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OUI, "ENFIN" ! J'adore cette tournure propre aux publicitaires de tout poil, et qui suggère la fin d'une insupportable attente chez le consommateur frustré depuis trop longtemps. Sauf que, on va pas se mentir, il y a autant d'excitation et d'impatience dans l'air que lors d'un discours de Jean Marc Ayrault au banquet des retraités de la ville de Nantes.
"Enfin", malgré tout, car après quelques années d'errances au sein d'une maison d'édition numérique, "Fallait pas l'inviter !" retourne dans le giron de la maison Chabossot, entièrement corrigé et toiletté, et proposé à un prix des plus modiques.
Pour vous donner une idée de la chose, voici le résumé :
"Agathe, jeune trentenaire au caractère bien trempé, célibataire (apparemment) assumée, en a plus qu’assez des allusions de ses parents sur son statut de supposée “vieille fille”. Lors d’une grande réunion familiale en vue de préparer le mariage de son frère Philippe, quand la sempiternelle question tombe une nouvelle fois : “Viendras-tu accompagnée ?” la réponse fuse comme une balle : oui, elle sera accompagnée ! De son fiancé, Bertrand, jeune publicitaire en vogue doté de toutes les qualités du monde !
Seul problème : pour le moment, le beau Bertrand n’existe que dans son imagination. Il va donc falloir lui donner vie, et par tous les moyens ! Défi relevé aussitôt par une Agathe déterminée, qui n’a que quelques jours devant elle pour que la réalité colle à la fiction. Dès lors, elle va se retrouver emportée dans une folle histoire aux répercussions aussi insoupçonnables qu’imprévisibles. Pour le meilleur… et pour le pire !"C’est de la chick-lit, ok, mais avec une héroïne revêche et pugnace, une catcheuse de la vie sévèrement burnée (néanmoins tout à fait séduisante, cela va de soi) !
Si cela vous tente, il suffit de cliquer sur la couverture ci-dessous pour passer à l'acte compulsif d'achat ! (Sinon, c’est pas grave, je vous aime quand même et, quoiqu'il arrive, dépose sur votre front altier un gros bisou baveux).
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Ne reculant devant aucun sacrifice, la maison Chabossot a décidé d’offrir à ses fidèles lecteurs (oui, c’est à toi que je parle, Jean-Patrick) le fac-similé d'un document extrêmement rare (et intéressant) reprenant l'intégralité des articles d'un blog aujourd'hui moribond : le Philotrope - Encyclopédie du savoir universel sur tout. Ces textes ont une valeur historique inestimable, puisqu'ils remontent pour certains d'entre eux à 2007, juste avant les élections présidentielles qui ont vu la victoire de qui vous avez. Avec la clairvoyance qu'on lui connait, le Philotrope s'était d'ailleurs puissamment positionné en faveur du futur élu, dans l'article resté fameux "Pourquoi Nicolas Sarkozy doit être notre nouveau président pour la France" et qui a, toute modestie mise à part, lourdement pesé dans la balance.
Vous y trouverez par ailleurs nombres d'articles glosant sur divers sujets, regroupés sous trois thématiques principales :
_ Politique
- Culture
- Société - art de vivre.
Le tout, bien évidemment, richement illustré.
Voilà, pour profiter de cet inestimable présent, il suffit de cliquer ICI
, et d'attendre que les 20 Mo de données soient enfin rapatriés sur votre ustensile informatique.
PS : toutes les fautes d'orthographe présentes dans le document sont certifiées d'époque.
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Camarades, on ne va pas se voiler la face plus longtemps : l'entreprise Chabossot est au plus bas. La courbe des ventes ressemble à la toundra sibérienne après le passage d'une cohorte de rouleaux compresseurs, le carnet de commande est envahit de toiles d'araignées, et le petit personnel aux abois redoute un plan de licenciement massif. Autant dire que dans les locaux, l'ambiance n’est pas à la rigolade autour de la machine à café.
Comment expliquer une telle désaffection du public pour les produits Chabossot ? La réponse tient en deux points : concurrence acharnée et marketing défaillant. Mais tout d'abord, deux mots d'histoire. A l'époque où l'entreprise fut fondée par Anastase Chabossot, le paysage de l'édition française ressemblait à (voir au dessus l'image de la Toundra sibérienne et des rouleaux compresseurs). Quelques "maisons" plus ou moins dynamiques se partageaient mollement le gâteau à petits coup précautionneux de pelle à tarte émoussée. Chacun son domaine, et les moutons seraient bien gardés. Pour sa part, Anastase, homme sévère et peu porté sur la gaudriole, avait choisi de se spécialiser dans la production d'histoire édifiantes à base de veuves éplorées, d'orphelins en guenilles mais méritants, et de sémillants capitaines d'industrie pétris de valeurs humanistes puisées dans la lecture assidue des Quatre Évangiles et du Capital. C'était ce que l'on n'avait pas encore coutume d'appeler "un marché de niche". Mais la niche s'avérait assez vaste pour assurer à mon aïeul un train de vie confortable -bain de mer en été, chalet suisse en hiver- et à ses employés quelques morceaux de pain et un bout de couenne pour passer l'hiver. Il faut dire qu'à cette époque, le lecteur, naïf et inculte, n'était pas bien difficile à contenter.
Depuis, les choses ont bien changé. J'ai revendu le chalet il y a fort longtemps, et je me dois me contenter, en guise de bain, de la piscine municipale pourvoyeuse de verrues plantaires. La faute à qui ? A la concurrence, bien sûr ! (ceux qui ont répondu "au manque d'hygiène corporelle des baigneurs" ne suivent pas). Une concurrence féroce, impitoyable et grouillante, menée tambour battant par une horde sans cesse grandissante d'auto-auteurs qui auto-écrivent sans relâche et s'auto-édite tout pareil. Car aujourd'hui, tout le monde est auteur, tout le monde a des histoires géniales à raconter, tout le monde écrit comme Voltaire, voire comme Zadig & Voltaire. Et depuis qu'amazon a officiellement abaissé le nombre réglementaire de pages d'un roman à 40, plus personne ne se prive. C’est à chaque minute un torrent, que dis-je, un fleuve de nouvelles publications qui viennent submerger les rives virtuelles du marchand en ligne.
Et s'il n'y avait que la quantité, encore. Mais non, la qualité est également au rendez-vous : imagination luxuriante, couvertures chamarrées, récits haletants. Il semblerait bien que l'auteur auto-édité soit à l'auteur traditionnel ce que le piranha est à la sardine : une version un tantinet plus agressive.
Comment lutter face au maelstrom fictionnel
de Kitty Clarkson, par exemple ?Comment faire alors pour rester à la surface de ces flots tumultueux et incertains ? La réponse tient en un mot : marketing.
A l'évocation de ce simple mot nous vient immédiatement à l'esprit des images de jeunes gens encravatés discutant part de marchés et stratégie push-pull autour d'un power-point lardés d'animations rigolotes tout en sirotant des latte de chez starbuck.Dans la maison Chabossot, le service marketing ne correspond pas vraiment à cette image d'Epinal.
Mais je vous en parlerai une prochaine fois.
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- En 2030, les gens accepteront de lire un livre uniquement si l'auteur accepte de lire le leur.
- En 2030, si tu n'as pas écrit un livre à 12 ans, tu auras raté ta vie.
- En 2030, les intitulés des comptes Facebook commenceront tous par "auteur".
- En 2030, les héritiers de Gallimard feront la manche dans le métro.
- En 2030, on ne fabriquera plus que des armoires à trois pieds, pour que les stocks de livre papier trouvent leur utilité.
- En 2030, le prix Goncourt sera attribué à une histoire de tricératops lubrique.
- En 2030, tous les maquettistes auront été jetés en prison et remplacés par le générateur de couvertures d'amazon.
- En 2030, on ne coupera plus d'arbres pour fabriquer des livres, mais on les brûlera pour alimenter les centrales électriques qui alimentent les liseuses.
- En 2030, les romans compteront en moyenne 14 pages.
- En 2030, l'Académie Balzac aura remplacé l'Académie Française.
- En 2030, il y aura des ebooks qui expliquent comment écrire un ebook qui explique comment faire fortune en écrivant un ebook.
- En 2030, tout le monde s'auto éditera, et s'en trouvera très auto satisfait.
- En 2030, il n'y aura plus de carte de visite. On s'échangera nos ebooks autoédités.
- En 2030, les simples lecteurs seront considérés comme des déficients mentaux.
- En 2030, les conversations autour de la machine à café seront édités, et les droits d'auteurs partagés au prorata du temps de paroles.
- En 2030, Dieu auto publiera la Bible, pour enfin toucher les droits d'auteur.
- En 2030, les tweets de Nabila feront l'objet d'une auto édition en Pléiade.
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