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Une initiative d’utilité publique pour les aspirants à l’édition
Il arrive que l’on croise, au détour d’une quelconque page web, un nom qu’on s’empresse aussitôt d’oublier (notre cerveau ayant des capacités limités). Parfois, ce nom réapparait sans crier gare, une fois, deux fois, dans les semaines ou les mois qui suivent et finit, à force, par impressionner le fameux cerveau aux capacités limitées. C'est précisément ce qu’il s’est passé avec “Apostrophes aux contemporains de ma mort” titre improbable d’un manuscrit écrit par un auteur à la remarquable discrétion, puisqu'il est impossible de l’identifier autrement que par le titre de son blog, Apostrophe (http://apostrophe.bleublog.lematin.ch/).
Sur ledit blog, on peut lire quelques extraits dudit manuscrit,et le moins qu’on puisse dire est qu’ils ne laissent pas indifférent. Pour ma part, je trouve cette écriture à la méticulosité presque maladive plutôt intéressante, même si on imagine sans peine que ce ne soit pas la tasse de thé de l’éditeur lambda. Ayant visiblement évalué ce dernier aspect comme tout a fait secondaire, Apostrophe s’est lancé à corps perdu dans la recherche d’un éditeur, avec un succès qu’on pourra qualifier de relatif.
Il a eu par ailleurs une idée particulièrement intéressante et riche d’enseignement en publiant, sur un blog parallèle (http://refusdediteurs.webs.com/) l’intégralité des lettres de refus opposées à son indéfectible volonté d’édition.
Convaincu de l’intérêt de son texte, Apostrophe n’a pas hésité à ratisser très large : cela va de Xo aux éditions de Minuit, en passant par Acte sud. Au delà de la dimension éducative d’une telle initiative, la démarche s’avère plaisante puisqu’à aucun moment l’auteur ne s’épanche vertement sur le refus des uns et des autres. Pas d’aigreur, pas de rancoeur donc (certain seraient avisés de s’en inspirer...) juste une liste - impressionnante - de “Non !” fermes, définitifs, et pour la plupart, très méchaniques (les fameuse lettres type).
Si vous n’avez encore jamais envoyé de manuscrit à un éditeur, et que vous désirez obtenir un aperçu quasi exhaustif de ce qui vous attend, alors rendez-vous chez “Apostrophe” !
A noter qu’Apostrophe a fini par trouver chaussure à son pied grâce aux éditions Chloé Des Lys (http://www.editionschloedeslys.be/), nous l’en félicitons chaleureusement.
L'attente chez l'éditeur, de Lionel Balestrieri.
(Tableau exposé au salon de la Société des artistres français de 1906.)
Vous vous reconnaissez ?
(illustration provenant du site refus d'éditeurs)
Tags : editeur, d’un, refus, apostrophe, blog
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Commentaires
Bon, j'ai des doutes sur Chloé des Lys, c'est vrai - mais cette "Apostrophe" est absolument réjouissante. Si j'étais éditeur, je n'hésiterais pas.
Chloé des Lys n'a en réalité pas de ligne éditoriale bien définie. Ils tentent surtout de contrecarrer les dérives du compte d'auteur, et, de leur propre aveu, ne veulent que servir de "tremplin". Ils publient dans toutes les directions et leur production est en conséquence très inégale. C'est sympa, mais pas bouleversant.
Intéressant! Mais écrit-on pour être publié? Moi, j'écris par nécessité, on peut dire que c'est impulsif. Et je n'écris pas pour être lu. C'est ensuite que çà vient. Mais un texte écrit ainsi a peu de chances de plaire aux éditeurs qui ont des critères bien à eux. Partager par l'intermédiaire d'internet, par un blog par commodité, offre sans doute un public plus réduit que celui d'un vrai livre, en papier, mais tellement plus grand que le néant du roman que l'on garde caché.
L'auteur a envoyé plus de 100 manuscrits aux maisons d'édition ayant pignon sur rue. Son texte semble respectable. Hors, même pour des auteurs édités, il arrive que le texte ne se vende pas à plus de 150 exemplaires. Je me demande s'il n'eût pas été plus bénéfique pour lui de publier à compte d'auteur. Je pense qu'il a largement atteint le coût relatif à pareille entreprise. Mais peut-être que je me trompe.
7KodamaJeudi 17 Novembre 2011 à 16:08Il est surtout intéressant de constater que je ne connais aucun auteur non publié qui ne me plaise, je dois me résoudre: je suis snob.
8kodamaJeudi 17 Novembre 2011 à 16:08Je viens, suite à votre article, de me précipiter sur le blog d'Apostrophe (voyez comme je vénère votre opinion!) et je suis assez déçue par le premier texte que j'ai lu.
Rédactionnellement parlant, c'est "20/20", comme pourrait certainement noter une prof de français qui aurait donné l'indication: "Racontez un souvenir d'enfance lié à un son", mais littérairement parlant, je trouve ça ennuyeux (n'ayons pas peur: chiant) et ça ne m'a pas captivée pour un sou. Mon cerveau se met au bout de trois ligne à scander "et blablabli et blablabla", ce qui n'est pas très gentil de sa part, mais après tout, ce que n'est qu'un morceau de viande, certe élaboré, mais bon.
9JohanJeudi 17 Novembre 2011 à 16:08Pour commencer, une question : de quand date ce texte ? J’ai toujours entendu les sirènes mugir le mercredi (non le jeudi).
A la première lecture, ça m’a rappelé les « nouveaux romans » (même s’ils commencent à dater) ou ces textes pseudo philosophiques à l’écriture sibylline qui après déchiffrage nous apprennent que « C’est en forgeant que l’on devient forgeron », l’art de sortir des banalités avec des mots compliqués.
Ensuite, je me suis amusé de ces tournures et de ces néologismes à la frontière entre génie poétique et barbarisme incongru. Amusé de redécouvrir le subjonctif imparfait que je n’utilisais plus que pour jouer au Scrabble, éliminant mes adversaires d’un « tuasses » assassin.
Enfin, bravo à l’auteur. Certains passages m’ont vraiment ému. Il a mis des mots sur ce que j’ai ressenti, sans pouvoir l’exprimer, en regardant mourir ma tante. Oui, bravo à lui.
Et bien sûr, quand je vois tous ces refus, je pense à moi, à moi et à mes polars au style scénaristique (que je vais sûrement réécrire pour la 52ème fois avant les inévitables refus).
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euh... Chloé des Lys... ahem... comment le dire gentiment ? Ben oui, autant se taire.