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J’ose le dire, j’aime Houellebecq. Je trouve que c’est un auteur important, même dans ses livres en partie ratés comme “La possibilité d’une île”. Cet intérêt n'est pas nouveau, il remonte pour être précis à 1994, date à laquelle j’ai découvert, par hasard, “Extension du domaine de la lutte” premier roman paru chez Maurice Nadeau, éditeur mythique et honteusement sous médiatisé. Le succès qui est venu un peu plus tard, basé en partie sur des malentendus stupides entretenus par les média (les scènes de sexe, les jugements sur l’Islam...) n’ont pas altéré mon jugement, ni en bien ni en mal, et j’ai continué sur ma lancée, à ne m’intéresser qu’au texte proposé. Et j’avoue que j’y ai toujours trouvé quelque chose, duisons un regard porté sur notre société que je ne trouvais pas ailleurs, surtout exprimée de manière aussi singulière, à la fois pleine de désespoir et de drôlerie.
Et puis début septembre est sorti “La carte et le territoire”. L’ensemble de la presse, avec une belle unanimité qu’elle n’avait jusqu’alors jamais connue, se perd en dithyrambes : le roman serait profond, intelligent, audacieux, drôle, bref un chef d’oeuvre absolu qui ne pouvait, cette fois, louper le Goncourt tant convoité depuis des années.
C’est donc avec une certaine fébrilité mêlée tout de même d’appréhension que je me suis jeté sur“La carte et le territoire”.
J’avais raison d’appréhender un peu. Car il s’agit d’un roman moyen, gris, terne, sans véritable ligne directrice, et il faut bien le dire, on s’ennuie donc souvent à la lecture de ces 440 pages, à aucun moment relevées par la vision distanciée, cruelle et drôle à laquelle Houellebecq nous a habitué dans ces précédentes productions. On a comme la désagréable impression qu’il a écrit tout ça en pilotage automatique, offrant ainsi une version délavée de son écriture. D’un point de vue narratif, en outre, il possède un défaut d’importance : le personnage Jed Martins, artiste de son métier, ne possède aucune motivation véritable, et on a la fâcheuse impression que tout lui tombe tout cuit dans le bec. C’est un héros mou qui ne suscite aucune tension, aucune opposition, bref, il est inintéressant, voire parfois antipathique, et il faut attendre la dernière partie du roman pour le voir prendre vie un tantinet, lorsqu’il rencontre un personnage (le flic) qui lui est totalement opposé.
Quant aux moments de rigolade tant vantés par la critique aux anges, j’avoue que je cherche encore… Il ne suffit pas de mettre en scène des personnages publics, comme Beigbeider, Jean Pierre Pernaut (ou Houellebecq en personne) dans des situations plus ou moins grotesques pour amuser le lecteur. C'est même un procédé assez vulgaire et facile, qui de plus n’apporte rien au roman.
Alors forcément on s’interroge sur l’engouement massif de la presse, et c’en est presque comique de parcourir, après lecture du livre, certaines critiques au bord de l’extase (“Houellebecq, un génie”...) parues ici et là, tant le décalage est considérable.
Si vous ne connaissez pas encore Houellebecq (mais est-ce possible d’au moins ne jamais en avoir entendu parler, surtout ces dernières semaines ?) je vous conseillerais plutôt de vous rabattre sur ses titres plus anciens, comme “Rester vivant” (Librio, 2 euros), recueil de textes, et son premier roman “Extension du domaine de la lutte” (J’ai lu, dans les 4 euros), et de réserver “la carte et le territoire” comme cadeau de Noël à votre belle-mère.
A gauche, Michel Houellebecq, habillé en tapis d'éveil