• L'entreprise Chabossot : bilan et perspectives

    Camarades, on ne va pas se voiler la face plus longtemps : l'entreprise Chabossot est au plus bas. La courbe des ventes ressemble à la toundra sibérienne après le passage d'une cohorte de rouleaux compresseurs, le carnet de commande est envahit de toiles d'araignées, et le petit personnel aux abois redoute un plan de licenciement massif. Autant dire que dans les locaux, l'ambiance n’est pas à la rigolade autour de la machine à café.

    Comment expliquer une telle désaffection du public pour les produits Chabossot ? La réponse tient en deux points : concurrence acharnée et marketing défaillant. Mais tout d'abord, deux mots d'histoire. A l'époque où l'entreprise fut fondée par Anastase Chabossot, le paysage de l'édition française ressemblait à (voir au dessus l'image de la Toundra sibérienne et des rouleaux compresseurs). Quelques "maisons" plus ou moins dynamiques se partageaient mollement le gâteau à petits coup précautionneux de pelle à tarte émoussée. Chacun son domaine, et les moutons seraient bien gardés. Pour sa part, Anastase, homme sévère et peu porté sur la gaudriole, avait choisi de se spécialiser dans la production d'histoire édifiantes à base de veuves éplorées, d'orphelins en guenilles mais méritants, et de sémillants capitaines d'industrie pétris de valeurs humanistes puisées dans la lecture assidue des Quatre Évangiles et du Capital. C'était ce que l'on n'avait pas encore coutume d'appeler "un marché de niche". Mais la niche s'avérait assez vaste pour assurer à mon aïeul un train de vie confortable -bain de mer en été, chalet suisse en hiver- et à ses employés quelques morceaux de pain et un bout de couenne pour passer l'hiver. Il faut dire qu'à cette époque, le lecteur, naïf et inculte, n'était pas bien difficile à contenter. 

    Depuis, les choses ont bien changé. J'ai revendu le chalet il y a fort longtemps, et je me dois me contenter, en guise de bain, de la piscine municipale pourvoyeuse de verrues plantaires. La faute à qui ? A la concurrence, bien sûr ! (ceux qui ont répondu "au manque d'hygiène corporelle des baigneurs" ne suivent pas). Une concurrence féroce, impitoyable et grouillante, menée tambour battant par une horde sans cesse grandissante d'auto-auteurs qui auto-écrivent sans relâche et s'auto-édite tout pareil. Car aujourd'hui, tout le monde est auteur, tout le monde a des histoires géniales à raconter, tout le monde écrit comme Voltaire, voire comme Zadig & Voltaire. Et depuis qu'amazon a officiellement abaissé le nombre réglementaire de pages d'un roman à 40, plus personne ne se prive. C’est à chaque minute un torrent, que dis-je, un fleuve de nouvelles publications qui viennent submerger les rives virtuelles du marchand en ligne. 

    Et s'il n'y avait que la quantité, encore. Mais non, la qualité est également au rendez-vous : imagination luxuriante, couvertures chamarrées, récits haletants. Il semblerait bien que l'auteur auto-édité soit à l'auteur traditionnel ce que le piranha est à la sardine : une version un tantinet plus agressive.

    Comment lutter face au maelstrom fictionnel
    de Kitty Clarkson, par exemple ?

    Comment faire alors pour rester à la surface de ces flots tumultueux et incertains ? La réponse tient en un mot : marketing.
    A l'évocation de ce simple mot nous vient immédiatement à l'esprit des images de jeunes gens encravatés discutant part de marchés et stratégie push-pull autour d'un power-point lardés d'animations rigolotes tout en sirotant des latte de chez starbuck. 

    Dans la maison Chabossot, le service marketing ne correspond pas vraiment à cette image d'Epinal.
    Mais je vous en parlerai une prochaine fois.

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 21 Mai 2015 à 13:43
    Bregman

    Je t'avais proposé une interview courant mai. Je tarde, mais je ne t'oublie pas. Prépare ta stratégie et je te suis dans ta bataille. Amitiés. Charlie.

    2
    Jeudi 21 Mai 2015 à 13:53

    Ok Charlie ! :)

    A bientôt !

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