• Avis sur texte : Dakota - nouvelle

    12 Mars 2008

    La lourde porte type « coffre-fort » s’est refermée dans un bruit sourd, lugubre.
    Je suis resté debout, hébété. J’ai humé l’air vicié. J’ai regardé les murs gris. L e sol gris. Face à moi, une table en béton et sa chaise de plastique. Grises elles aussi !
    Au-dessus, l’unique fenêtre a attiré mon attention.
    Dehors, le ciel est …gris !!
    Il pleut. Il pleut mais c’est à l’intérieur de moi que gronde l’orage. La grêle de la colère martèle mon cerveau. Je réalise alors tout la mesure de mon présent. Le froid de mon futur envahit mon cœur, mon âme, mes os. Je respire mal. Je serre les dents.
    Je me décide enfin et avance d’un pas. Puis d’un autre. Je suis au centre de la pièce. Déjà !
    A ma droite, rivé au sol, une forme étrange et dégoulinante de crasse. Je devine au rouleau de carton vide qui traîne au sol qu’il s’agit d’un wc. Pas d’abattement ni de lunette. Un bouton poussoir sert de chasse d’eau. Tout près, un lavabo ébréché, rivé au mur cette fois. Même état hygiénique ou presque. Même bouton poussoir.
    Je reste là de longues minutes encore. Une heure peut-être. Je ne sais pas. L’odeur pestilentielle des waters me monte à la gorge.
    Mon regard enfin se porte sur ma gauche. Ici, on est comme un caméléon. Pas besoin de tourner la tête pour voir le lit en béton. Gris forcément. Je me dis qu’ils ont dû avoir des promos sur la peinture, mais çà ne me fait pas sourire. Non. Je ne sourie pas. Je serre un peu plus les dents. Elles grincent. Je déglutie avec peine.
    Une couverture trouée, souillée, recouvre le lit de moitié. Kaki !! Elle est kaki !! Ou a dû l’être autrefois…
    Kaki !! Seule tache de couleur dans cet univers de grisaille.
    Seule ? Non…
    Tout au bas du mur, une inscription m’intrigue. Un pas vers elle.
    Elle est rouge !
    Rouge Sang.
    Rouge Colère.
    Rouge Haine…
    Je m’accroupis pour mieux déchiffrer le graffiti.

    « GO FUCK »

    Cette fois, un sourire sarcastique effleure mes lèvres sèches tandis que des larmes incandescentes s’approprient mes yeux fatigués.

    « Trop tard ! C’est déjà fait !! »

    Je ne suis plus André Bauval.
    Je suis le matricule 1463 Z
    Je viens d’en prendre pour 15 ans…


    _ « Qu’est-ce que tu fais ? Est-ce que ça va ? »
    Julien referma prestement le petit carnet aux feuilles jaunies, à l’écriture tremblante, et le glissa dans le tiroir de son bureau.
    -Oui, çà va Chérie. J’arrive dans une minute. »
    Lentement, il quitta le fauteuil de cuir fauve et rejoignit le rez-de-chaussée où de nombreuses personnes, déjà, présentaient leurs condoléances, une tasse de café à la main, louant hypocritement les soi disantes qualités de son frère.
    Son frère retrouvé pendu dans sa cellule le 25 octobre 2023, trois jours auparavant.





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  • Commentaires

    1
    Vendredi 28 Septembre 2007 à 16:10
    Malvina
    J'ai bien aimé la manière dont vous avez décrit la cellule, je m'y voyais presque et ressentais toute la grisaille de la pièce. Le texte est court mais vous avez su mettre en relief le désarroi d'André, le plus triste étant ce suicide l'année de sa sortie ... Au plaisir de vous relire
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