•  Il est de bon ton, dans les milieux autorisés (ne me demandez pas lesquels) de se gausser de ce qu'il est convenu d'appeler la "télé réalité", ces émissions plus ou moins tardives qui fleurissent en été sur nos grandes chaînes culturelles comme fleurissent les champignons sur le fumier. Quelques noms jetés en pâture suffiront sans doute à provoquer des spasmes de dégoût à la plupart des gens raffinés qui fréquentent ce blog : "Secret story 2", "Koh-Lantah", "L'île de la tentation".
    Puisque vraisemblablement vous n'avez jamais jeté un œil (Dieu vous en garde !) sur l'une de ces abominations, résumons en quelques mots.

     "Secret story 2" (qui, comme sont nom l'indique astucieusement, est la suite du 1) présente un certain nombre de jeunes gens enfermés dans un endroit qui ressemble furieusement à un magasin Ikéa, la piscine en plus. Chacune de ces personnes dissimule un secret que les autres doivent deviner. Dotées pour la plupart de la puissance de réflexion d'un gnou agonisant, elles rencontrent bien sûr quelques difficultés pour venir à bout de tous ces mystères ("Je ne me lave jamais les dents", "j'ai redoublé 3 fois mon CP", "une fois j'ai oublié de remettre de l'argent dans le parcmètre", etc). Mais en rassemblant leur force de frappe, et en se concentrant très fort, elles finissent généralement par y arriver. Entre-temps, le spectateur ravi aura eu droit à quantité d'échanges verbaux prompts à ravir le plus exigeants des prix Nobel sur des sujets variés : "Pourquoi la vie ?", "Dieu existe-t-il ?" "Qui m'a piqué ma tong ?" ou "John-Georges est-il aussi con qu'il en a l’air ?"
          


    "Koh Lantah" rassemble sur deux îles perdues au milieu d'une mer de carte postale deux équipes qui vont s'affronter pour gagner qui un bol de riz dont on se partagera les grains un à un, qui une carte postale de la progéniture, prétexte à d'impressionnants niagaras lacrymaux. La production a pris soin de faire cohabiter les personnages les plus hétéroclites possible afin qu'ils se bouffent le nez dans des délais très courts. : le chef d'entreprise UMP, le jeune de banlieue, la bimbo girl, la mère au foyer, le retraité de la poste, tout ce joli petit monde passe effectivement son temps à se casser du sucre sur le dos entre deux gastros exotiques, et lorsqu'ils ne sont pas occupés à courir après un volatile non identifié qu'ils dévoreront in fine sans même l'avoir déplumée.



    "L'île de la tentation" est un jeu sado masochiste où des couples décérébrés strictement hétérosexuels s'abandonnent mutuellement sur une île (d'où le titre) peuplées pour les unes de tentateur et pour les autres, de tentatrices (d'où le titre). La principale motivation de ces jeunes gens modernes est de savoir, une bonne fois pour toutes, si leur couple est aussi indestructible qu'ils le prétendent. En général pas plus de 48 heures ne seront nécessaires pour que la réponse tombe, laconique comme une dépêche de l'AFP : non. Pour arriver à ce surprenant résultat, les "tentateurs" des deux sexes ne ménagent pas leurs efforts : corps huilés, danses lascives, regards torrides et dîner romantique aux chandelles propices aux confidences ("Dès que j't'ai vu je me suis dit, celle-là elle est trop bonne, ma parole la vérité !")


    Après ce rapide mais édifiant tour d'horizon, il paraît nécessaire d'apporter une précision destinée aux plus naïfs d'entre vous (s'il en existe) : la télé réalité n'a rien à voir avec la réalité, sauf bien sûr si vous pensez que prendre votre douche avec un cameraman et un preneur du son relève de la plus parfaite banalité. Tout est définitivement écrit par des cohortes de scénariste dont le seul horizon créatif reste la courbe d'audience, puis mixé, malaxé, enjolivé ( mochisé, en l’occurence) grâce à la magie du montage.

     Ceci étant dit, il est temps de s'attaquer au sujet qui a motivé l'écriture de ce billet...

    A suivre (je sais, c'est insoutenable)
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