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Par Aloysius-Chabossot le 12 Janvier 2012 à 16:21
David et Jonathan au temps de leur splendeur: un look décontracté
qui n'oblitère en rienla finesse de l'analyse et le sérieux de la réflexion.Une pensée audacieuse et tendre
Le petit monde de la philosophie est régi par un ensemble de règles strictes auxquelles il est de bon ton d'adhèrer. Par exemple: la pensée d'un philosophe ne doit résulter que de l'activité d'un seul cerveau: la solitude est le lot du penseur.
On comprend pourquoi l'arrivée de David et Jonathan sur la scène médiatique a provoqué un tel électrochoc : non content d'être jeunes, beaux et talentueux, ils étaient aussi deux. Leur pensée s'est ainsi construite à une rapidité sidérante: lorsque David argumentait, Jonathan contre argumentait, les idées novatrices pleuvaient en une affolante cascade lumineuse et un dictaphone n'était pas de trop pour recueillir un tel feu d'artifice créatif.
L' extraordinaire confrontation de ces deux personnalités hors du commun a produit, tels les deux silex que l'homme des cavernes frottaient entre ses deux mains rugueuses, les étincelles d'une pensée novatrice et le feu ainsi allumé éclaire et guide encore, bien qu'ils s'en défendent, les grands esprits de notre époque (Bernard Henri Lévy, Arlette Chabot et, à l'évidence, Jean Marc Morandini).
Un parcours météorite
Ce bouillonnement d'idées est perceptible dès leur premier 45 tours, "Bella vista"; qui sort en 1987. Le ton est immédiatement donné : loin de toute pensée nihiliste qui restreint trop souvent le champ de la réfléxion, David et Jonathan prônent un édonisme sans faille gorgé des rayons langoureux d'une Italie idyllique où les pizzas sont toujours copieuses et le chianti all dente.
Leur message remportent très vite l'adhésion d'une France avide de réfléxion intelligente et de joie de vivre. Fort de leur succès, ils enchaînent dès 1988 avec "Gina", une douce roucoulade que n'aurait pas reniée Nietzche s'il avait écrit des chansons. Cependant dans le concert de louange certaines petites voix discordantes se font entendre: on les accuse en termes à peine voilés de "se répéter", voire de "tirer sur la ficelle d'une formule facile". Mais David et Jonathan s'en moquent: ils ont une oeuvre à construire, et quelques jaloux mal intentionnés n'arriveront pas à les détourner de leur tâche.
Analyse d'un chef-d'oeuvre
1989 sera l'année du triomphe absolu en même temps qu'une réponse cinglante aux détracteurs de tous poils avec ce qui reste leur chef-d'oeuvre absolu mais aussi, hélas, leur testament : "Est-ce que tu viens pour les vacances?"
T'avais les cheveux blonds
Un crocodile sur ton blouson
On s'est connu comme ça
Au soleil, au même endroitEn deux vers admirablement troussés, les deux penseurs nous dépeignent avec une économie de moyen remarquable leur idéal féminin. Usant de l'ellipse avec un talent qui leur est propre, David et Jonathan nous laissent supposer qu'il n'existe pas plus belle fille que celle qui porte négligement posé sur l'épaule un crocodile de 5 métres de long. Il s'agit en réalité de ne pas tomber dans le piège: on parle ici en vérité du petit reptile cousu à même le tissu d'une marque bien connue et qui sert en quelque sorte de signe de ralliement aux personnes ayant un idéal commun de luxe et de beauté.
Les deux derniers vers exposent avec éclat une vérité trop souvent passée sous silence (et source de nombreuses mésententes) : pour faire connaissance, d'un point de vue visuel et ultérieurement charnel, il faut impérativement être au même endroit (et accessoirement au soleil, comme ça on voit mieux à qui on a à faire).
T'avais des yeux d'enfant
Des yeux couleur de l'océan
Moi pour faire le malin
Je chantais en italienIl a été prouvé statistiquement ( séminaire de Boston - 1978 - communication de Whales et Hoggart) que les yeux d'enfants sont à 78,09 %, couleur d'océan. Nos deux amis ne pouvait pas ignorer cette avancée décisive de la recherche. Mais on constate surtout avec quelle humilité il glisse subrepticement l'information dans leur texte. L'observateur sérieux ne s'y trompe pas : sous ces allures faussement frivoles, c'est la marque des grands penseurs qui transparaît avec éclat.
Lorsque l'on connaît leur parfaite maîtrise de l'italien, on ne peut s'empêcher d'esquiiser un sourire à la lecture des deux derniers vers : David et Jonathan n'on rien à apprendre d'un Umberto Ecco et leur modestie se transforme ici en élégante pirouette.
Est-ce que tu viens pour les vacances
Moi je n'ai pas changé d'adresse
Je serai je pense
Un peu en avance
Au rendez-vous de nos promessesTous les ans, nos compères réservent un petit studio sur la côte normande où ils ont leurs habitudes, où ils se sentent bien, comme chez eux. C'est toujours avec bonheur qu'ils retrouvent les croissants au beurre de Madame Dubois, la boulangère, les côtes de porc de Monsieur Bernard, le boucher et le sable fin de cette petite plage dont nous tairons le nom pour préserver leur intimité. Et tout ça pour 525 euros les deux semaines, charges comprises, franchement ça serait dommage de se priver. C'est dans cette petite station balnéaire au doux parfum d'autrefois qu'ils ont rencontrés l'année passée l'Idéal Féminin (celle avec le crocodile sur le blouson) et ils aimeraient bien la revoir, ça se comprend. Ils seront sans doute un peu en avance car leurs vacances commencent la dernière semaine de juin et la saison n'est pas vraiment commencée.
Je reviendrais danser,
Une chanson triste, un slow d'été
Je te tiendrai la main
En rentrant au petit matin
C'que j'ai pensé à toi
Les nuits d'hiver où j'avais froid
J'étais un Goéland
En exil de sentimentsDavid et Jonathan nous décrivent leur vacances de rêve avec la fille au croco : un slow qui dure jusqu'à 5 heures du matin (nous sommes dans le domaine du fantasme, rappelons-le) puis rentrer dans leur studio en tenant la main de l'être sublime - et prendre congé dans la cage d'escalier, car nos deux philosophes, malgré leur apparence d'irrésistible séducteur, sont avant tout des gentleman qui savent se tenir.
Mais bientôt on s'écarte du rêve pour se remémorer de douloureux souvenirs d'hiver : la chaudière en panne, le froid qui pénétre les os, la buée qui sort de la bouche et s'envole au plafond. Au milieu de cette situation désespérée, une image s'impose à l'esprit : celle du goêland en exil de sentiments. Nous avons eu l'occasion, lors du visionnage d'un fort intéressant documentaire du Nationnal Geographic, d'observer un goêland en exil de sentiments. Eh bien, c'est pas joli à voir.
Pour conclure, l'histoire ne dit pas s'ils se la sont faite, la fille au croco. Ou est-ce que David besognait la bougresse tandis que Jonathan, planqué dans l'armoire à linge, n'en perdait pas une miette ?
Incertitude de la philosophie...
"Sont-ce des chemises blanches à rayures noires
ou des chemises noires à rayures blanches ?" semblent-ils nous interpeller.
4 commentaires -
Par Aloysius-Chabossot le 4 Octobre 2011 à 09:55
J’ai décidé d’ouvrir à nouveau ce blog, avec toutefois une différence de taille par rapport à l’ancienne version : il n’y a plus de limites aux sujets traités. Concrètement, cela entraîne deux choses.
1) Le titre de ce blog devient ipso facto en quelque sorte une publicité mensongère.
2) Toutes les personnes qui arrivent sur ce blog en ayant tapé : « écrire un roman » ou « je voudré écrir un roman » ou « commen fèr pour écrir un bon roman » vont être drôlement déçus.Il est vrai que 99% des gens qui viennent ici arrivent avec le fol espoir d’apprendre quelques « trucs » qui feront d’eux de vrais écrivains prêts à pondre chef-d’œuvre sur chef-d’œuvre. Hey oh ! Faut arrêter de rêvasser les gens ! C’est pas ici, ni ailleurs, que vous trouverez la formule magique. Et puis franchement, si vous étiez de la graine d’écrivain, vous seriez en train d’écrire, plutôt que de passer de blog en blog à la recherche d’une recette facile, non ?.
Voilà, maintenant que c’est dit, ce blog peut enfin passer à autre chose, c'est-à-dire à n’importe quoi (ce qui n’exclut pas le monde des livres et la littérature d’ailleurs).
Bon, on va pas se mentir, une autre raison, très terre à terre celle-ci, m’a poussé à reprendre du service : la fréquentation. Ici, c’est 350 visiteurs uniques par jour (349 qui recherchent des « astusse pour ècire un livre »). Sur mes autres blogs, « l’aquoiboniste » et « les années 80 », les bons jours ça culmine à 10. Le calcul est vite fait. Et tant pis si la très grande majorité des visiteurs n’a strictement rien à faire de, au hasard, Véronique et Davina, c’est comme ça !
Alors Ami visiteur, toi qui as fait un si long chemin, fait à ta guise je t’en conjure : reste ici aussi longtemps que tu le voudras ou reprends aussitôt la route. Mais je t’en conjure, viens pas râler dans les commentaires que ce blog c’est vraiment n’importe quoi.
Car C’EST n’importe quoi !
- Zut les filles, comment on va faire pour écrire un bon roman maintenant ?
- C'est vraiment la tuile !
- J'ai une idée : on n'a qu'à aller chez Wrath !
- ...
6 commentaires -
Par Aloysius-Chabossot le 30 Mai 2011 à 09:01
J’ai décidé il y a quelque temps déjà (cela devait être le 24 décembre à minuit, si je me réfère au contenu du dernier post) de laisser ce blog en sommeil, encore qu’il serait peut-être plus juste, en l’occurrence, de parler de coma éthylique.
Cette inactivité flagrante ne l’empêche pas néanmoins d’être régulièrement visité par des hordes de fans extatiques, lesquels parfois laissent un petit mot sympathique dans les commentaires, ce dont je les remercie.
Cette dernière phrase subtilement teintée (courtesy of P. Blondiau) de reconnaissance bourrue ne s’applique bien évidement pas au cas psychiatrique dénommé Nina, qui depuis des années telle une mouette dysentrique et têtue, dépose son petit caca, toujours le même, sur tous les blogs que croise son vol foireux , dont le mien.Les autres donc, continuez à déposer des commentaires si vous avez envie, bien sûr. Si vous n’êtes pas un robot, aussi. Si vous n’êtes pas Nina, surtout. Et si votre prose ne contient pas de liens pointant vers un site vantant une potion miraculeuse pour faire pousser les cheveux ou une autre partie de l’anatomie masculine.
Pour ceux que ça intéresse, vous pouvez me retouver sur le blog de l'aquoibonisme appliqué
12 commentaires -
Par Aloysius-Chabossot le 23 Décembre 2010 à 16:54
Je souhaite aux quelques lecteurs qui ne sont pas tombés sur ce blog suite à une requête google du genre « Lady gaga toute nu com un verre » (si...) ou « secret story jonathan erection » (si, si…), bref, je souhaite à ceux-là un joyeux Noël, accompagné comme il se doit d’une excellente soirée occupée à honorer l’arrivée sur terre du petit Jésus en avalant force dindes aux marrons et bûches de Noël surgrasses (attention toutefois au petit lutin rouge en plastique, d’aucuns auront tâté du service des urgences pour moins que ça).
11 commentaires
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