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Par Aloysius-Chabossot le 4 Octobre 2010 à 00:47Je n’ai jamais lu un livre d’Amélie Nothomb. Je sais cependant, comme 99% de la population, qu’elle exerce le métier d’écrivain et qu’à chaque rentrée littéraire elle livre à son éditeur, comme une bonne petite ouvrière, un échantillon de sa production auquel elle donne immanquablement un nom bizarre, on ne sait trop pourquoi. Quoi d’autre ? Elle porte des chapeaux grotesques dont on ignore s’ils servent à dissimuler un crâne trop volumineux, ou s’ils sont simplement énormes juste pour le plaisir. Et pour finir, elle possède un timbre de voix très particulier, ressemblant à s’y méprendre au son de la craie crissant sur le tableau vert d’un instituteur sadique. Il serait donc plus honnête de dire que je ne sais rien d’Amélie Nothomb, et encore moins sur ses bouquins.Toutefois j’ai pu récemment constater qu’Amélie dit des choses intelligentes (il est également possible qu’elle en écrive, mais comme dit plus haut, je suis mal placé pour en juger).Donc, l’autre jour, elle a dit quelque chose de très intelligent, c’était à la radio, et elle était interviewé par un de ces journalistes dégoulinants d’obséquiosité prêt à se pâmer devant le moindre rot dès lors qu’il est émis par un personnage médiatiquement important. Je ne me souviens plus de la question, mais Amélie s’est attardée sur sa méthode d’écriture. Non pas quelle plume elle utilise, ni sa marque de papier préféré, mais sur sa gestion du temps. Amélie se lève tous les jours à 4h du matin et écrit jusqu’à 8h (du matin). Quatre heures d’écriture, tous les jours de la semaine, qu’il vente ou qu’il pleuve. Et là où ça devient encore plus intéressant, c’est qu’elle avouait que ce rituel l’ennuyait profondément, que bien souvent, pour ne pas dire toujours, elle resterait bien couchée, Amélie, pour finir tranquillement sa nuit et se faire réveiller par le soleil levant et le chant des oiseaux.Bon, ensuite elle racontait que si elle n’écrivait pas tous les jours elle mourrait et patati et patata... disons que c’est sa problématique à elle, son barnum personnel. Mais pour l’ensemble des écrivains en devenir, c'est évidemment une leçon a retenir : même avec du talent, de l’inspiration et tout le reste, vous n’arriverez jamais à rien si vous ne vous imposez pas une discipline, si vous ne devenez pas, comme le disait Amélie Nothomb, votre propre bourreau. En somme, l’écriture n’a rien de “fun”, de jouissif, c’est avant tout une occupation de masochiste. A méditer avant de se lancer !Amélie Nothomb après une panne de réveil
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Par Aloysius-Chabossot le 29 Septembre 2010 à 10:20
Suite au précédent billet, j’ai voulu en savoir plus sur l’auteur d’ « Apostrophe aux contemporains de ma mort ». J’ai lui ai donc envoyé un mail, auquel il a répondu :
Monsieur,
Vous avez jugé digne d'intérêt de rendre compte, sur votre blog, de mon texte “Apostrophe aux contemporains de ma mort”, ainsi que de l'impressionnante collection de lettres de refus que les éditeurs lui ont opposé.
Tout n'a pas été aussi négatif qu'il semble à cette lecture : un petit éditeur de Lyon m'a fait signer, en 2008, un contrat, mais n'a jamais édité, paralysant ainsi pendant deux ans mon droit d'aliéner ; les “Éditions du bord de l'eau”, dans le Sud-Ouest de la France n'ont pas accepté le manuscrit, mais en ont fait l'éloge sur leur blog ; deux éditeurs (Portaparole à Rome et un petit éditeur français dont j'ai oublié le nom) m'on téléphoné pour me dire qu'incapables de rentabiliser une œuvre d'imagination signée par un inconnu ils ne pouvaient éditer le manuscrit, tout en en faisant un éloge dithyrambique avec moult références au texte. La directrice des éditions Portaparole m'a même demandé un exemplaire du livre lorsqu'il paraîtrait ! Toutes circonstances où la sincérité de l'opinion favorable est hors de doute, et qui m'ont encouragé.
À qui sait lire votre critique, il apparaît que l'éloge l'emporte substantiellement sur les réserves, ce qui m'ôte l'envie d'apporter une contradiction ; en vérité, la critique que j'attends avec une certaine impatience n'est pas une critique sur la forme, mais sur le fond du propos, et c'est là le point le plus important de ma réponse. Mais il est trop tôt : ce ne sont pas les courts passages mis sur mon blog qui permettent de traiter le sujet.
Ce qui m'inquiète beaucoup, pour l'heure, ce sont des critiques du genre de celle-ci, insérée en commentaire par un lecteur de votre blog :
« Ensuite, je me suis amusé de ces tournures et de ces néologismes à la frontière entre génie poétique et barbarisme incongru, etc. »
Or, s'agissant de la forme de la langue, j'ai trois principes (Je vais perdre des lecteurs !) :
1° Il y a, dans notre civilisation européenne, quatre grande périodes littéraires (appelées siècles pour les honorer) : le siècle de Périclès, le siècle d'Auguste, le siècle de Léon X et le siècle de Louis XIV. Nous avons la chance, parlant français, de posséder encore les ressources linguistiques d'un de ces grands moments : il faut s'y tenir. Cela ne veut évidemment pas dire qu'il faut reproduire à l'identique la langue de l'époque. Faisons d'un arbre une allégorie : il faut avoir la culture nécessaire pour distinguer le tronc qui doit traverser le temps, et les feuilles qui tombent légitimement à chaque saison.
2° Mon deuxième principe consacre « cette belle différence qu'il y a entre les personnes et les mots, qui est que quand une personne est accusée et que l'on doute de son innocence, on doit aller à l'absolution, mais quand on doute de la bonté d'un mot, il faut au contraire le condamner et se porter à la rigueur. » (Vaugelas.)
3° Quant à mon troisième, je me permets de l'énoncer, cum grano salis, au moyen d'une pique décochée par Paul-Louis Courier à un correspondant qui prétendait lui en remontrer : « Les gens qui savent le grec sont cinq ou six en Europe ; ceux qui savent le français sont en bien plus petit nombre encore. »
Bref, si l'on trouve des néologismes et des barbarisme incongrus, qu'on me les montre : je m'empresserai de les faire corriger.
Cordialement,
Maginhard (c’est son pseudo) nous fournit par ailleurs quelques éléments biographiques tirés de la 4e de couverture de son livre :
« Suisse d'ascendance vaudoise, l'auteur a passé sa jeunesse à Paris. Les activités professionnelles qu'il a été contraint d'exercer ne l'ont pas intéressé. Sans pousser le paradoxe au point d'affirmer, avec Gustave Flaubert, que « la vie n'est tolérable qu'à la condition de n'y jamais être », il est incessamment porté à s'écarter de la carrière pour monter sur les surplombs d'où l'esprit a le loisir d'embrasser les lointains. »
Quand je ne sais pas comment illustrer un article
je mets un canard
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Par Aloysius-Chabossot le 21 Septembre 2010 à 14:50
J’ose le dire, j’aime Houellebecq. Je trouve que c’est un auteur important, même dans ses livres en partie ratés comme “La possibilité d’une île”. Cet intérêt n'est pas nouveau, il remonte pour être précis à 1994, date à laquelle j’ai découvert, par hasard, “Extension du domaine de la lutte” premier roman paru chez Maurice Nadeau, éditeur mythique et honteusement sous médiatisé. Le succès qui est venu un peu plus tard, basé en partie sur des malentendus stupides entretenus par les média (les scènes de sexe, les jugements sur l’Islam...) n’ont pas altéré mon jugement, ni en bien ni en mal, et j’ai continué sur ma lancée, à ne m’intéresser qu’au texte proposé. Et j’avoue que j’y ai toujours trouvé quelque chose, duisons un regard porté sur notre société que je ne trouvais pas ailleurs, surtout exprimée de manière aussi singulière, à la fois pleine de désespoir et de drôlerie.
Et puis début septembre est sorti “La carte et le territoire”. L’ensemble de la presse, avec une belle unanimité qu’elle n’avait jusqu’alors jamais connue, se perd en dithyrambes : le roman serait profond, intelligent, audacieux, drôle, bref un chef d’oeuvre absolu qui ne pouvait, cette fois, louper le Goncourt tant convoité depuis des années.
C’est donc avec une certaine fébrilité mêlée tout de même d’appréhension que je me suis jeté sur“La carte et le territoire”.
J’avais raison d’appréhender un peu. Car il s’agit d’un roman moyen, gris, terne, sans véritable ligne directrice, et il faut bien le dire, on s’ennuie donc souvent à la lecture de ces 440 pages, à aucun moment relevées par la vision distanciée, cruelle et drôle à laquelle Houellebecq nous a habitué dans ces précédentes productions. On a comme la désagréable impression qu’il a écrit tout ça en pilotage automatique, offrant ainsi une version délavée de son écriture. D’un point de vue narratif, en outre, il possède un défaut d’importance : le personnage Jed Martins, artiste de son métier, ne possède aucune motivation véritable, et on a la fâcheuse impression que tout lui tombe tout cuit dans le bec. C’est un héros mou qui ne suscite aucune tension, aucune opposition, bref, il est inintéressant, voire parfois antipathique, et il faut attendre la dernière partie du roman pour le voir prendre vie un tantinet, lorsqu’il rencontre un personnage (le flic) qui lui est totalement opposé.
Quant aux moments de rigolade tant vantés par la critique aux anges, j’avoue que je cherche encore… Il ne suffit pas de mettre en scène des personnages publics, comme Beigbeider, Jean Pierre Pernaut (ou Houellebecq en personne) dans des situations plus ou moins grotesques pour amuser le lecteur. C'est même un procédé assez vulgaire et facile, qui de plus n’apporte rien au roman.
Alors forcément on s’interroge sur l’engouement massif de la presse, et c’en est presque comique de parcourir, après lecture du livre, certaines critiques au bord de l’extase (“Houellebecq, un génie”...) parues ici et là, tant le décalage est considérable.
Si vous ne connaissez pas encore Houellebecq (mais est-ce possible d’au moins ne jamais en avoir entendu parler, surtout ces dernières semaines ?) je vous conseillerais plutôt de vous rabattre sur ses titres plus anciens, comme “Rester vivant” (Librio, 2 euros), recueil de textes, et son premier roman “Extension du domaine de la lutte” (J’ai lu, dans les 4 euros), et de réserver “la carte et le territoire” comme cadeau de Noël à votre belle-mère.
A gauche, Michel Houellebecq, habillé en tapis d'éveil
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Par Aloysius-Chabossot le 20 Septembre 2010 à 15:33
Il arrive que l’on croise, au détour d’une quelconque page web, un nom qu’on s’empresse aussitôt d’oublier (notre cerveau ayant des capacités limités). Parfois, ce nom réapparait sans crier gare, une fois, deux fois, dans les semaines ou les mois qui suivent et finit, à force, par impressionner le fameux cerveau aux capacités limitées. C'est précisément ce qu’il s’est passé avec “Apostrophes aux contemporains de ma mort” titre improbable d’un manuscrit écrit par un auteur à la remarquable discrétion, puisqu'il est impossible de l’identifier autrement que par le titre de son blog, Apostrophe (http://apostrophe.bleublog.lematin.ch/).
Sur ledit blog, on peut lire quelques extraits dudit manuscrit,et le moins qu’on puisse dire est qu’ils ne laissent pas indifférent. Pour ma part, je trouve cette écriture à la méticulosité presque maladive plutôt intéressante, même si on imagine sans peine que ce ne soit pas la tasse de thé de l’éditeur lambda. Ayant visiblement évalué ce dernier aspect comme tout a fait secondaire, Apostrophe s’est lancé à corps perdu dans la recherche d’un éditeur, avec un succès qu’on pourra qualifier de relatif.
Il a eu par ailleurs une idée particulièrement intéressante et riche d’enseignement en publiant, sur un blog parallèle (http://refusdediteurs.webs.com/) l’intégralité des lettres de refus opposées à son indéfectible volonté d’édition.
Convaincu de l’intérêt de son texte, Apostrophe n’a pas hésité à ratisser très large : cela va de Xo aux éditions de Minuit, en passant par Acte sud. Au delà de la dimension éducative d’une telle initiative, la démarche s’avère plaisante puisqu’à aucun moment l’auteur ne s’épanche vertement sur le refus des uns et des autres. Pas d’aigreur, pas de rancoeur donc (certain seraient avisés de s’en inspirer...) juste une liste - impressionnante - de “Non !” fermes, définitifs, et pour la plupart, très méchaniques (les fameuse lettres type).
Si vous n’avez encore jamais envoyé de manuscrit à un éditeur, et que vous désirez obtenir un aperçu quasi exhaustif de ce qui vous attend, alors rendez-vous chez “Apostrophe” !
A noter qu’Apostrophe a fini par trouver chaussure à son pied grâce aux éditions Chloé Des Lys (http://www.editionschloedeslys.be/), nous l’en félicitons chaleureusement.
L'attente chez l'éditeur, de Lionel Balestrieri.
(Tableau exposé au salon de la Société des artistres français de 1906.)
Vous vous reconnaissez ?
(illustration provenant du site refus d'éditeurs)
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