• Amélie Nothomb : oh oui, fais-moi mal !

    Je n’ai jamais lu un livre d’Amélie Nothomb. Je sais cependant, comme 99% de la population, qu’elle exerce le métier d’écrivain et qu’à chaque rentrée littéraire elle livre à son éditeur, comme une bonne petite ouvrière, un échantillon de sa production auquel elle donne immanquablement un nom bizarre, on ne sait trop pourquoi. Quoi d’autre ?  Elle porte des chapeaux grotesques dont on ignore s’ils servent à dissimuler un crâne trop volumineux, ou s’ils sont simplement énormes juste pour le plaisir. Et pour finir, elle possède un timbre de voix très particulier, ressemblant à s’y méprendre au son de la craie crissant sur le tableau vert d’un instituteur sadique. Il serait donc plus honnête de dire que je ne sais rien d’Amélie Nothomb, et encore moins sur ses bouquins.
    Toutefois j’ai pu récemment constater qu’Amélie dit des choses intelligentes (il est également possible qu’elle en écrive, mais comme dit plus haut, je suis mal placé pour en juger).
    Donc, l’autre jour, elle a dit quelque chose de très intelligent, c’était à la radio, et elle était interviewé par un de ces journalistes dégoulinants d’obséquiosité prêt à se pâmer devant le moindre rot dès lors qu’il est émis par un personnage médiatiquement important. Je ne me souviens plus de la question, mais Amélie s’est attardée sur sa méthode d’écriture. Non pas quelle plume elle utilise, ni sa marque de papier préféré, mais sur sa gestion du temps. Amélie se lève tous les jours à 4h du matin et écrit jusqu’à 8h (du matin). Quatre heures d’écriture, tous les jours de la semaine, qu’il vente ou qu’il pleuve. Et là où ça devient encore plus intéressant, c’est qu’elle avouait que ce rituel l’ennuyait profondément, que bien souvent, pour ne pas dire toujours, elle resterait bien couchée, Amélie, pour finir tranquillement sa nuit et se faire réveiller par le soleil levant et le chant des oiseaux. 
    Bon, ensuite elle racontait que si elle n’écrivait pas tous les jours elle mourrait et patati et patata... disons que c’est sa problématique à elle, son barnum personnel. Mais pour l’ensemble des écrivains en devenir, c'est évidemment une leçon a retenir : même avec du talent, de l’inspiration et tout le reste, vous n’arriverez jamais à rien si vous ne vous imposez pas une discipline, si vous ne devenez pas, comme le disait Amélie Nothomb, votre propre bourreau. En somme, l’écriture n’a rien de “fun”, de jouissif, c’est avant tout une occupation de masochiste. A méditer avant de se lancer !
    signe-amelie-nothomb-L-2
    Amélie Nothomb après une panne de réveil
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  • Commentaires

    1
    Lundi 4 Octobre 2010 à 13:21
    Savina

    Oui, c'est exact.  Ce type de réflexions elle les distille à gauche et à droite dans ses romans.

    Cela me fait penser à plusieurs écrivains qui eux aussi, ont des horaires drastiques pour se consacrer à l'écriture.  Une sorte de rituel auquel ils ne dérogent pas.

    Et tous disent pareil : cette discipline exige une grande part de volonté chez eux, et se mettre à l'ouvrage, de manière obligée et forcée, ne leur plait guère.

    Pourtant ils écrivent.  Ils aiment cela.  Mais ceux-ci ont conscience que seul un travail régulier comme une horloge peut les mener vers une écriture crédible.

    2
    S.
    Lundi 4 Octobre 2010 à 18:12
    S.

    ha, ces artistes...

    Plutôt que de se lever avant les poules pour pondre pendant 4 heures sa prose, pourquoi ne le fait-elle pas 4 heures plus tard? Le principal étant la régularité, non?

    3
    Lundi 4 Octobre 2010 à 20:42
    Alexandre A

    Les écrivains sont des êtres étranges. Ils savent qu'écrire peut être une souffrance et pourtant ils sont chaque jour ponctuels au rendez-vous. C'est juste, il s'agit bien d'une vocation de masochiste. Mais quelle occupation merveilleuse !

    Vous devriez lire Amélie Nothomb. Après quelques réticences j'ai fini par lui reconnaître du talent.

    Alexandre A

    4
    Mercredi 6 Octobre 2010 à 12:30
    Bon Sens

    Ca me fait tout le temps marrer... Ecrire ou mourir... Pauvres écrivains qui régurgitent leur névroses sur la feuille, la crampe au bide et la trachée en feu.

    Vive Jorge Amado !!! Auteur brésilien qui ne pouvait écrire que dans la joie, installé dans la pièce principale de sa maison, où passaient et repassaient femme et enfants sans que cela ne le dérange le moins du monde, au contraire il était nécessaire pour lui d'être au milieu de la vie !

     

    5
    Vendredi 8 Octobre 2010 à 10:58
    Livvy

    C'est loin d'être une généralité, et heureusement !

    Ecrire pour moi est un réel bonheur, même lorsque je n'écris pas sur papier ou sur l'ordinateur, j'écris dans ma tête.

    Cela dit, il faut en effet une certaine discipline, mais je pense que si elle est trop contraignante, le style s'en ressentira.

    6
    Vendredi 15 Octobre 2010 à 14:15
    domi

    au hasard de mes pérégrinations j'ai rencontré votre blog.

    J'avoue que le titre m'a interpelé et que j'ai eu envie de venir, de franchir la porte et de découvrir.

    Je viens de lire deux articles qui m'ont énorméménr plut et cela m'a fait énormément de bien après mon incursion sur l'annuaire des blogs intimistes. Je n'en pouvais plus de moi, moi, moi.... Même si bien souvent mes articles ne parlent que de ça !

    Je ne suis qu'une petite apprentie écrivain et même si je vais bientôt publier mon premier roman chez un éditeur à compte d'auteur. Je sais que cela représente plus pour moi que pour le reste de l'humanité ! Je ne vais pas changer la face du monde ! Et pourtant même à mon niveau, les remarques sont à priori difficiles à encaisser. Il faut dépasser le stade où on défend bec et ongles son bébé avant de revenir et d'accepter.

    je reviendrai continuer ma découverte, il me reste beaucoup à lire.

    Peut être à une prochaine fois chez moi

    7
    Dimanche 17 Octobre 2010 à 14:36
    olivia

    J'ai lu votre article par curiosité, ne pas avoir lu un écrivain mais en parler quand même ça m'a donné envie de voir ce que vous avez de si important à raconter.

    Je fais partis des pro-Amélie Nothomb, j'ai lu tous ses livres et je vous conseil d'en lire au moins un afin de vous en faire une idée. Mercure, Hygiène de l'assassin et Métaphysique des tubes sont vraiment ses meilleures oeuvres d'après moi.

    J'espère qu'on aura réussis à vous donner envie de découvrir le talent de cette écrivaine!

    Bonne lecture, ou pas.

    8
    Jeudi 18 Novembre 2010 à 10:42
    M. Keth

    Artcile intéressant. J'ai lu AN (plusieurs). Pour aller dans le même sens, c'est vrai que cela peut être une torture cette discipline que l'on s'impose, mais si on ne le fait pas "on se sent mal". J'ai hâte cependant d'être atteinte du syndrôme de Stokholm pour enfin apprécier ma souffrance.

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    9
    Lundi 22 Novembre 2010 à 10:54
    Emmanuel

    C'est qu'elle a bon dos, Amélie Nothomb : ça devient presque un sport national de la tourner en dérision. Petite anecdote :

    " - Et tu lis quoi en ce moment ?

      - Amélie Nothomb.

      - A tes souhaits. Et tu lis quoi en ce moment ?"

    C'est le mal.

    10
    Vendredi 10 Décembre 2010 à 20:43
    Alban

    Ca me fait penser à un livre de Steven Pressfield, en anglais The War of Art (et non l'inverse), dans lequel il décrit le combat de tout écrivain ou créatif contre ce qu'il appelle la Résistance, avec un grand R. Une espèce de force qui nous assaille tous, chaque jour, pour nous empêcher de nous y mettre. Amélie Nothomb semble avoir sa manière à elle de vaincre cette Résistance.

    Au passage je conseille à donf le livre de Steven Pressfield, il est super ;)

    11
    Lundi 3 Janvier 2011 à 19:05
    Amoure

    On écrit bien que ce qu'on connait,

    12
    jean-yves
    Jeudi 17 Novembre 2011 à 16:08
    jean-yves

    Bonjour,

    j'ai lu deux ou trois Amélie. Stupeur et tremblements, c'est pas mal, c'est brillant. Je l'ai entendue dire (ou je l'ai lue, je ne sais plus) que quand elle écrit, elle est glacée. Réaction physiologique symptomatique. Ecrire, ça peut effectivement être un calvaire. C'est peut-être la marque des meilleur(e)s ?

    Je suis épaté de voir les fôtes d'ortograff que font certains écrivains amateurs. ça aussi c'est un signe. D'après moi, quelqu'un qui peut espérer faire quelque chose là dedans a forcément une bonne orthographe. Sinon, autant passer ses loisirs à autre chose et soulager les éditeurs de (nombreux) envois de manuscrits.

    Bien à vous.

    13
    Natacha
    Jeudi 17 Novembre 2011 à 16:08
    Natacha

    Je viens de découvrir votre blog, par hasard, alors que je relisais mon dernier manuscrit, nul, que j'ai pourtant osé envoyé à de grands éditeurs parisiens, et alors?, histoire de m'en débarrasser, en attendant que le prochain soit mieux, et v'là-t-y pas que je tombe sur votre blog, et alors?, là je me dis qu'il y a des gens qui écrivent sacrément bien et qu'il faudrait que je sois bien naïve pour imaginer un jour pouvoir être éditée, heureusement il y a le bibliothécaire de mon village qui croit dur comme fer en mes talents, et alors?, attendant désespérément que je lui remette un petit pamphlet ou autre nouvelle excitante qui ferait la joie des abonnés de la bibliothèque, c'est à dire des villageois de mon village, alors oui, je veux bien m'accrocher à cette idée, continuer d'écrire juste pour le plaisir de rendre heureux mon bibliothécaire préféré. What else?     

    14
    cass
    Jeudi 17 Novembre 2011 à 16:08
    cass

    si vous n'avez lu aucun de ses livres, vous la fermez.

    15
    Camcam
    Jeudi 17 Novembre 2011 à 16:08
    Camcam

    Bonjour.

    ce que vous dites sur Amélie Nothomb me sidère, elle porte des chapeaux si elle veut : c'est son style. Moi je suis une grande lectrice de ses oeuvres et je la respecte beaucoup. On a la voix qu'on a, elle peut pas faire autrement. Si écrire la pese tant elle devrait arrêter. Je ne comprends pas qu'elle puisse souffrir d'écrire, moi quand j'écris je respire! Je ne vais pas parler que d'Amélie Nothomb... Et je ne vous écris pas pour vous faire la moral, loin de là. Je vous contact car j'écris des nouvelles, des piece de théâtre et des poème. Je suis sur la voie de l'édition. Mais je n'ai jamais écrit de roman. Je ne sais pas comment on commence, comment on s'y tient, comment on s'y voue. J'aimerai correspondre avec vous si vous avez des conseils à me donner, car je ne les appréhende pas. S'il vous plait répondez moi sur mon adresse mail. Merci

    16
    Viadd
    Jeudi 17 Novembre 2011 à 16:08
    Viadd

     C'est en effet palpitant, et c'est dans Métaphysique des tubes. Citation : « Au commencement il n’y avait rien », Amélie Nothomb, Métaphysique des tubes, p. 7

    17
    Viadd
    Jeudi 17 Novembre 2011 à 16:08
    Viadd

    Vous n'avez pas lu de romans d'Amélie Nothomb ? Pourtant, "Aloysisus Chabossot" semble être un patronyme tout droit sorti de son oeuvre... Vous devriez vous y mettre, je suis sûr que vous l'apprécierez. Commencez par ses livres (quasi-)autobiographiques plutôt que ses romans, ils sont plutôt cocasses. Surtout quand elle raconte la première partie de sa vie, entre 0 et 3 ans. 

    18
    malika
    Jeudi 17 Novembre 2011 à 16:08
    malika

    j'avoue que c'est vrai ce que vous dite là.

    Par contre ce qui est drôle (et qui n'a rien à voir) c'est que vous m'aviez envoyer 3 emails pour me signaler cet article à 00h00, 01h00 et 01h06.

    Etes vous insomniaque mon cher ? XD

     

    PS: le thé au citron est très bénefique pour les insomnies, en tout sur moi ça marche .

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