• La révélation Facebook

    Dès le lendemain, le trio du pôle Marketing a déboulé dans mon bureau, encore plus excité que la veille.

    Cette fois, c’est Didier qui a pris la parole. Avant même de commencer à parler, il arborait un sourire de conquérant béat tandis que deux amas d’écume blanches finissaient de sécher à la commissure de ses lèvres.

    - Patron, cette fois c’est la bonne ! On a découvert un truc ÉNORME, vous n’allez pas en revenir.

    - Si vous le dites.

    - Voilà, c’est Sylvie qui nous a apporté l’idée, Jean-Mi et moi, on l’a conceptualisée, enrichie et mise en forme. Bon je précise tout ça pour être sympa avec notre collègue, parce que franchement, l’idée, on aurait pu l’avoir tout seul. Donc, vous savez sans doute que Sylvie a travaillé pour la grande star du showbizness Mickaël Vendetta en tant que community manager FB. Jean Mi et moi, on savait pas ce que c’était, FB. On pensait à une amicale, genre France Bowling, un truc comme ça, et que Mickaël Vendetta était inscrit dedans, qu’il touchait sa bille en bowling, et tout. Et là, Sylvie, elle nous a dit : “Mais non, FB, c’est… Non, vas-y, dis-le toi, Sylvie.

    - Je leur ai dit : “Mais non, FB c’est Facebook, » et alors je…

    - OK, merci Sylvie. Et là, Jean-Mi et moi on s’est regardé, et j’ai vu une étincelle dans son regard, et il m’a dit qu’il avait vu la même dans le mien…. Facebook, patron… Vous réalisez ?

    - Non.

    - Bon, vous parlez anglais, patron ?

    - Par cœur, oui.

    - Donc, suivez-moi bien, on va décomposer le mot. Dans Facebook, il y a face et book, OK ? Bon, si on enlève face, vu qu’on sait pas ce que ça veut dire et qu’on s’en fout, il reste.. il reste quoi ?

    - Book… Si vous pouviez arrêter avec vos devinettes…

    - Book, exact ! Et book, Jean-Mi et moi - Sylvie, je sais pas - on sait ce que ça veut dire : livre ! LIVRE ! C’est là-dessus qu’il faut faire la pub, patron, c’est fait pour, ça s’appelle  LIVRE !

    - Facelivre, corrige Sylvie

    - Sylvie, t’es gentille, tu compliques pas tout, s’il te plaît.

    Sentant la polémique poindre, j’interviens aussitôt :

    - Holà mes amis ! Gardons la tête froide si vous le voulez bien... J’ai bien conscience que cette découverte est susceptible d’apporter gloire et prospérité à l’entreprise Chabossot. À présent, il va falloir m’expliquer comment. Sylvie, vous qui avez une solide connaissance du processus…

    - Oh ! Moi, vous savez, je me contentais de répondre aux fans de Mickael vendetta en faisant le moins de fautes possible.

    - Et il y en avait ?

    - Des fautes ?

    - Non, des fans.

    - Moins que de fautes, pour être honnête.

    - Sylvie, votre franchise vous honore. Mais tout cela ne nous dit pas comment faire pour exploiter ce fabuleux outil de promotion…

    - Attendez, patron, intervient Jean-Michel, vous pensez bien qu’on a étudié le problème sous toutes les coutures. Et donc, si je m’en réfère au compte FB de ma petite nièce Kimberley, il suffit de se prendre en photo en bikini dans sa salle de bain, avec une serviette enroulée autour de la tête.

    - Et ça marche, ça ?

    - Bien sûr que ça marche, elle a 57 amis.

    - Et elle vend des livres votre petite nièce ?

    - Enfin patron, elle sait à peine écrire, elle n’a que 16 ans !

    - Désolé, j’ignorais ce détail. Écoutez, premier point : c’est vous les spécialistes, je m’en remets donc à votre jugement d’expert. Et second point : vous me fatiguez et j’aimerais bien qu’on en finisse.

    - Vous ne le regretterez pas, patron s’exclame Didier enthousiaste, on va organiser un shooting avec la star montante de la photographie de mode, Richie Stewart. Un vieux pote à moi, je l’ai connu à la Stanford Graduate School. Son vrai nom c’est Richard Semard, mais pour le bizness à l’international, les noms anglais y’a pas mieux.

    - Jamais entendu parler.

    La révélation Facebook

     

     

     

     

     

     

     

     

     






    Richie Stewart, photographe montant

     

    - C’est normal, il commence seulement à monter, en fait surtout depuis qu’il est sorti de prison. Une bête histoire de malentendu avec un mannequin, elle a sorti son rouge à lèvres de son sac à main, il a pris ça pour une avance, et badaboum, la bévue, le faux pas, le mauvais geste, vous savez ce que c’est, patron.

    - Non. Il est disponible quand, votre spécimen ?

    - Alors là, c’est quand vous voulez. Disons demain matin, à 10 h, dans votre salle de bain ?

     

    Et ce qui fut dit fut fait.

     

    La révélation Facebook

     

    La suite une autre fois.

    (texte relu et corrigé par Sylvie)

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