• En règle générale, Stéphane Guillon ne me fait pas trop rire. En tout et pour tout, il a dû m’arracher quelques sourires lorsque je tombais sur sa chronique matinale à France Inter. Mais bon, lorsqu’en juin il s'est fait virer de cette même station, j’ai trouvé comme beaucoup que le pouvoir (ou tout au moins la direction de France Inter) abusait un peu.

    Mais lorsque j’ai appris que Guillon écrivait un livre sur ses déboires avec la station, j’ai réalisé qu’en définitive, tout cela répondait à une logique parfaitement huilée...

    Pour comprendre le processus, il est nécessaire de remonter deux millénaires en arrière. Souvenez-vous : Jésus, la trentaine, est à la tête d’une petite secte prometteuse mais encore marginale. Toutefois les romains, qui comme chacun le sait n’aiment rien moins que les troubles à l’ordre public, veulent s'en débarrasser car les prêches du leader fichent la pagaille sur les marchés. Ca tombe bien, un associé de Jésus, un type louche répondant au nom de Judas, vend son patron aux romains pour une poignée d’euros. Jésus est aussitôt arrêté, puis cloué à une croix sur laquelle il meurt dans d’atroces souffrances (ce qui ne l’empêchera pas de revenir quelques jours plus tard à la grande stupéfaction de tous). Bref...

    Imaginons à présent que les Romains, au lieu de le supprimer,  aient laissé tranquillement notre ami Jésus donner toutes les conférences qu’il voulait, tout en permettant à qui le désirait  d’adhérer à la secte...  Eh bien c'est très simple : aujourd’hui, pas de croix dans les églises, ni autour du cou, pas d’évangiles avec une fin dotée d’un suspense à couper le souffle, pas de “Passion” de Mel Gibson...  En somme, pas de religion, seulement une secte qui aurait tant bien que mal survécu jusqu’à notre époque et qui serait peut-être, ironie du sort, épinglée par la commission parlementaire chargée d’étudier les dérives sectaires en France. En résumé, si la religion catholique a pu s’imposer de par le monde, c’est paradoxalement grâce à ceux qui la combattaient, les romains. Sans eux, la religion catholique vidée de ses symboles et de sa dramaturgie n’aurait jamais existé*.

    Bon. Quel rapport avec Stéphane Guillon ?

    J’y viens.

    Stéphane Guillon s'est toujours positionné comme un humoriste provocateur, irrévérencieux, iconoclaste. Ce positionnement, lourdement souligné, demontré, illustré  à chaque intervention de sa part, télévisuelle ou radiophonique, tout le monde l’avait effectivement bien assimilé.  Alors bien sûr, de temps à autre, quelques dents grinçaient, des menaces à son encontre étaient proférées, mais ça n’allait guère plus loin. Il manquait donc quelque chose à Stéphane Guillon pour que son statut d’humoriste-provocateur-irrévérencieux-iconoclaste soit définitivement légitimé et installé pour les siècles des siècles.

    Et ce quelque chose, France Inter lui a offert sur un plateau en le foutant à la porte.

    Oui mais bon... quel rapport avec Jésus ?

    Je récapitule sous forme d’équation simple pour les esprits un peu lents :

    Jésus = Guillon

    Les Romains = la direction de France Inter

    Maintenant, reste à savoir si les petits malheurs de Stéphane Guillon narré dans son prochain livre (On ma demandé de vous virer! Editions Stock, dispo en novembre)  auront autant de succès que les Evangiles (éditions diverses, dispo depuis un certain temps dans toutes les églises).

     *Cette idée n'est évidemment pas de moi. Elle a été développée par le grand écrivain argentin JL Borgès, dans sa nouvelle Trois versions de Judas. “Borges présente trois hypothèses sur la véritable nature de l'apôtre délateur. Dans la première, Judas reflète Jésus et consent à faire un sacrifice équivalent à celui de la divinité qui en s'incarnant passa de l'éternité à la mort. Dans la seconde Judas est victime d'un "ascétisme hyperbolique et même illimité" qui lui fit se juger indigne d'être bon et renoncer au royaume des cieux. Dans la troisième, Dieu pour nous sauver s'est fait totalement homme, "mais homme jusqu'à l'infamie", et s'incarna non en Jésus mais en Judas”. (http://www.davidcollin.net/textengros.php?ID=47).



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    Philippe Val est mon Judas à moi




    EDIT du 9/08 : J'apprends que Didier Porte écrit un livre sur le même sujet. C'eût été dommage de s'en priver, en effet. Mais attention au schisme ! Mauvais pour une religion débutante !


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  • Ne dites pas le contraire : beaucoup d’entre vous rêvent de devenir le prochain Rimbaud. D’abord parce que ce type avait la classe et puis aussi, il faut bien le dire, écrire des poèmes ça prend quand même moins la tête que de pondre un roman.

    Seul souci : personne n’édite de poésie. Le prochain Arthur est-il donc condamné à se morfondre au fond de son trou, ignoré de tous ?
    Que nenni ! Car il existe une solution récemment testée avec un indéniable succès par Jonathan C. Hirschberg. Rappel des faits : Jonathan est un brillant jeune homme ayant participé à l’émission “Secret story”, troisième édition, sous le sobriquet/diminutif de Jon (rappelons que son secret était : « J’ai un QI supérieur à la moyenne », mais il n’était pas précisé s’il s’agissait d’une moyenne générale ou de celle des candidats).

     L’exposition médiatique qui en a découlé a permis à notre ami de bénéficier d’une reconnaissance non négligeable auprès d’un public friand de belles-lettres et de vers raffinés. Aussi, une fois retourné à la vie civile, après avoir échoué en finale (un poète ne peut être un winner), Jon a immédiatement contacté “son” éditeur (édition La Bruyère, exclusivement du compte d’auteur), et fort de son prestige nouvellement acquis, lui a suggéré de publier au plus vite son recueil de poèmes. Mais laissons la parole à Jon : "Cela faisait quatre ans que mon éditeur les avait dans ses tiroirs. On a trouvé que c'était le moment opportun pour les éditer”. Le moment opportun, c'est le moins qu’on puisse dire. Curieux tout de même de la part de La Bruyère, puisque pour un éditeur à compte d’auteur, c’est TOUJOURS le moment opportun pour publier, dès lors que le gogo écrivain finance l’opération.
    Mais passons : le livre sort enfin, et nous ne résistons pas à l’envie de reproduire ici “la présentation de l’éditeur”, agrémenté, cela va de soi, de quelques commentaires:

    Poèmes à coeur ouvert
    (c'est le titre, il est tout simplement magnifique, simple et poignant, j’avais une voisine en CE2 qui avait marqué la même chose sur la page de garde de son cahier Barbie.)
    Littérature, Ecriture, Poèmes, voici la vraie passion de l’auteur : le jeu des mots, le « Je » des maux (Waow ! J’espère que vous situez le niveau, là ?), les souvenirs d’un vécu (oui, parce que les souvenirs tout court, ça faisait un peu sec), les émotions du temps révolu (je sens les larmes monter), des vers dédiés à nous tous, inconnus (ce qui offre un lectorat potentiel plus que convenable, vous en conviendrez).
    Avec ce premier recueil de poèmes, l’auteur ne cherche qu’une « chose », émouvoir (première chose), intriguer (deuxième chose), partager son amour (troisième chose), comme si nous étions l’un de ses proches. (Et devenir l’un des proches de Jon, n’est-ce pas un peu le rêve de nous tous, inconnus ?)
    Avec un style habile, l’auteur nous atteint en plein cœur. (Pour écrire des poèmes, ça peut être effectivement utile de posséder un style habile. Baudelaire avait un style habile, Verlaine aussi, mais ils ne nous atteignaient certainement pas en plein coeur, comme Jon).
    En lisant ce recueil, le temps file (en faisant la vaisselle aussi, notez bien), les émotions s’installent et nous aident à réfléchir pour apprécier le Mieux et annihiler le Pire (Mon Dieu ! Des émotions qui, en s’installant, m’aideraient non seulement à apprécier le Mieux, mais en plus, tenez-vous bien, à annihiler le Pire (avec majuscule). Mais ce bouquin devrait être remboursé par la Sécu !)

    Si vous êtes normalement constitué, c’est-à-dire doté d’un coeur qui bat, d’une âme sensible et accessoirement d’une carte bleue dont la date d’expiration n’est pas encore atteinte, vous devez déjà être occupé, en ce moment même,  à commander l’ouvrage sur le site des éditions La Bruyère (qui, dixit sa présentation “tout au long de ces 31 années d’expérience ont pu acquérir et renforcer leur savoir-faire en matière d’exigence éditoriale”).

    Si vous êtes un sans-coeur, un cynique, et que vous pensez qu’il s’agit d’une vulgaire opération commerciale, lisez plutôt la déclaration de Jon, parue dans le journal Public du 30 avril 2010 :
    "Je sais que certains vont me critiquer, mais l'écriture c'est ma passion. Ces poèmes, je les ai écrits entre 15 et 18 ans. C'était une façon de décharger mes émotions à un moment".

    Alors, les sans-coeurs ? On doute encore de la sincérité de Jon ?

    Et il ajoute : “Mais sur la couverture, je n'ai pas signé Jon de Secret Story. Avec ou sans l'émission, j'aurais de toute façon publié ce recueil".

    Ah ! Vous voyez bien que ce n’est pas une minable opération commerciale ! (Même si c’était quand même “le moment opportun pour les publier”, voir plus haut).

    Toujours pas convaincu ?
    Vous me forcez à utiliser les grands moyens : la grosse Bertha, que di-je, la Bombe H.
    Apprêtez-vous donc à apprécier le Mieux et à annihiler le Pire : voici deux extraits qui, comme dirait le poète, vont vous mettre sur le cul.

    L’espérance
    Où l’on apprend, au milieu de rîmes riches comme s’il en pleuvait, que le mot « espérance » est le vrai pouvoir.

    C’est le mot évident qui nous permet de croire
    C’est grâce ainsi à lui que nous voulons y voir
    Sans en avoir conscience, c’est lui le vrai pouvoir
    Et durant ton absence, je survis dans l’espoir

    La folie raisonnable

    (« Tu écriras un court poème en t’appuyant sur la définition du dictionnaire d’un mot que tu auras choisi » Test de niveau – CM2)

     Quand on parle Folie, c’est en terme incompris,
    Puisque définition de cette interjection
    Est donnée par la France, et son Académie
    Comme une « iniquité »... « Passagère de l’esprit ».


    Alors ? Pas sûr que le pire soit annihilé, mais on a bien rigolé, non ?

     

    jon-tout-nu

    Durant "Secret Story" Jon était contraint de dissimuler sa sensibilité à fleur de peau sous une apparence frivole.


    Aujourd'hui, il peut enfin dévoiler sa véritable nature au grand jour :

    jon

    Serait-ce un gendarme et son fidèle gilet pare-balles occupé à verbaliser un couple de naturistes contrevenants sur une plage de Bretagne nord (les inconscients) ? Mais non, c’est Jon le poète qui cherche l’inspiration !



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  • Une nouvelle qui va réjouir les amateurs de littérature exigeante et novatrice : les mémoires de Victoria Silvstedt seront sur tous les étals des bons libraires pour la rentrée de septembre.

    Pour ceux qui vivraient éloignés de la sphère intellectuelle parisienne, ou plus simplement qui n’auraient pas la télé, rappelons que cette digne descendante d’August Stindberg présente chaque soir en compagnie du nouveau philosophe Christophe de Chavannes « La roue de la fortune », jeu conceptuel aux forts relents métaphysiques. Disons pour être plus précis que Victoria, juchée sur des talons himalayens, découvre des lettres inscrites sur de gros cubes qu’on imagine en plastique, en faisant pivoter sur leur axe lesdits cubes d’une main experte et gracile. Accessoirement, elle découvre ses dents lorsque Christophe Dechavannes lit une des blagues inscrites sur ses fiches en bristol. On comprend dès lors que Victoria a des milliers de choses à raconter, et qu’un fort volume de mémoire ne sera pas de trop pour exposer toutes les fulgurances qui traversent sa cervelle lorsqu’elle arpente l’estrade de TF1. Toutefois, Victoria refuse que la lecture de son livre ne soit réservée qu’à une petite élite germanopratine habituée au maniement des concepts les plus ardus. Elle confie à l’hebdomadaire Téléstar : "Il s'agira d'un mélange d'autobiographie et de conseils pour les filles, pour qu'elles réussissent à s'affirmer, à y aller en force". Il faut donc s’attendre très bientôt à ce qu’une cohorte de winneuses nourrie aux recommandations de Victoria envahisse toutes les sphères de la vie publique et privée.
    Fidèle à une réputation solidement établie de journalisme d’investigation sans concession, « Téléstar » a cherché à dévoiler le « background » littéraire de l’écrivaine bonnasse , qui répond, fine mouche : « Je suis nulle en littérature. La lecture, très peu pour moi ! D’ailleurs, je lis rarement ». Promesse d’un style plein de fraîcheur, bien éloigné des phrases méandreuses et rances auxquelles nous ont trop habitués les écrivains installés ! Néanmoins, n’allez pas imaginer que Victoria se désintéresse totalement de la grande littérature contemporaine. La preuve : ces jours-ci, un grand projet lui tient particulièrement à cœur : « Là, je vais m'attaquer à mon premier livre en français : c'est "Parkeromane" de Eric Naulleau. (...) J'aime bien parce que c'est facile à lire et c'est écrit en gros ».
    Mais revenons à ce qui nous intéresse tous au premier chef : la bio de Vivi. Titre pressenti : « Victoria’s secret ». Toutefois, si le fabricant de slip à trou-trou cherchait à lui mettre des bâtons dans les roues, rapport à l’image de marque, notre grande cheminée blonde a d’ores et déjà prévu la parade avec un titre de rechange : « Dans la tête de Victoria ».
    Franchement, difficile de résister à un programme aussi prometteur.
    Sinon, Victoria, d’autres projets d’écriture ?
    « Oui, un livre d’entretiens croisés avec Alain Badiou, ou Mickael Vendetta, je ne sais pas encore ».

     PS : les citations sont véridiques, sauf une.

     

     

    victoria tf1
    "Saperlipopette ! Serait-ce donc cela qu’on appelle un livre ?"

     

     

     

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  • On trouve sur le site de la revue SOLARIS un texte très intéressant signé par Yves Ménard, directeur littéraire de cette revue entre 1994 et 2001. Naturellement, il s'adresse aux personnes qui veulent avant tout écrire du fantastique et de la science fiction, d'où certains chapitres très connotés, comme par exemple "le syndrome de Startrek". Toutefois, les deux tiers restent tout à fait passionnants pour quiconque veut écrire, tout court.

    Car s'il y a bien une chose que les auteurs de SF ne peuvent pas se permettre, c'est l'approximation : il faut que ça fonctionne, à tous les niveaux : histoires, dialogues, personnages... Sinon le lecteur (particulièrement exigeant dans ces domaines) le fait savoir haut et fort. Pour un peu, les écrivains "classiques" passeraient pour d'inoffensifs bricoleurs !

     

     

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    C'est autre chose que Christine Angot !

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