apprendre à écrire un roman,tous les trucs pour être édité, en ebook, sur amazon et ailleurs
Voici une photo trouvée sur Facebook, précisément sur la page de Rémy Elkoubi (je le cite, car il s’agit d’un ami d’une amie, que par ailleurs j’aurai bien du mal à identifier si d’aventure je la croisais dans la rue, mais bon… vous connaissez le principe de FB…).
L’image montre l’un de ces petits cartons que l’on voit fleurir de plus en plus sur les étals des librairies branchées et qui, en quelques lignes, exposent l’avis du maître des lieux ou de l’un de ses sbires. En général, vu l’étroitesse de la surface allouée, cela se limite à « Haletant de la première à la dernière ligne. Un fascinant chef-d’œuvre qu’il faut absolument avoir lu » (sous entendu : « si vous ne voulez pas passez pour le dernier des ignares dans le prochain dîner en ville »). Mais là, on a affaire à autre chose. Le libraire n’a pas aimé le recueil de nouvelle de Viviane Forrester, et il l’écrit, en grosses lettres bien rondes, et avec un certain sens de l’humour, il faut le reconnaître.
Évidemment, cette pratique peut interpeller les esprits les plus cartésiens d’entre nous. Que dirait-on en effet d’un boucher qui annoncerait à ses clients : « Ne prenez pas de rumsteck, il est dur comme de la pierre, et pas plus tard que ce matin j’ai vu des asticots en sortir » ? Ou d’un vendeur de chez Darty qui déconseillerait solennellement une télé sous prétexte que ses couleurs bavent et que l’écran fond au bout de trois semaines ? De toute évidence, il s’agit d’un comportement suicidaire et anti commercial, que notre libraire bravache a ici adopté.
Pour ma part, et au-delà du fait qu’il contribue à scier la branche sur laquelle il est assis, je trouve l’attitude de ce libraire parfaitement réjouissante, à l’heure où la promotion à outrance dicte sa loi sur tous les plateaux télé ("le Grand journal"... Aïe aïe aïe...) et dans bien des journaux (le nouvel obs, hou là là !). Le bonhomme n’a pas aimé « Dans la fureur glaciale », il l’écrit, il l’assume, et le plus beau, c’est que ça ne l’empêche pas de vendre le bouquin. Et quand on connaît la politique de diffusion de Gallimard, particulièrement autoritaire (en gros, les librairies n’ont pas vraiment le choix : elles doivent prendre au minimum quelques exemplaires de la production Gallimard qui vient de sortir, si elles veulent continuer à accéder à l’ensemble du catalogue), tout ça ne manque ni de piquant, ni de panache !