-Chabossot
    Mercredi 21 Décembre 2011 à 23:21

    Kodama, à mon avis vous êtes ambidextre (ou le contraire)

    6
    kodama
    Jeudi 22 Décembre 2011 à 00:48

    Vous pensez que je pourrais être....mon dieu.....ANTIDEXTRE???

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