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apprendre à écrire un roman,tous les trucs pour être édité, en ebook, sur amazon et ailleurs

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Développer un style percutant et moderne sans trop se fatiguer.

Le principal problème des écrivains en devenir, c’est le style ( Pour ceux dont l’autre principal problème est l’histoire, un conseil : recyclez-vous dans le scrapbooking). Combien d’écrivains prometteurs viennent frapper à ma porte, les yeux emplis de larmes, et me supplient de les aider !

L’honnêteté intellectuelle m’oblige à répondre : aucun. Cela étant, ce n’est pas une raison suffisante pour me soustraire à mon devoir.

Aussi ai-je aujourd’hui la joie et l’honneur de vous faire part d’une toute récente découverte qui va révolutionner votre pitoyable existence d’écrivaillon ignoré (voire moqué).

Oui, lamentable auteur au style aussi invertébré et peu ragoûtant qu’un gastéropode baveux dégorgeant au brutal soleil de juillet, une lueur d’espoir s’offre enfin à ton regard  chassieux. A toi enfin la maîtrise d’un style percussif, original, puissant et moderne, en l’absence duquel il n’est objectivement pas raisonnable d’espérer être lu aujourd’hui, au sein d’une société qui célèbre jusqu'à plus soif les principes d’excellence et de compétitivité.

Avant, bien sûr, c’était plus facile, et un pauvre type comme Maupassant pouvait à loisir noircir des pages et des pages d’où suintait la plus effarante des médiocrités sans être vraiment inquiété : faute de concurrence, ses petites historiettes remplissaient les journaux et lui assuraient un train de vie tout à fait indécent au regard de son incroyable absence de talent. En 2009, tout ça est bien terminé, la concurrence est sauvage, les appétits démesurés, les ambitions hors normes. Pensez tout de même que vous allez vous confronter à des Musso, des Angot, des Beigbeider !

Seule échappatoire : sortir du lot en applicant ma méthode.

 

Pour être tout à fait clair dans notre démonstration, nous nous proposons de prendre l’incipit des « Misérables » de Victor Hugo, écrivain surfait au style plat et soporifique :

 

« En 1815, M. Charles-François-Bienvenu Myriel était évêque de Digne. C’était un vieillard d’environ soixante-quinze ans ; il occupait le siége de Digne depuis 1806.

Quoique ce détail ne touche en aucune manière au fond même de ce que nous avons à raconter, il n’est peut-être pas inutile, ne fût-ce que pour être exact en tout, d’indiquer ici les bruits et les propos qui avaient couru sur son compte au moment où il était arrivé dans le diocèse. Vrai ou faux, ce qu’on dit des hommes tient souvent autant de place dans leur vie et souvent dans leur destinée que ce qu’ils font. M. Myriel était fils d’un conseiller au parlement d’Aix ; noblesse de robe. On contait que son père, le réservant pour hériter de sa charge, l’avait marié de fort bonne heure, à dix-huit ou vingt ans, suivant un usage assez répandu dans les familles parlementaires. Charles Myriel, nonobstant ce mariage, avait, disait-on, beaucoup fait parler de lui. Il était bien fait de sa personne, quoique d’assez petite taille, élégant, gracieux, spirituel ; toute la première partie de sa vie avait été donnée au monde et aux galanteries. »

 

Nous allons à présent transformer cet infâme brouet en phrases modernes et percutantes, grâce au merveilleux outil linguistique que google nous offre gratuitement.

Dans un souci d’efficacité, il est recommandé, pour vos propres textes, de suivre à la lettre la procédure que j’ai appliquée ici et que voici :

traduire le passage en anglais, puis traduire le texte obtenu en allemand, puis le traduire en espagnol pour finalement traduire le résultat obtenu de nouveau en français. Cela apparaît comme un strict minimum pour un effet de modernité conséquent. L’auteur se piquant de modernité extrême, voire d’avant-gardisme, aura tout intérêt à cumuler les traductions successives, passant au gré de sa fantaisie du finnois au hindi, du hindi à l’estonien, etc. Sans oublier in fine de revenir au français, bien sûr.

 

Voici le résultat obtenu, phrase après phrase. La version de Victor Hugoogle est en italique

 

En 1815, M. Charles-François-Bienvenu Myriel était évêque de Digne. C’était un vieillard d’environ soixante-quinze ans ; il occupait le siége de Digne depuis 1806.

 

En 1815, Charles-François-Bienvenu Myriel était évêque de Digne. Il était un homme âgé d'environ soixante-cinq ans, il a occupé le siège de Digne depuis 1806.

 

Quoique ce détail ne touche en aucune manière au fond même de ce que nous avons à raconter, il n’est peut-être pas inutile, ne fût-ce que pour être exact en tout, d’indiquer ici les bruits et les propos qui avaient couru sur son compte au moment où il était arrivé dans le diocèse.

 

Bien que ce détail n'est pas en aucune façon la substance de ce que nous pouvons dire que cela serait utile, ne serait-ce que pour être plus précis dans tout, une référence à des sons et des mots, l'intérêt gagné sur votre compte lorsque vous êtes dans le diocèse.

 

Vrai ou faux, ce qu’on dit des hommes tient souvent autant de place dans leur vie et souvent dans leur destinée que ce qu’ils font.

 

True ou mauvais, ce qui est dit des hommes souvent considérée comme importante dans leur vie et souvent leur sort, comme ils le font.

 

M. Myriel était fils d’un conseiller au parlement d’Aix ; noblesse de robe.

 

M. Myriel était le fils d'un conseiller du Parlement d'Aix, noble toge.

 

On contait que son père, le réservant pour hériter de sa charge, l’avait marié de fort bonne heure, à dix-huit ou vingt ans, suivant un usage assez répandu dans les familles parlementaires.

 

Une histoire de son père, la réserve est d'hériter de son poste, il avait épousé très tôt à dix-huit ou vingt ans, après l'utilisation très répandue dans les familles parlementaires.

 

Charles Myriel, nonobstant ce mariage, avait, disait-on, beaucoup fait parler de lui.

 

Charles Myriel, même le mariage, a dit beaucoup sur elle.

 

 Il était bien fait de sa personne, quoique d’assez petite taille, élégant, gracieux, spirituel ; toute la première partie de sa vie avait été donnée au monde et aux galanteries.

 

C'est à cause de lui, quoique relativement petit, élégant, élégant, spirituel, de la première partie de sa vie a été donnée au monde et d'héroïsme.

 

 

 

Est-il besoin d’en dire davantage ?

Non.

Alors, ami écrivaillon, au travail !


 

Mon nom de moi il est Victor Hugoogle

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G
J'ai grâce à vous enfin l'explication définitive : je fonce sur Google, je vais vendre, VENDRE enfin ma production ! <br /> Merci, docteur Chabossot, et rendez-vous bientôt sur la liste des best sellers définitifs.
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M
Je suis pliée de rire, complètement désopilée aurait traduit google.<br /> <br /> Ah mon Dieu, vous dirais-je merci pour ce moment gracieux Chabossot ?
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L
Comment cela aucun auteur ne vient gratouiller à votre porte?<br /> Je me rappel avoir moi même sollicitée vos lumières et avoir attendue en vain devant la dite porte, trop occuper que vous l'étiez sans doute à boire du café ou a jouer de la lyre dans les champs...<br /> <br /> Vous avez snober mes demandes de critiques et pour me vengée je vais de ce pas obligée vos voisins à troubler votre quiétude méditative en mettant du Sliimy a des heures indues. <br /> A moins que, d'ici là, vous n'aillez décider de m'envoyer au choix un chèque ou une critique : à vous de choisir
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S
J'arrive des impromptus... je me suis arrêtée, intriguée par le titre (le titre ! déjà tout un programme).. N'étant pas certaine du réel jugement porté sur Maupassant (antiphrase ou pas ?)... j'ai quand même poursuivi la lecture... je ne suis pas du tout convaincue de la justesse du propos mais j'ai bien ri... Une fois, je ne sais par quelle manipulation je suis tombée sur une page traduite de quelques uns des mes pauvres petites tentatives poétiques.. et bien croyez le ou pas, c'était absolument une expérience effarante ! d'autant plus que le rythme y était ! si ! si ! quant à la traduction, même pas essayé de voir ce que cela pouvait donner... juste la musique, rien que la musique ... c'était bien voyez-vous ! arf ! arf !
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S
En manque de lectures francaises, je viens sur votre blog, et que vois-je ? Cela ressemble a peu pres a mes tentatives de traductions anglaises au jour le jour. Je dirai que Victor Hugoogle me semble tres familier ! Merci pour ces quelques minutes de rires.
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